le Lundi 16 septembre 2024
le Vendredi 7 avril 2023 9:36 Éducation

Classes à niveaux multiples : Un curriculum à revoir pour les biens des élèves et des enseignants·es

Louise Bourgeois lors de la présentation de sa recherche aux Journée sciences et savoirs de l’ACFAS-Sudbury.  — Photo : Julien Cayouette
Louise Bourgeois lors de la présentation de sa recherche aux Journée sciences et savoirs de l’ACFAS-Sudbury.
Photo : Julien Cayouette
Grand Sudbury — Les classes à niveaux multiples sont incontournables en Ontario — surtout dans les écoles de langue française —, mais le système d’éducation ne s’est pas adapté à leurs besoins. Elles doublent la tâche des enseignants·es qui se retrouvent à la tête de ces classes et l’effet sur l’apprentissage des élèves est pour l’instant inconnu.
Classes à niveaux multiples : Un curriculum à revoir pour les biens des élèves et des enseignants·es
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La professeure spécialisée en éducation à l’Université Laurentienne, Louise Bourgeois, tire ses conclusions après une recension des écrits sur le sujet. Recherche qu’elle a présentée lors de la Journée sciences et savoir de l’ACFAS-Nouvel-Ontario, le 31 mars.

Les règles ontariennes sur le nombre d’élèves par classe.

Photo : Julien Cayouette

Elle a confirmé que les classes multiniveaux existent partout dans le monde, mais qu’elles ont fait l’objet de très peu de recherches. Rien au cours des 10 dernières années. Pourtant, elles ont des impacts qui pourraient être mesurables.

En Ontario, les règles concernant le nombre d’élèves par classe forcent la création de ces classes. Puisqu’il peut y avoir seulement qu’un peu plus de 20 élèves par classe (les cycles ont des nombres différents), si 32 élèves de deuxième année et 34 de troisième année sont inscrits dans une école, la création d’une classe de 2e-3e année devient nécessaire.

Pourtant, «les enseignants vous diront qu’ils préfèreraient avoir une classe de 30 élèves plutôt qu’une classe à deux niveaux», confie la chercheuse au Voyageur.

Impacts sur les enseignats·es

La recherche de Mme Bourgeois lui a permis de confirmer plusieurs choses. Premièrement, que la tâche pour les enseignants est lourde, puisqu’ils doivent enseigner deux curriculum différents en même temps. 

Après une recherche faite par le ministère de l’Éducation de l’Ontario entre 2000 et 2010, on a suggéré d’enseigner les parties similaires en grands groupes et les parties spécifiques aux élèves du niveau approprié. Mais ce n’est pas toujours facile ou possible. C’est le cas des classes de 3e-4e année entre autres, où seulement les élèves de 4e année commencent leurs cours d’anglais. 

Trop peu de données sur la réussite

Louise Bourgeois a trouvé une recherche faite dans les années 1990 sur la réussite scolaire des élèves des classes à niveaux multiples. Malheureusement, les données ce celle-ci ne sont pas considérées comme fiables. 

Plus de recherches nécessaires

Il ne faut pas imaginer que ces classes vont disparaitre. «Il y a très peu de choses qu’on peut faire. Nous avons les mains liées par le financement.» La première recommandation de Mme Bourgeois est de faire plus de recherches sur le sujet.

La première étape serait de mesurer s’il y a vraiment un impact sur la réussite scolaire ou non. «En Ontario, nous avons des tests provinciaux. On pourrait facilement faire certaines comparaisons», avance Mme Bourgeois. Mais il faudrait tenir compte des méthodes de sélection des élèves de ces classes. «Ce ne serait pas facile. Il faudrait avoir un groupe contrôle.» 

«Il faut s’éloigner du “qu’est-ce qu’on enseigne” — c’est ça le curriculum — et d’éviter de prescrire à ce point-là. Je ne dis pas qu’il faut retourner comme c’était avant où c’était trop peu prescriptif, mais d’avoir un certain niveau sans qu’on soit obligé de faire le résumé en 6e année parce que le test provincial s’en vient.»

Plus de détails sur cette recherche sont disponibles dans l’édition du 5 avril du journal Le Voyageur. Pour ne rien manquer, vous pouvez vous abonner ici.