La murale est de grande dimension et couvre trois feuilles de contreplaqué.
«Ce projet a impliqué les écoles, le foyer d’âge d’or et tous les francophones de la région. C’est toute la communauté qui a participé», explique Nicole Labonté, membre de l’UCFO de New Liskeard depuis 46 ans.
«On a réalisé la murale en 2021, mais ça faisait bien sept ans que la collecte de bouchons en plastique avait commencé.»
L’inspiration était venue d’une murale constituée de bouchons en plastique, exposée au théâtre du Rift de Ville-Marie.
Pour celle de New Liskeard, environ 10 000 bouchons ont été collectés grâce à une campagne de recyclage, mais seulement 5000 bouchons ont été utilisés pour monter la murale.
«On le sait parce que c’est le montant de visses qu’on a utilisées», ajoute Denise Joyal, présidente de l’UCFO de New Liskeard.
La réalisation de la murale a nécessité une semaine de travail à une vingtaine de membres de l’UCFO. Il a fallu trier les bouchons selon les grosseurs et selon les couleurs. Une tâche qui semble être ardue, mais les femmes, qui n’en étaient pas à leur premier projet en équipe, y avaient mis de l’humour pour surmonter le défi.

Des membres de l’UCFO New Liskeard
Le processus
Après la collecte, une certaine urgence pour entamer la murale s’était installée, comme il commençait à y avoir un problème d’entreposage avec tous les sacs de bouchons entassés. «On ne savait plus où les mettre», raconte Nicole Labonté.
Certaines personnes se montraient même perplexes face à cette activité de recyclage : «Mais qu’est-ce que vous allez faire avec tout ça?!».
Pour lancer le chantier, c’est Denise Joyal qui a proposé le thème et le design des trois panneaux de la murale qui représentent les éléments suivants : le feu, l’eau et la terre.
Pour ce qui est de la murale centrale, les participantes ont ajouté le triangle, symbole de la Sainte Trinité pour les catholiques.
«Tout le monde était motivé et était vraiment investi personnellement dans la réussite du projet. Après l’avoir terminé, la première fois que j’ai jeté un bouchon, je me suis senti coupable. Je me disais : le beau bouchon, on aurait pu le placer ici ou là!».
«C’était des heures et des heures de travail, de jasette et de fierté. C’est parce qu’il y a eu de la complicité amicale qu’on a eu le courage d’entreprendre les trois panneaux de huit pieds de haut», lance fièrement Nicole Labonté.

Nicole Labonté et Denise Joyal.
Aux origines
Qui sont ces femmes qui se sont lancées dans la réalisation de la murale? L’UCFO a débuté en 1966 avec le nom de Cercle des fermières (le groupe Saint-Michel de New Liskeard). Il est intéressant de consulter les archives et de constater que dans la liste des premières femmes à former le Cercle, elles portent toutes le nom de leur mari : Madame Gilles Pleau, Madame Adrien Perron… Mais les temps ont changé!
La mission première de ce cercle était l’épanouissement des femmes par la socialisation, l’éducation et les activités de créativité. C’était aussi une occasion pour elles de se regrouper à l’extérieur du foyer. «Une place pour nous autres!».
En 1970, le regroupement devient l’Union culturelle des Franco-ontariennes (UCFO) et il est formé de femmes de New Liskeard, d’Haileybury et de Belle Vallée.
Aujourd’hui, elles sont 26 membres et il y a de la relève. Les activités principales sont le tissage, le tricot, le crochet et autres travaux d’aiguille. Elles suivent aussi des ateliers au Centre d’éducation des adultes de New Liskeard sur des sujets comme les finances personnelles et les procurations.
Les femmes partagent un atelier où se trouvent les métiers et les fournitures nécessaires à leurs activités. Elles s’y rendent régulièrement, mais la réunion formelle a lieu une fois par mois. Et une fois par an, se tiennent une réunion régionale et une Assemblée générale annuelle.
Durant la rencontre mensuelle, une des membres fait le bilan des réalisations. «C’est une occasion de partage de connaissances et d’habiletés. C’est aussi le temps pour jaser et avoir du fun», dit Denise Joyal.

La clôture de fleurs tricotées.
Engagement communautaire
La créativité tient une place de choix à l’UCFO de New Liskeard. Mais l’engagement communautaire est tout aussi important et centré sur la vie des francophones. Cela va de la fabrication et l’envoi de 600 chapelets dans différents pays à la confection de grandes quantités de biscuits pour le Village Noël Témiskaming ou la préparation des repas après les funérailles. «On est partenaires avec l’ACFO Témiskaming et le Centre culturel Artem», confirme Denise Joyal.
«On pense tout le temps à de bonnes actions», dit Nicole Labonté. Comme les fleurs tricotées qui couvrent la clôture de l’autre côté de la rue de l’église Sacré-Coeur. Comme les bonnets pour nouveau-nés ou les centaines de fanions pour décorer l’aréna lors du Festival des Folies FrancoFun ou la confection de coussins en forme de cœur pour les patients du service de cardiologie de l’Hôpital Horizon Santé Nord de Sudbury. «Les gens qui reçoivent ces cœurs sont émus de se faire offrir un coussin fait à la main par une inconnue.»
Et «ce sont des heures et des heures de plaisir» pour Denise Joyal.
«C’est le travail d’équipe, la fierté de l’effort commun et la coopération. C’est aussi un moment de joie et de connivence à travers des projets. Une forme de célébration de notre humanité. C’est le fun», ajoute Nicole Labonté.
De plus, «tout est cent pour cent en français à l’UCFO de New Liskeard. C’est en français que ça se passe », insiste Denise Joyal.
«Deux valeurs à retenir : le français et la camaraderie », conclut, de son côté, Nicole Labonté.