le Mercredi 23 avril 2025
le Mercredi 12 mars 2025 9:00 Arts et culture

La place grandissante des francophones dans la scène littéraire sudburoise

De gauche à droite : Lindsay Mayhew, Connor Lafortune, Alexia Cousineau et Grant Neegan. — Photo : Lydia Diboune
De gauche à droite : Lindsay Mayhew, Connor Lafortune, Alexia Cousineau et Grant Neegan.
Photo : Lydia Diboune
Une quarantaine de personnes se sont réunies , le dimanche 9 mars, au Sudbury Indie Cinema, pour une soirée exceptionnelle : Save the Word. Il s’agit d’une levée de fonds visant à soutenir le festival littéraire Wordstock Sudbury, qui aura lieu durant la première semaine du mois de novembre 2025.
La place grandissante des francophones dans la scène littéraire sudburoise
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Dans une ambiance chaleureuse et engagée, l’événement de ce dimanche a mis en avant des artistes locaux et réaffirmé l’importance de la littérature et la poésie dans la communauté.

Le Wordstock Sudbury Literary Festival est une célébration des arts littéraires qui s’étend sur trois jours. Depuis sa création en 2013, il met en lumière des auteurs, poètes, artistes, musiciens et auteurs-compositeurs canadiens de renom. Il encourage la réflexion critique, favorise les discussions et valorise diverses perspectives à travers un prisme littéraire.

La soirée a accueilli plusieurs artistes, dont Alexia Cousineau et Connor Lafortune, figures montantes de la scène poétique francophone à Sudbury. Les deux jeunes poètes, soutenus par leurs ami.e.s se sont imposés à leur façon pour donner à l’évènement toute sa dimension francophone. 

Alexia Cousineau, fervente défenseure de la poésie en français, a présenté un répertoire bilingue. «Je veux multiplier les événements communautaires dédiés à la poésie et les rendre accessibles à tous», confie-t-elle. 

Son engagement vise à renforcer la présence de la langue française dans le domaine de la poésie et de la littérature à Sudbury. Elle estime que la poésie francophone doit continuer à s’affirmer dans un milieu où l’anglais prédomine : «Il y a un désir de poésie en français, mais il faut des espaces et des initiatives pour la faire vivre.»

Connor Lafortune.

Photo : Lydia Diboune

Réflexion sur le rapport à la langue la 

L’artiste a notamment récité son poème Doucement, un texte explorant le féminisme et la place du français dans un environnement largement anglophone. «J’ai réalisé cette année que j’écrivais majoritairement en anglais, et cela m’a poussée à réfléchir sur mon rapport à la langue», ajoute-t-elle. Pour elle, écrire en français est une manière de revendiquer son identité et d’inspirer d’autres artistes francophones à Sudbury.

De son côté, Connor Lafortune partage une expérience similaire : «J’ai commencé à écrire en français, ma langue maternelle, mais ma communauté autochtone étant très anglophone, j’ai progressivement mêlé les deux langues dans mes créations.» Pour lui, chaque langue offre une perspective unique : «J’écris de la musique en français et de la poésie en anglais, parce que je pense que les sujets pour moi sont vus de différentes langues.»

Connor Lafortune souligne l’importance des initiatives comme Save the Word pour encourager l’émergence de nouveaux talents francophones. «Il y a un public qui veut entendre de la poésie en français, mais les occasions restent rares. Voir une scène bilingue s’épanouir à Sudbury est une avancée majeure», explique l’artiste. 

Il ajoute que la réaction du public est essentielle : «Quand on entend les gens réagir positivement à un poème en français, cela prouve que notre langue a toute sa place ici. C’est encourageant et motivant pour continuer à écrire.»

Grant Neegan en train de peindre.

Photo : Lydia Diboune

Un dialogue entre les langues et les cultures 

L’organisateur de la soirée, Baline Thornton, a expliqué l’importance d’un tel événement : «La scène évolue lentement, mais elle gagne en visibilité et en force.» 

Il souligne que cette première édition de Save the Word a réuni 11 artistes, confirmant l’engouement croissant pour la littérature et la poésie dans la région. Le public a pu apprécier des performances variées allant de la poésie slam aux lectures de textes engagés, créant un véritable dialogue entre les langues et les cultures.

Une scène poétique en pleine essor

Le succès de cette levée de fonds témoigne de la dynamique littéraire florissante à Sudbury. «La poésie francophone ici commence à grandir et à trouver sa place», souligne Connor Lafortune. 

Alexia Cousineau explique que, bien qu’il soit important de trouver un équilibre, il est essentiel d’être compris sans exclure. Elle ajoute : «le mélange des langues rend l’expérience unique et accessible à tous.»

Avec un public fidèle et des artistes engagés, le festival Wordstock Sudbury continue d’être un moteur culturel pour la communauté littéraire du Nord de l’Ontario. En plus d’assurer la pérennité du festival, Save the Word a affirmé la place grandissante de la littérature francophone dans un paysage culturel encore largement anglophone.