Fierté Sudbury Pride a acquiescé à la demande de Black Lives Matter Sudbury (BLMS) par solidarité. Dans une déclaration publiée le 30 juin, BLMS rappelle que les mouvements de la fierté 2ELGBTQ+ et le leur sont nés en grande partie en opposition à la répression policière.
BLMS déclare avoir été «incroyablement déçu d’apprendre que Fierté Sudbury Pride était en contact étroit avec le Service de police du Grand Sudbury et que la police allait être engagée dans la marche et d’autres évènements». BLMS s’oppose à la présence policière et a demandé leur retrait des évènements.
Dans sa réponse, Fierté Sudbury Pride s’est excusé. Ils ont tout d’abord tenté de recruter des agents de sécurité indépendants, mais un règlement municipal exige une présence policière pour rediriger la circulation routière lorsque les rues sont utilisées. La décision d’annuler la marche était la seule option restante.
Même problème, autres solutions
D’autres organismes qui organisent des marches de la fierté dans le Nord de l’Ontario ont un dilemme similaire, mais les solutions sont différentes pour chacun. Par ailleurs, le règlement qui exige une présence policière lors de marches publiques existe dans d’autres villes également.
Dans le cas de la première marche de la fierté de Nipissing Ouest qui a eu lieu le 10 juin, ils n’avaient pas le choix d’avoir une présence policière, puisque le député fédéral de Nickel Belt, Marc Serré, y a participé. «C’était un peu hors de notre contrôle de ce côté-là», explique la présidence de Fierté Nipissing Ouest, Michel Gervais. Par contre, cet appui politique est également important.

La première parade de la Fierté à Nipissing Ouest le 10 juin 2023.
Néanmoins, Michel Gervais dit que dans les plus petites communautés, où les gens ont plus de chance de connaitre des membres de la force policière, la dynamique est différente. «D’un autre côté, je comprends pourquoi Black Lives Matter Sudbury et Fierté Sudbury Pride ont pris cette décision. Plusieurs personnes de ces communautés ne se sentent pas protégées par la force policière.»
Il note que même si les relations peuvent être cordiales, l’histoire fait que les personnes queers restent toujours méfiantes.
Du côté de North Bay, la direction des communications de Fierté North Bay Pride, Jason Maclennan, rapporte que les relations sont très respectueuses. «Le chef de police de North Bay est particulièrement bon pour partager de l’information, apprendre et entrainer son personnel pour qu’ils ne ciblent pas systématiquement des gens de notre communauté.»
Par exemple, en 2021, North Bay a été le premier service de police de l’Amérique du Nord à adhérer à la campagne I=I (U=U en anglais) pour les personnes vivant avec le VIH.
«Cependant, ça ne veut pas dire que tout est parfait, poursuit Jason Maclennan. Il y a eu des incidents où la communauté trans s’est sentie ciblée par la police ou a eu une mauvaise expérience.» Pour cette raison, il comprend également bien le choix fait à Sudbury.
«À l’intérieur de nos espaces, je crois qu’il faut être plus créatif avec l’appui de la communauté. C’est ici que les alliés jouent un rôle clé, parce qu’ils créent une barrière», précise Jason Maclennan.
Sécurité essentielle
Avec la montée des discours haineux et des actions contre les communautés marginalisées, la présence d’une force de sécurité est devenue nécessaire lors d’évènements publics, concèdent les personnes à qui nous avons parlé.
Michel Gervais est heureux que ceux qui s’occupaient de la sécurité pendant leur parade n’aient pas eu à intervenir pour une raison ou une autre. Fierté Nipissing Ouest compte continuer à embaucher des agents de sécurité privés.
À North Bay, la police s’occupe seulement de la circulation et de la sécurité routière autour de la marche. «Notre assurance l’exige ainsi que la Ville», note M. Maclennan.
Aussi bien à North Bay qu’à Sturgeon Falls, la police ne participe pas dans la parade, ce qui permet de créer un écart entre eux et les participants. La question ne s’est jamais même posée à North Bay. Dès la première marche en 2017, le service policier a indiqué qu’ils ne participaient pas.
Fierté North Bay expérimente aussi avec des agents de sécurité indépendants afin que les participants n’aient pas à interagir avec la police tout en ayant un interlocuteur de confiance. «C’est en évolution», dit M. Maclennan.
La triste réalité, ajoute-t-il, c’est qu’un certain niveau de présence policière est nécessaire.
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Une opposition qui prend racine dans l’histoire
BLMS rappelle que les raids policiers du Stonewall Inn en 1969 et des descentes similaires dans des bains publics de Toronto en 1981 ont été des évènements qui ont lancé le mouvement de résistance de la communauté LGBTQ.
Pour les noirs, les autochtones et les membres des communautés 2ELGBTQ+, la police est davantage une figure d’oppression, plutôt que de sécurité. Pour les membres des communautés ethniques qui s’identifient aussi comme 2ELGBTQ+, la police représente un double traumatisme.
«La marche de la fierté devrait être menée par et pour les communautés 2ELGBTQ+», soutient BLMS.
BLMS n’a pas rapporté de cas précis d’oppression de la part du Service policier de Sudbury, mais Le Voyageur a déjà rapporté leurs existences.
La demande de BLMS n’est pas la première du genre. De plus en plus de groupes demandent que les forces policières ne soient pas admises aux marches et parades du genre. Dans sa lettre, BLMS fournit des exemples pour l’Australie, les États-Unis et Toronto.