le Mercredi 23 avril 2025
le Mercredi 29 novembre 2023 11:20 Éditorial

Stratégie à retravailler pour la Laurentienne

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Éditorial — L'Université Laurentienne a encore du travail à faire pour inclure correctement la francophonie dans leur son plan stratégique.
Stratégie à retravailler pour la Laurentienne
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L’Université Laurentienne a amorcé une réflexion qui devrait mener à un plan stratégique pour les années 2024-2029. Pour ce faire, elle a embauché la firme de consultation Strategy Corp afin de préparer ce qu’elle appelle un «Landscape Report». Autrement dit, un rapport sur la situation actuelle de l’université, ses forces, ses faiblesses, son rôle dans le Nord de l’Ontario, comment elle est perçue par ceux et celles qui y travaillent ou qui y étudient…

Ça s’appelle «Landscape Report» parce que ça n’existe qu’en anglais. L’université explique que ce n’est qu’un document de travail pour préparer l’éventuel plan stratégique. Justement, pour inclure la francophonie dans leur plan, ils ont encore beaucoup de travail à faire.

Depuis plusieurs semaines, l’université tient des rencontres avec son personnel et ses étudiants pour évaluer le rapport. L’institution affirme que les participants peuvent offrir leurs critiques, commentaires et suggestions en français ou en anglais. Voilà bien l’essence du bilinguisme dans cette université : on fait tout en anglais, mais vous pouvez parler français et on vous comprendra peut-être. Voilà pourquoi les Franco-Ontariens et Franco-Ontariennes ne veulent plus de ce bilinguisme de façade.

Mais revenons à nos moutons : le rapport. Il fait 58 pages et on y mentionne le caractère triculturel — anglais, français, autochtone — de l’université comme étant un atout. Bon, l’anglais on comprend, le rapport a été préparé par des Anglais, pour des Anglais.

Quant au français, il n’est mentionné que quelques fois. Par exemple, dans la section sur le Nord de l’Ontario, on lit qu’il y a plusieurs francophones dans le Nord et à Sudbury. Mais pas grand-chose sur leur rôle à l’université ou le rôle de l’Université face à cette minorité. Quant au bilinguisme, il est mentionné trois fois, dont deux qui affirment que c’est un obstacle au recrutement de professeurs qualifiés. 

Ce qui est cependant intéressant, c’est l’accent que les auteurs mettent sur les autochtones. Presque chaque section du document y fait référence et le mot «autochtone» apparait à presque toutes les pages. On comprend bien sûr cette emphase. Les Canadiens se sont engagés envers la vérité et la réconciliation avec les peuples autochtones colonisés. Cet engagement est tout à notre honneur et doit être poursuivi, par la Laurentienne et par tout le monde. Mais disons que les gouvernements ont mis ce mot à la mode en l’accompagnant de signes de piastres. Espérons que ce ne soit pas la seule motivation de l’université.

Ce qui ressort d’ailleurs de cette étude, c’est le fait qu’il n’y a pas consensus au sein de l’université sur ce que veut dire un mandat bilingue et triculturel. 

À la fin du rapport, les rédacteurs donnent quelques pistes de réflexion à l’université. Ils recommandent qu’elle augmente son offre de programmes en français et en études autochtones. Et ils proposent certaines pistes d’études prometteuses : le secteur minier, les sciences de la santé, les solutions environnementales, l’administration des sports, les études autochtones. 

Ce sont toutes des pistes prometteuses pour la Laurentienne, mais ce qui ressort gros comme le bras dans ce rapport, c’est le peu de cas qu’on fait du fait français dans l’établissement. Et c’est là que, s’ils connaissaient la communauté francophone, les auteurs auraient pu démontrer plus d’audace. Pourquoi ne pas admettre carrément que l’Université Laurentienne devrait abandonner un statut bilingue qu’elle ne respecte plus, qu’elle devrait transférer ses quelques programmes en français à l’Université de Sudbury et ainsi créer un campus vraiment bilingue?