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le Mardi 14 janvier 2020 19:34 Éditorial

Une année de paix

  Photo :  Christian Wiediger
Photo : Christian Wiediger
Une année de paix
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En ce début d’année, il serait normalement de mise de souhaiter la Bonne Année aux lecteurs du
Voyageur ainsi qu’au monde entier. Mais disons que, deux semaines après le début 2020, il apparait que le souhait le plus important devient la paix dans le monde. À la suite des dangereux évènements des dernières semaines — courtoisie d’un fou de Dieu en Iran et d’un fou tout court aux États-Unis — il est clair que la paix du monde est menacée.

Il existe bien sûr plusieurs autres menaces à la paix, des changements climatiques aux terroristes internationaux, de l’inégalité sociale et économique aux dictateurs sans conscience, le monde fait face à plusieurs dangers. Mais aucun n’a encore ébranlé la planète comme les récents développements dans le conflit États-Unis-Iran.

Vous en connaissez probablement les nombreuses péripéties. L’histoire remonte assez loin. D’abord, l’Iran islamiste tente de développer l’armement nucléaire et les pays occidentaux tentent de l’en dissuader en imposant des sanctions économiques. Ensuite survient une entente signée par l’Iran, la France, le Royaume-Uni, l’Allemagne, l’Union Européenne, la Russie, la Chine et les États-Unis qui élimine les sanctions contre une promesse de dénucléarisation de l’Iran. La température baisse jusqu’à ce que le perturbateur en chef, Donald Trump, retire les États-Unis de l’accord. Comme disent les Anglais, «the rest is history». L’Iran recommence à enrichir de l’uranium, les Américains imposent de nouvelles sanctions, la spirale s’emballe. 

Les Américains poursuivent leur aventure dangereuse en tuant le héros iranien, le général Qassem Soleimani, et les Iraniens répliquent en bombardant des bases militaires américaines en Iraq. Et c’est là que survient le malheur innommable. Craignant une réplique américaine, les militaires iraniens arment leur système de défense antimissile. Une erreur de jugement entrainera le lancement d’un missile défensif qui abattra un avion de ligne ukrainien qui venait tout juste de décoller de l’aéroport de Téhéran. Il y aura 176 victimes innocentes, incluant 57 Canadiens et 82 Iraniens. 

Depuis, le monde pleure. Mais si vous croyez que s’en est fini de l’animosité irano-américaine, détrompez-vous. L’Ayatollah Khamenei croit qu’il agit au nom d’Allah et le président Trump croit que sa base électorale veut un homme fort — en plus de vouloir détourner l’attention des démarches pour sa destitution. Les deux sont capables des pires exactions afin de prouver qu’ils ont raison. Surtout que la grogne s’est emparée d’une partie du peuple iranien et que la menace de destitution de Trump encourage ses partisans. 

Voilà pourquoi il nous faut non seulement souhaiter la paix dans le monde, mais il faut y travailler ardemment. Pour l’instant, tous les Canadiens sont en mode condoléances envers les proches des victimes du vol 752 UIA et c’est évidemment ce qu’il faut faire dans l’immédiat. Notre gouvernement réclame aussi une enquête transparente qui ferait la lumière sur cette tragédie et, ça aussi, c’est bien. 

Mais il faut en faire plus. Le Canada doit se joindre aux autres pays de bonne volonté et tenter de persuader l’Iran et les États-Unis de baisser le ton. Parce que la guerre commence toujours par des paroles insensées suivies d’actes insensés. 

En 2020, le monde mérite la paix.