Voilà quelques exemples des situations déplorées par les soldats qui ont été déployés pour venir en aide à certains établissements pour ainés atteints par des éclosions de COVID-19 en Ontario.
Des militaires ont été envoyés en renfort dans cinq foyers de soins de longue durée en Ontario. Les situations dont ils ont été témoins sont extrêmement troublantes. Mardi, ils en ont dévoilé les détails.
Le premier ministre ontarien, Doug Ford, a fait part de son indignation face aux constats des militaires. «C’est le pire rapport que j’ai lu de toute ma vie.»
Le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, a pour sa part qualifié le rapport comme étant «extrêmement dérangeant».
Parmi les conditions exécrables observées, des lacunes ont été constatées quant au contrôle des infections, aux standards des soins et au matériel médical, entre autres.
Des ainés auraient été laissés à eux-mêmes, dans des couches souillées, sans que personne ne leur vienne en aide. D’autres n’ont pas été lavés ou déplacés pendant des semaines.
Certains ont été nourris de force. D’autres n’ont pas été nourris du tout, pendant de longues périodes de temps. Des cabarets de nourriture avariée empilés ont été laissés sur la table de chevet d’un résident dans l’un des foyers.
On apprend aussi que dans l’un des centres de soins de longue durée visés par le rapport, le personnel ne surveillait pas les signes vitaux de certains résidents de façon régulière.
Les membres des Forces armées canadiennes ont aussi fait le constat de maltraitance envers des résidents.
Le rapport déplore également la mauvaise utilisation des cathéters urinaires, dont certains ont été laissés par terre. Les militaires affirment que les mauvaises pratiques ont mené à une douzaine d’infections de saignements fongiques dans l’un des foyers cités.
Les militaires ont aussi fait état d’un manque criant de formation et de bienêtre du personnel, ainsi que d’une culture générale de peur quant à l’utilisation du matériel comme des sacs de fluides, des jaquettes et des gants, entre autres, en raison des couts.
Ils ont également noté un manque de matériel pour les soins de la bouche ou des yeux pour les résidents en soins palliatifs, que du matériel important est souvent verrouillé et inaccessible et que des médicaments expirés ont été donnés aux résidents.
D’autres problèmes liés aux standards de pratique locale et aux communications sont aussi cités dans le rapport.
Plusieurs membres du personnel, incluant des médecins, n’auraient pas utilisé le matériel de protection personnelle de la bonne façon. Dans l’un de ces foyers, les résidents atteints de la COVID-19 pouvaient se promener librement dans l’établissement, facilitant la propagation du virus.
Des infirmières ont été surprises à remplir des documents d’évaluation des résidents sans avoir évalué les résidents.
Par ailleurs, les militaires ont indiqué avoir remarqué de l’épuisement chez les soignants.
Le coroner en chef de l’Ontario enquête
Le premier ministre Doug Ford a promis que des enquêtes ont été lancées dans les cinq foyers cités dans le rapport. Le coroner en chef de l’Ontario enquête déjà sur un décès déploré dans le rapport.
Les résultats des enquêtes seront partagés avec les autorités policières pour examiner d’éventuelles accusations criminelles.
Doug Ford a affirmé que la situation s’est stabilisée dans ces cinq foyers de soins de longue durée, mais a tout de même demandé aux Forces armées canadiennes d’y rester pendant 30 jours supplémentaires.
M. Ford ne s’est pas opposé à l’idée d’intégrer les foyers de soins de longue durée au réseau de la santé, mais que la province n’en avait pas les moyens et qu’elle aurait besoin de l’aide du fédéral.
L’Ontario a ordonné que des hôpitaux locaux gèrent temporairement deux foyers de soins de longue durée, incapables d’endiguer la propagation de la COVID-19, pendant 90 jours.
Tous les foyers de soins de longue durée cités dans le rapport des Forces armées canadiennes sont situés dans la grande région de Toronto.
La cheffe de l’opposition officielle de l’Ontario, Andrea Horwath, a demandé la démission de la ministre des Soins de longue durée, Merrilee Fullerton. Questionné à propos de possibles démissions, le premier ministre n’a pas voulu confirmer si cela pourrait survenir au sein de son gouvernement.