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le Mardi 2 juin 2020 15:47 Francophonie

Partie remise pour la troupe Grouille ou Rouille d’Earlton

«Je n’ai pas encore serré les costumes.» — Céline Duguay
Partie remise pour la troupe Grouille ou Rouille d’Earlton
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Il y a près de 12 ans, Céline Duguay a pris la relève de sa mère à titre de porte-parole de la troupe de théâtre communautaire Grouille ou Rouille d’Earlton. L’hiver dernier, des spectateurs sont venus d’aussi loin que Timmins, Verner et du Québec pour assister aux représentations de leur pièce T’as-tu du talent toé?, qui devait être présentée au Festival des folies Franco-Fun 2020. Mais à la grande déception de Céline Duguay et des comédiens, la COVID-19 en a voulu autrement.

«Ce sera peut-être à l’automne, je n’ai pas encore serré les costumes. Il ne faudrait pas que ça retarde trop, parce que l’an prochain c’est le 100e anniversaire du canton d’Armstrong, où est situé Earlton, et je veux penser à la pièce de l’hiver prochain», explique Céline Duguay. Elle imagine déjà les folies que pourront faire les comédiens en se rappelant les années tranquilles au magasin général, à l’école, à la maison…

La pièce T’as-tu du talent toé? a connu un grand succès. Plusieurs ont particulièrement aimé le tour qu’ont joué les comédiens à la foule en invitant deux spectateurs à se joindre à eux : l’un des talents présentés devant un «panel de juges» était celui d’hypnotiseur. Pour démontrer son talent, il a dû «hypnotiser» deux membres de l’assistance. «Jouer avec la foule comme ça, tout le monde était sur les nerfs!», avoue Céline en riant.

Photo : Courtoisie

Une grande fête de village

«Notre priorité, c’est d’être drôle, de faire des niaiseries pour faire rire le monde!», insiste la porte-parole de la troupe Grouille ou Rouille. En temps normal, la troupe offre deux représentations et une supplémentaire au Festival des folies Franco-Fun de l’ACFO-Témiskaming. «Il le faut bien, sinon trop de gens n’auraient pas l’occasion de nous voir!», souligne Mme Duguay.

La représentation du vendredi est précédée d’amuse-gueules et de breuvages parce que les gens arrivent tôt pour avoir les meilleures places. Le samedi est un souper-théâtre avec un traiteur local. Avant la levée du rideau, il y a de la tension dans l’air : «Les gens ont hâte!», témoigne Céline.

Elle a pris la relève de sa mère il y a 12 ans. Avant la formation de la troupe telle qu’on la connait aujourd’hui, il s’agissait plutôt d’un groupe de femmes qui préparaient des sketches d’une vingtaine de minutes, qu’elles présentaient à des spectateurs de l’âge d’or au cours de leur diner de Noël. «Puis c’est devenu des pièces de théâtre», se remémore Céline.

La fin de semaine où la pièce est jouée est comme une grande fête de village, une occasion de rassemblement pour la communauté. «On joue pour toute la famille, c’est une sortie avec les grands-parents et les jeunes. En présentant en hiver, on brise l’isolement. Les gens sont encabanés, ça sort de la routine!», constate-t-elle.

Unir la communauté

«Au fil des ans, Chantal Lachapelle a écrit deux ou trois pièces, mais le reste, ce sont des créations collectives des acteurs. On a un petit comité d’une douzaine de personnes; une personne a une idée et ensuite en groupe c’est incroyable comme les idées sortent!», expose Céline Duguay.

L’objectif avoué est de faire sortir les gens pour les divertir. Les pièces doivent donc être drôles et exagérées dans tout : la situation, les costumes, les gestes, le maquillage…

«Je me fais demander des billets pour la pièce à venir avant même qu’on l’ait composée! C’est ma récompense. Puis on a même des anglophones qui viennent! Non seulement c’est drôle, les gens aiment ça et sont heureux, mais en plus ça fait voyager le français», se réjouit la porte-parole.

L’enthousiasme de Céline Duguay pour le théâtre communautaire se manifeste aussi par sa volonté d’impliquer les jeunes. «Chacun apporte du positif et les jeunes apportent de bonnes idées. Ça leur donne une bonne formation contre le trac et l’anxiété de jouer. C’est bon pour s’avancer sans fondre dans ses souliers, pour briser la gêne et augmenter l’estime de soi.»

«Pour une petite communauté, c’est bien! Pour moi, l’hiver n’est pas long. Puis tu as le sentiment que tu accomplis quelque chose pour la communauté», conclut Céline avec satisfaction.