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le Mercredi 25 mars 2020 15:22 Éditorial

Production vs santé

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La COVID-19 est indirectement arrivée à Sudbury par les minières. Pourquoi n'ont-elles pas réduit leur production?
Production vs santé
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Nous apprenions la semaine dernière que les minières Vale et Glencore n’ont pas l’intention de fermer ou de réduire leur production à Sudbury pendant la pandémie du coronavirus. Ces plans peuvent évidemment changer au cours des prochains jours, mais, pour l’instant, il semblerait que ces minières favorisent la production plutôt que la santé. Et, en ces temps de risque de transmission communautaire, ce n’est pas juste la santé de leurs travailleurs qui est en jeu. Soyons francs, c’est pas mal cynique.

Et ironique aussi, quand on considère que le premier cas de COVID-19 à Sudbury a été indirectement causé par l’industrie minière. Rappelons que le premier Sudburois infecté aurait contracté la COVID-19 il y a quelques semaines lors de la conférence annuelle de l’Association des prospecteurs et développeurs à Toronto.

Rappelons aussi que la décision de poursuivre la production n’est (surement) pas prise au Canada. Elle émane des directions de ces compagnies au Brésil et en Suisse. Il est difficile de comprendre les Suisses ordinairement tellement prudents. Mais on peut plus facilement comprendre la réaction des Brésiliens étant donné la position ridicule de leur président, Jair Bolsonaro qui, jusqu’à présent, fait fi de la pandémie même si son pays a autant de cas que le Canada. C’est une espèce de populiste qui se prend pour un autre.

Il n’y a en fait aucune raison valable pour que ces compagnies étrangères maintiennent la production actuelle de nickel. Premièrement, le London Metal Exchange indique qu’il y a actuellement plus de 23 000 tonnes de nickel en entrepôt — il y en avait moins de 65 000 tonnes en novembre dernier. Deuxièmement, le plus grand acheteur de nickel, la Chine, a grandement réduit ses activités manufacturières, réduisant de beaucoup la demande pour ce métal. Il en va de même pour les manufacturiers partout dans le monde. Troisièmement, continuer à produire alors que la demande baisse ne fait que réduire le prix du nickel, qui est déjà assez bas à un peu plus de 5 $ la livre.

Alors pourquoi?

Il est plutôt difficile de comprendre les motivations de Glencore, sauf la concurrence. Tant que les autres minières continuent à produire, on imagine que Glencore ne veut pas être distancée.

Il peut cependant y avoir deux raisons qui motivent la décision de Vale. La première, Vale a besoin de liquidités après avoir perdu des sommes importantes en 2019 ainsi qu’au premier trimestre de cette année.

La deuxième raison, et celle-ci est beaucoup plus cynique, c’est que les contrats de travail de ses 4000 employés de Sudbury arrivent à échéance cet été. L’histoire nous apprend que ces périodes peuvent être difficiles. On peut donc imaginer que Vale veuille continuer à augmenter ses stocks en prévision d’une possible grève.

S’il y a une chose de sure dans cet éditorial, c’est qu’il n’est fait que de suppositions. Nos minières ne sont pas connues pour leur transparence.