À l’élémentaire, l’enseignante occupe une place importante dans la vie des élèves, et vice versa. L’école à la maison pour les élèves de cet âge comprend donc une difficulté supplémentaire. Il faut faire preuve d’ingéniosité et de dévouement pour combler le vide ainsi créé.
Marie-Josée Tremblay est enseignante d’une classe de 5e-6e années à l’École élémentaire catholique Ste-Marguerite-d’Youville à Verner. La nouvelle situation la force à puiser dans son expérience acquise au Consortium d’apprentissage virtuel de langue française de l’Ontario (CAVLFO), où elle a participé à un projet de cours en ligne pour les élèves de la 7e et 8e année. Cette première expérience avait eu ses propres défis, alors elle a dû réfléchir à la meilleure façon d’appliquer ce savoir-faire à des enfants plus jeunes.
Elle a pris la semaine avant la reprise des cours pour concocter sa façon de fonctionner avec l’aide d’un conseiller pédagogique du Conseil scolaire catholique Franco-Nord. Elle a choisi de continuer à utiliser Dojo pour communiquer avec les parents et à utiliser Microsoft Teams pour communiquer avec les élèves en le rattachant à OneNote pour qu’ils retrouvent facilement leur «cartable virtuel». Elle trouvait important qu’ils puissent tout trouver dans un seul endroit.
«J’ai fait des vidéos à partir de Screencastify pour passer à travers les étapes de comment se rendre sur Teams», précise-t-elle. Les élèves connaissaient Word, mais ils avaient quand même besoin de ce guide. Quand les élèves avaient réussi à se brancher une première fois, elle leur envoyait une autre vidéo pour faire une chasse au trésor dans leur cahier en ligne afin qu’ils le découvrent et apprennent à s’en servir.
Elle a utilisé la première semaine pour s’assurer que tous étaient bien branchés, ce qui comprend des soirées au téléphone avec des parents. «C’était important pour moi que cette étape-là soit faite avant que je commence les cours, parce que je ne pouvais pas voir donner des cours et naviguer tout ça avec 23 jeunes», précise-t-elle.
Depuis, elle fait des rencontres en vidéoconférence tous les matins de 9 h à 9 h 30 et environ 19 de ses élèves y participent. Elle est très heureuse de ce nombre, car le niveau d’engagement des élèves était une de ses plus grandes appréhensions.


Garder leur attention
«Pour mettre un peu de vie là-dedans, j’ai décidé de faire des journées thèmes les vendredis.» Lunettes de soleil, cheveux fous, apporte ton animal domestique et super héros sont autant de thèmes qui peuvent amener des images amusantes pendant la discussion du matin. Pour les super héros, «une de mes élèves avait apporté sa mère, qui est une infirmière».
Même si elle dit avoir un groupe exceptionnel de jeunes qui aiment aller à l’école — «intempéries, j’ai quasiment tout mon groupe, les enfants vont partir l’auto de maman pour qu’elle l’amène à l’école», illustre Mmme Tremblay — elle a tout de même constaté un certain désengagement après quelques semaines. L’attrait de la nouveauté des premières semaines s’estompait lentement.
Elle a donc concocté un projet d’études indépendantes pour que les élèves fabriquent ou produisent quelque chose. «J’en ai un qui va construire une nouvelle niche, j’ai quelqu’un qui va organiser un repas équilibré et le servir à sa famille», donne-t-elle en exemple. Mme Tremblay les accompagne en leur montrant les étapes de la construction d’un poulailler chez elle.
Une autre technique qu’elle utilise pour les encourager est la promesse de publication de leur travail sur la page Facebook de l’école, que Mme Tremblay gère. L’une des motivations de faire un projet à l’école est de le montrer aux amis, ce qui est plus difficile maintenant. Cette proposition élimine le sentiment que seulement leur enseignante verra les efforts déployés dans leur travail.

Garder leur affection
«Je prends le temps de célébrer les fêtes des élèves aussi. Dans ma classe, il y a une tradition : quand c’est ta fête, tu peux te choisir un item chez Tim Hortons et je leur apporte ça à l’école. Mais là, ceux de qui c’est la fête, je vais chez eux. Je saute dans mon auto, je pratique la distanciation sociale et je m’en vais porter leur chocolat chaud ou leur Timbits», raconte l’enseignante.
«Ça me fait plaisir et ça me fait du bien de les voir, leur sourire. Les parents l’apprécient tellement que ça m’encourage vraiment de continuer à le faire.»
Elle constate également que les parents consacrent beaucoup plus de temps qu’avant à l’éducation de leurs enfants.
D’un côté, elle est heureuse que l’année scolaire se termine à distance pour la sécurité des élèves, mais elle est également triste de ne pas pouvoir terminer l’année physiquement avec eux. «Il va manquer les dernières journées qu’on vit ensemble.» L’enseignante sent qu’elle n’aura pas la même impression de clôture qu’elle ressent habituellement en fin d’année.