le Mercredi 23 avril 2025
le Jeudi 27 mars 2025 9:00 Actualités

Nord de l’Ontario : Poilievre tente de séduire, Serré le tacle

Le chef du Parti conservateur du Canada, Pierre Poilievre. —  Photo : Julien Cayouette
Le chef du Parti conservateur du Canada, Pierre Poilievre.
Photo : Julien Cayouette
De passage à Sudbury la semaine dernière, le chef du Parti conservateur du Canada, Pierre Poilievre, a promis d’éliminer tous les obstacles qui empêchent, depuis près de 10 ans, le développement du Cercle de feu, cette région du grand Nord de l’Ontario qui contient dans son sous-sol des minéraux critiques tels le chromite, le cobalt, le nickel, le cuivre et la platine.
Nord de l’Ontario : Poilievre tente de séduire, Serré le tacle
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 Le député libéral fédéral de Nickel Belt, M. Marc Serré, a vite réagi pour signifier qu’un leadership responsable doit prendre en considération les dimensions environnementales et autochtones.

Le chef des conservateurs promet d’aller vite en besogne. Il s’engage à le faire en l’espace de six mois, si un gouvernement conservateur est élu à Ottawa.

«L’extraction de ces minéraux, que les libéraux ont tout fait pour bloquer, va changer la vie des villes du Nord de l’Ontario, ainsi que les communautés des Premières Nations en créant des milliers de chèques de paie et des infrastructures modernes. Nous pourrions stimuler notre économie avec des milliards de dollars, ce qui nous permettrait de devenir moins dépendant des États-Unis. De plus, nos alliés d’outre-mer n’auraient plus à compter sur Pékin pour ces métaux, transformant les dollars des dictateurs en chèques de paie pour notre peuple», a-t-il lancé. 

Situé à quelque 500 kilomètres au nord de Thunder Bay, le Cercle de feu arbore des minéraux essentiels à la construction de batteries, de turbines et de panneaux solaires, soit des éléments nécessaires pour la décarbonisation de l’économie nationale.

Selon le chef de l’Opposition officielle de la Chambre des communes à Ottawa, le gouvernement libéral de Justin Trudeau refuse depuis plusieurs années d’allouer des permis qui permettraient l’extraction de ces minéraux. Selon Poilievre, les libéraux, et tout particulièrement le ministre de l’Environnement et des changements climatiques, M. Steven Guilbeault (qu’il a qualifié d’environnementaliste radical), ont tout fait en leur pouvoir pour garder ces minéraux sous terre en adoptant par exemple la loi C-69 qui rend difficile, sinon impossible, l’approbation de projets comme l’exploitation de ressources naturelles du Cercle de feu, ainsi que la construction de pipelines.

Lors de son discours devant des partisans conservateurs, M. Poilievre s’est aussi engagé à consacrer un milliard de dollars sur trois ans pour la construction d’une route qui relierait les communautés autochtones et les gisements minéraux du Cercle de feu au réseau routier de l’Ontario, tout en permettant aux entreprises privées qui investiraient dans cette exploitation minière de verser une partie de leurs impôts fédéraux aux Premières Nations de la région.

Le député libéral fédéral de Nickel Belt, Marc G. Serré.

Photo : Courtoisie

L’ombre du gouvernement Harper et les 150 contestations judiciaires

Cette somme d’un milliard de dollars parviendrait des coupures qu’un gouvernement conservateur, si élu, feraient dans le dossier de l’aide étrangère, à l’octroi de contrats à des bureaux de consultants et d’autres projets qui sont chers aux libéraux. «Seul un gouvernement conservateur, voué à promouvoir le Canada d’abord, pourra approuver rapidement des projets comme celui du Cercle de feu. Nous allons abroger la loi C-69, afin de pouvoir octroyer des permis d’exploitation à des entreprises privées afin de construire plus de pipelines et d’exporter plus de gaz naturel», a-t-il soutenu.

Dans un communiqué émis à la suite du discours du chef conservateur, le député libéral fédéral de Nickel Belt, Marc G. Serré, a affirmé reconnaître les bénéfices à long terme du projet du Cercle de feu pour les communautés qui en bénéficieront. Mais à condition que cela se fasse dans le respect de la nature et des communautés autochtones. 

«Il va de soi que les gouvernements doivent adopter une approche responsable et collaborative, respectueuse des communautés autochtones et soucieuse de la protection de notre environnement. Cette approche se distingue nettement de celle de l’ancien gouvernement conservateur dirigé par Stephen Harper, qui a été confronté à plus de 150 contestations judiciaires en raison de son incapacité à engager un dialogue véritablement significatif avec les partenaires autochtones et à répondre aux préoccupations environnementales», a-t-il relevé. 

Selon le député de Nickel Belt, le projet Cercle de feu Ring of Fire ne se limite pas simplement au développement des ressources. Il concerne également les peuples et le territoire. «Un leadership responsable signifie que l’on doive écouter les voix des communautés autochtones, appliquer des protections environnementales rigoureuses et garantir une collaboration entre les gouvernements, l’industrie et les communautés autochtones», a-t-il renchéri. 

Et d’ajouter : «Cela ne saurait être une initiative menée de manière isolée, comme le souhaite Pierre Poilievre. Le véritable leadership repose sur la collaboration et non sur la division. C’est ainsi que nous parvenons à un développement durable et inclusif, bénéficiant au Nord de l’Ontario, tout en préservant nos ressources naturelles pour les générations à venir».

Si l’on en juge par les propos de MM. Poilievre et Serré, l’élection fédérale déclenchée dimanche dernier est bel et bien amorcée.