Dans la salle du studio Desjardins, l’ambiance était installée : les tables et les chaises rapprochées en style cabaret pour assurer l’intimité de la soirée. Au menu : trois autrices de théâtres qui partagent leurs œuvres dans des extraits de textes d’environ trente minutes, chacune avec ses particularités.
Le premier texte présenté était le Téton Tardif de Caroline Raynaud. Dans une interprétation solo, Caroline a joué son texte fluide à merveille. Son jeu juste décrivait son expérience avec ses seins et l’absence de seins. De plus, la perception sociétale de ce qu’est une femme était présente, avec le regard de l’homme toujours en arrière-plan de ses anecdotes. Le personnage cherchait sa beauté en se comparant avec des personnalités célèbres de son enfance, comme Ophélie Winter. Avec son texte fort, son interprétation physique ainsi que l’appui de chorégraphie, Caroline espère participer en tant que comédienne dans la production finale et raconter elle-même son histoire, en explorant davantage notre relation avec nos corps.
La quête du sombre, le deuxième texte de la soirée, est écrit par Mariana Lafrance. Interprété par Hélène Dallaire, le texte était parsemé d’images tout en racontant la vie d’une ex-employée de musée, responsable de l’exposition de chauve-souris. Par chance, elle fait la rencontre d’une chauve-souris morte sur son balcon, tout en ayant l’expérience d’un épuisement professionnel. Avec ses éléments en place, elle est sur une quête de comment se nourrir de son insatisfaction au travail pour retrouver la quiétude. Alimentée par les images et le visuel, Mariana décrit son expérience d’écriture de façon positive. Le cabaret ayant servi comme première tentative de présentation pour mettre en place une structure de texte pour la scène.
France Huot a conclu la soirée avec son texte Ragtime Gal. Un texte où elle a assumé l’interprétation du personnage Gisèle. Elle a été accompagnée par Manon St-Jules et Antoine Côté Legault, jouant respectivement Jeanine et Ghislain, alors que Maureen Labonté s’est chargée de lire les didascalies de l’extrait. Un texte éclaté qui raconte les difficultés que vit Gisèle avec son caillot de sang qui lui parle, en plus d’une commotion cérébrale récente. Un excellent texte mettant en vedette plusieurs parodies de situations en ajoutant des absurdités. Notamment, une session de yoga dans un rectum et un jeu Jeopardy après des réponses inquiétantes de la gynécologue. Avec un regard humoristique dans la tête du personnage et de l’auteure, l’interprétation du texte a permis un regard sommaire du potentiel de production. Le texte exerce bien la tâche de démystifier le sujet de l’utérus ainsi que de critiquer l’indifférence du système médical pour les femmes.
L’expérience théâtrale prend forme premièrement avec le texte et l’interprétation : les autres éléments sont secondaires pour soutenir et amplifier ce qui est déjà sur scène. Avec cette formule, les spectateurs ont eu la chance d’entendre des histoires qui viennent de chez eux. C’est surtout plaisant et encourageant de voir des comédiens et comédiennes sur les places de la Place des Arts. Que cette formule d’écriture et de spectacle continue avec le Théâtre du Nouvel-Ontario. Longue vie aux arts vivants de Sudbury!