C’est sur une estrade avec un décor minimaliste, une trame sonore envoutante et un jeu de lumières à faire rêver que le conteur Stéphane Guertin nous a fait naviguer dans un univers où l’eau et la mémoire se rencontrent.
Le silence se fait dans le Studio Desjardins à la Place des Arts de Sudbury aux premières notes de musique. Stéphane Guertin nous apparait dans la noirceur comme une goutte d’eau qui, éclairée par une lumière diffuse, s’agite en mouvements fluides et gracieux, comme si on était témoin d’une métamorphose.
Tout au long de son spectacle de conte, l’eau est omniprésente tant dans le décor, que dans les paroles du conte de la petite Anne. L’orpheline survit à l’inondation de son village mais y perd sa famille et ses repères. Par des jeux de mots, il nous fait découvrir l’imaginaire de sa jeune héroïne qui se transforme en princesse nomade à la dérive, accompagnée par son globe de neige.
Lorsque son personnage évolue dans le temps, et devient grand-mère, Stéphane Guertin nous fait vivre un vrai bijou poétique. Les mots farine, beurre, sirop d’érable, parsèment son récit descriptif d’un repas familial de grand-père au sirop jusqu’à ce que le mot beurre soit le seul à être répété. Une façon subtile d’évoquer la perte de la mémoire d’Anne.
La source d’inspiration
Stéphane Guertin nous partage, en entrevue avec Le Voyageur, que ce conte qu’il a créé en 2017 s’est transformé durant la pandémie et que la nouvelle version fait partie de son spectacle depuis 2020. Il nous informe que sa source d’inspiration lui est venue de son voisin qui lui a parlé d’un village enseveli sous l’eau de la rivière Gatineau, non loin de chez lui. Mais aussi du décès de sa grand-mère qui souffrait de la maladie d’Alzheimer.
Dillon Orr signe la mise en scène et on a pu apprécier la touche de la chorégraphe Jocelyn Todd qui a travaillé les mouvements. Stéphane nous raconte que même si le conte est basé au Canada, les Français, eux, semblent avoir apprécié les jeux de mots et voient dans le symbolisme du conte des aspects que même lui n’a pas perçu. Même son de cloche des autres artistes de l’art du conte présents durant le repas d’après-spectacle. L’interprétation des symboles présents dans le conte et les impressions de chaque artiste viennent alimenter la discussion. Un plaisir gustatif et créatif pour les artistes participants au festival.
Médaillé d’or international
À Contact Ontarois 2024, son spectacle a reçu le prix Distinction, remis par Réseau Ontarien. Ce prix vient couronner une carrière artistique fructueuse. On peut lire sur sa page internet qu’il a écrit 12 pièces de théâtre, a créé les séries télévisées Motel Monstre, Écoute-ça, et Histoires de comptoir, a composé l’album musical Autour de la pluie et a créé le groupe Improtéine. Il s’est mérité des prix et reconnaissances à l’Adisq, aux Gémeaux, aux Prix Trilles Or, et aux Prix Rideaux du Ministère de la culture de l’Ontario.
En 2013, il remporte la prestigieuse médaille d’or en conte aux Jeux internationaux de la francophonie en France. Depuis, ses spectacles Légendes Boréales, La cadence du conteur, Vie et mort d’un char boiteux et Sortir la tempête du verre ont été présentés sur trois continents devant plus de 75 000 spectateurs.
Ce spectacle fut présenté en collaboration avec la Slague et le Théâtre du Nouvel-Ontario.
