Depuis 2015, cette initiative a permis à trois élèves francophones et trois élèves anglophones de s’initier à la politique municipale en plus de jouer le rôle d’ambassadeurs dans leurs écoles respectives.
De l’École secondaire Château-Jeunesse, l’élève de 12e année Hayley Arsenault siègera de septembre 2019 à juin 2020. «Mon travail sera de parler pour la jeunesse, de fournir une autre perspective au conseil municipal et d’apprendre comment fonctionne le système», évalue l’élève-conseillère.
Elle a notamment soulevé quelques questions au sujet du recyclage dans la municipalité, un dossier qui a été amené à son attention par les élèves de Château-Jeunesse. «C’est un sujet dont on parle depuis sept ou huit ans, mais c’est une bonne manière de réfléchir à de nouvelles solutions, de voir quels sont les problèmes identifiés par les jeunes», souligne le maire de Greenstone, Rénald Beaulieu.
Il s’est rendu en personne à l’école Château-Jeunesse pour présenter cette opportunité aux élèves de 10e à 12e année. «Je pense que c’est un programme qui a une grande valeur pour la communauté parce que ça donne le gout aux jeunes de s’impliquer. On n’a pas encore de résultats concrets parce que ça fait juste quatre ans qu’on a lancé le programme, mais on espère qu’un jour ça fasse une différence», souligne M. Beaulieu.
Étant la seule à s’être portée candidate, Hayley Arsenault a été élue par acclamation. L’élève Jorden E.D. Smith de l’école secondaire Geraldton Composite High School a également été élu, mais a dû se désister.

L’AFMO intéressée
C’est l’Initiative de journalisme locale (IJL) qui a mis l’Association française des municipalités de l’Ontario (AFMO) au courant de l’initiative. Son directeur, Marc Chénier, en pense «beaucoup de bien» et a mis son service des communications au fait du dossier. «Les gouvernements locaux sont l’endroit idéal pour apprendre le processus démocratique et c’est à l’école qu’il faudrait d’abord commencer.»
Si les jeunes apprennent la structure de gouvernance et la structure de balance des pouvoirs […] ça ne donnera pas des Donald Trump!
Il souligne également que de nombreux ministres provinciaux ou fédéraux ont commencé leur carrière dans des gouvernements locaux.
Pour encourager d’autres de ses quelque 39 municipalités membres à reproduire l’initiative, l’AFMO se dit ouverte à fournir un encadrement. «L’AFMO serait prête à instituer un programme de formation-gouvernance pour les municipalités, pour les élus actuels et des élus éventuels. Il y aurait possibilité d’offrir des formations de quelques heures dans les collèges et les écoles et d’inviter des élèves à participer à des réunions de conseils fictives et réelles», suggère M. Chénier.
Il assure que «le manque de relève de qualité» dans les conseils municipaux inquiète l’AFMO, tout comme la difficulté croissante d’intéresser les jeunes à ce type de démocratie. Pour expliquer le phénomène, l’AFMO regarde notamment du côté des réseaux sociaux, où les petites municipalités sont souvent peu présentes. «On ne s’approche pas de la population des électeurs, donc on ne les intéresse pas. Il faut susciter des interactions et c’est là où l’AFMO devient plus pertinente dans les circonstances.»
Un modèle exportable
La municipalité de Greenstone pourrait bien servir de leadeur dans le dossier des élèves-conseillers, ayant elle-même élaboré les paramètres de son programme. «C’est un système démocratique, il y a un vote à l’interne dans les écoles et la municipalité se réserve le droit de faire le choix final», explique le maire Beaulieu.
Il révèle que la municipalité de Marathon propose également un programme d’élèves-conseillers, indépendant du leur.
Au terme du mandat, renouvelable sur trois ans, un montant de 500 $ est remis à l’élève-conseiller de Greenstone pour le remercier de ses services. La municipalité recueille aussi les commentaires et impressions des participants en vue d’améliorer le programme d’une année à l’autre. Les jeunes élus bénéficient même d’une formation complète avec un greffier, d’un bureau attitré et d’une plaque gravée à leur nom. De quoi donner le gout de s’impliquer.