Lors des rencontres organisées par l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO) pour marquer le premier anniversaire de l’insolvabilité de l’Université Laurentienne, le recteur de l’Université de Sudbury (UdeS), Serge Miville, a dit avoir des discussions régulières avec la jeunesse.
Un message confirmé par les représentants de la FESFO. «Ça fait quelques rencontres que nous avons avec Serge Miville pour démarrer la relation avec l’Université de Sudbury. On n’est pas très avancé, mais c’est un bon début», dit le président du conseil de représentation de la FESFO et élève de l’École secondaire catholique Jeunesse-Nord de Blind River, Benjamin Dennie.
La directrice générale, Mélina Leroux, dit être plus régulièrement en contact avec le recteur. Elle ajoute que des discussions avec les autres recteurs des universités francophones ont aussi eu lieu.
«On a eu la chance de le rencontrer [lors du lever du drapeau le 25 septembre] et il nous a démontré qu’il était vraiment ouvert à entendre la perspective des jeunes», ajoute le vice-président pour la région de l’Est, Jean Philippe Bisson.

Le vice-président pour la région de l’Est de la FESFO, Jean Philippe Bisson, le président et élève de l’École secondaire catholique Jeunesse-Nord de Blind River, Benjamin Dennie, et la vice-présidente pour la région de Toronto, Marème Diongue.
Le grand rêve
La FESFO appuie sans équivoque le transfert de programmes de langue française de la Laurentienne vers l’UdeS.
En avril 2021, la FESFO dévoilait une consultation de ses membres. Ils y constataient entre autres la diminution de l’intérêt pour les programmes de sciences humaines.
«On a tout suite dit à M. Miville qu’il n’avait pas juste besoin [des programmes de sciences humaines perdus à la Laurentienne], dit Jean Philippe Bisson. On a besoin des autres domaines où il y a des besoins.»
«N’importe quelle institution franco-ontarienne a besoin d’une variété de programmes», ajoute Benjamin Dennie. Un processus qui pourrait être progressif à l’UdeS en ramenant les programmes en français qui ont été perdus dans le Nord et en créant d’autres qui sont en demande par la suite.
La vice-présidente pour la région de Toronto, Marème Diongue, est convaincue que même si elle diminue, la demande pour des études en sciences sociales ne disparaitra pas. «Mais on a aussi besoin d’autres métiers avec des gens francophones. On a des pénuries de docteurs, de vétérinaires…»
Sinon, tous trois disent que les jeunes sont à la recherche d’un milieu agréable pour leurs études, une ambiance conviviale. «Me sentir à la maison, dans une petite famille», être capable de parler en français avec tous ceux qu’elle croise, imagine Mme Diongue.
Un corps professoral représentatif de sa communauté, ajoute Benjamin Dennie.
Selon leur sondage, les adolescents franco-ontariens demandent aussi des espaces collaboratifs, un accès facile à la nature et des cours qui dépassent les besoins du programme d’étude et utiles à la vie quotidienne. Des ententes de collaboration sont aussi importantes — même avec l’Université Laurentienne — pour avoir accès à une plus grande variété de cours et à quelques cours en anglais.
«On a besoin d’une université francophone pour préserver cette culture, cette langue, mais aussi pour se retrouver. Je n’irai pas jusqu’à dire que les universités bilingues nous assimilent. Elles ont servi. Mais l’expérience dans une école bilingue et une école francophone n’est définitivement pas la même», dit Mme Diongue.
Jean Philippe Bisson se désole du peu de place qu’occupent les francophones dans la prise de décision des universités bilingues. Il croit qu’il y aurait moins de problèmes si les deux langues étaient traitées de façon plus équitable dans ces institutions. «Le français est plus facilement piétiné que l’anglais.»
Payer pour la crédibilité
Ils ne connaissent évidemment pas les raisons précises de la baisse des demandes d’admission des élèves du secondaire a atteint 43 % à la Laurentienne, mais ils croient que la disparition des nombreux programmes en français crée un manque de crédibilité. L’incertitude est inquiétante. «Tu payes pour aller à l’université, comment peux-tu t’assurer que tout ira bien pour toi quand il arrive des choses comme ça qui sortent de nulle part», dit Jean Philippe Bisson.

L’Université Laurentienne a coupé 28 programmes en français le 12 avril 2021.
Une enseignante de Benjamine Dennie lui a dit que c’était la première fois depuis une quinzaine d’années qu’aucun finissant de l’É.s.c. Jeunesse-Nord s’était inscrit à l’Université Laurentienne.
Les représentants de la FESFO sont tout aussi inquiets de la diminution des demandes d’inscriptions à la Laurentienne — 52 % de moins en français. Surtout que ça ne s’est pas traduit par une augmentation à l’UOF. «Ça veut dire que les jeunes sont soient venus à Ottawa ou qu’ils partent dans des programmes en anglais», croit M. Bisson.
Pas comme l’UOF
Même si la FESFO était présente dès le départ pour demander une université de langue française en Ontario, Jean Philippe Bisson a l’impression que les élèves du secondaire n’ont pas été assez consultés quand est venu le moment de bâtir et de réfléchir aux programmes de l’Université de l’Ontario français (UOF). «À l’Université de Sudbury, c’est vraiment : “Qu’est-ce que les jeunes ont de besoins? Qu’est-ce qu’on peut faire pour avoir des jeunes dans notre institution?”»
Benjamin Dennie voit aussi une différence dans l’approche. Avec UOF, «on a dû un peu insister pour faire partie des consultations» du même genre que celles qu’ils ont déjà avec l’UdeS.
Marème Diongue, considère que la relation est maintenant bonne avec l’UOF. Les discussions sont plus régulières. «J’ai vraiment envie de voir si c’est toujours possible d’apporter l’UOF à un autre niveau qui nous satisfera tous.»