L’Ontario commence à desserrer la pince quant à l’ouverture des commerces de la province. L’ouverture des centres de jardinage, des quincailleries et des magasins de détail ayant pignon sur rue donne de l’espoir aux camps de jours et camps de vacances, qui espèrent pouvoir accueillir des jeunes pour l’été 2020.
La mi-mai représente habituellement le début des inscriptions aux camps d’été. En dépit des annonces sur les pages web des camps en Ontario, les parents ne font pas la course à l’inscription… du moins, pas encore.
En annonçant le 19 mai que les écoles resteraient fermée jusqu’à la fin de l’année scolaire, le gouvernement de l’Ontario a été moins clair au sujet des camps d’été. Il indique seulement qu’ils pourront rouvrir «en supposant que se poursuivent les tendances positives qu’enregistrent les principaux indicateurs de santé publique».
Malgré l’incertitude, les responsables des camps de vacances doivent envisager tous les scénarios. «Nous sommes en attente. On va quand même de l’avant comme si on allait ouvrir», lance le président du Camp Source de vie de Hearst, Patrice Forgues. «On fait quand même les entrevues avec les moniteurs et ils sont au courant que s’il n’y a pas de camps cet été, ils n’auront pas d’emploi», ajoute-t-il.
Postuler à un emploi qui n’existera peut-être pas n’est pas très encourageant, mais la problématique est inévitable et le scénario se répète ailleurs. Les camps de jours de la région du Grand Sudbury en sont également à la phase d’embauche : «On signe les contrats avec les employés d’été et on a retenu les services de tous les artistes. On n’a pas le choix de faire comme si ça allait arriver et après on ajustera», explique le directeur général et culturel du Carrefour francophone de Sudbury, Stéphane Gauthier.
Dans l’attente du dénouement, les opinions par rapport aux différentes possibilités divergent au nord de la province. L’idée de transformer les camps de vacances en camps de jour est une solution qui ne fonctionnerait pas pour tous les camps, notamment pour le Camp Ongrandi près de Moonbeam.
«Pour nous, ce n’est pas une bonne option, car 60 % de notre clientèle vient des régions avoisinantes. On a des campeurs de Longlac, de Timmins, de Cochrane… Donc un camp de jour pour nous, ce n’est pas vraiment viable», expose le président, Rejean Murray.
Appel à la créativité pour trouver plus de solutions
Les camps offerts par le Carrefour francophone tiennent habituellement leurs activités à Val Caron, à Azilda, à Noëlville et à Sudbury. À pareille date l’an dernier, les camps étaient déjà au maximum de leur capacité de 1200 places, mais les difficultés de recrutement en raison de la COVID-19 forcent les responsables à innover.
«Ça se peut qu’on ajoute des sites, par exemple à Saint-Charles, pour éviter que les jeunes aient à se déplacer et pour avoir de plus petits groupes. Ça fait partie des solutions qu’on est en train d’examiner», indique Stéphane Gauthier.
Le Camp Source de vie deviendrait peut-être un camp de jour pour cet été, ou encore changerait sa formule habituelle qui amorce la saison avec les plus jeunes. «Si on pouvait commencer avec les plus vieux et offrir une session de 14 jours, car la quarantaine est de 14 jours, où les jeunes pourraient même rester pendant le weekend, je suis convaincu qu’il y aurait des jeunes qui seraient intéressés», songe Patrice Forgues.

Des camps virtuels?
Une des options auxquelles songent quelques organisateurs est de permettre une migration des animations en ligne. «Nous avons une brochette d’artistes intéressants, donc on voudrait au moins conserver les activités pour les enfants. Ils vont avoir besoin d’être divertis», suggère le directeur général et culturel du Carrefour francophone de Sudbury.
Les circonstances ne sont pas les mêmes du côté du Camp Ongrandi. «Je ne crois pas que nous allons emprunter cette avenue-là : faire un camp virtuel, c’est super, mais il fait beau et les jeunes veulent aller dehors. Il y a de grands défis à essayer d’éduquer nos enfants en ligne, je n’entrerai pas dans ce dossier-là. Et notre camp, c’est sans téléphones, donc ça va un peu à l’encontre de notre philosophie. Mais il y aurait un avantage : moins de moustiques!», plaisante Rejean Murray.
Subventions en péril
Les responsables de certains camps craignent également de ne pas pouvoir bénéficier de certaines de leurs subventions habituelles, comme celle du programme Jeunesse Canada au travail.
«Le gouvernement a fait plein d’annonces, mais les mesures sont prévues jusqu’au 20 juin environ. Après ça, on ne sait pas à quoi s’en tenir. Ça remet en question la rentabilité et la viabilité de notre camp», admet M. Murray.
Le Camp Source de vie songe aussi à sa collecte de fonds, qui en est maintenant à la moitié de son objectif de 400 000 $. Ils espèrent que les gens pourront continuer de les aider avec leur projet de rénovations du chalet principal.
Lorsque seule l’incertitude se fait certitude, il n’est pas évident pour les organisateurs d’aller de l’avant. L’une des choses à retenir est que les employés et dirigeants de ces camps veillent au divertissement et à l’épanouissement des jeunes et qu’ils feront de leur possible pour réunir les vacanciers, qui ont tous hâte de retrouver leurs amis.