Jeudi dernier, l’Université de Sudbury (UdeS) et l’Université d’Ottawa (UO) annonçaient un partenariat qui permettrait à l’UdeS d’offrir des cours en français à Sudbury à compter de septembre 2025. Les deux institutions affirment que ce ne sera pas des cours de l’UO donnés ici mais bien des cours de UdeS enseignés par des professeurs de UdeS. Ce partenariat est évidemment une bonne nouvelle pour l’Université de Sudbury et pour toute la communauté franco-ontarienne du nord. C’est peut-être aussi une porte qui s’entre-baille vers la création, ici, d’une université de langue française. L’entente reste cependant assez floue et suscite beaucoup de questions. En voici quelques-unes.
Les deux recteurs, Serge Miville et Jacques Frémont, admettent qu’il reste encore beaucoup d’étapes à franchir pour activer le protocole d’entente. La programmation académique offerte ici reste encore à être définie et entérinée par les conseils d’administration et les sénats académiques des deux universités. Les recteurs parlent d’un cursus innovant qui répondra aux intérêts des étudiants et au marché de l’emploi. Mais on ne sait pas quels domaines seront privilégiés. On sait juste que la charte de l’UdeS favorise surtout les humanités et les sciences sociales.
On ne sait pas non plus comment cette collaboration sera articulée. Par exemple, quel sera le rôle de chaque université dans le choix des cours? Ou comment l’Université d’Ottawa qui connaît présentement des difficultés financières – comme toutes les universités ontariennes d’ailleurs – pourra mener un tel projet de front tout en tentant d’assainir ses budgets ? Il y a aussi une question de personnel. Comment l’Université de Sudbury choisira ses professeurs puisque le droit de rappel de ses enseignants syndiqués mis à pied il y a plus de trois ans est maintenant périmé ?
Et la question qui tue : comment cette collaboration sera-t-elle financée ?
Nous savons tous que le gouvernement ontarien a déjà refusé de financer l’UdeS. Ce gouvernement qui prêche cependant la collaboration sera-t-il enfin prêt à ce que ses bottines suivent ses babines ? Surtout que ce projet représente exactement ce que recommandait récemment le comité d’experts mandaté par Doug Ford pour proposer des solutions aux problèmes du post secondaire ontarien. Entretemps, on sait aussi que le gouvernement fédéral qui a une responsabilité constitutionnelle envers les communautés minoritaires a déjà signifié son appui à l’UdeS. Voudra-t-il financer une partie de ce projet ? On verra bien.
Voilà pour les questions difficiles. Le partenariat annoncé la semaine dernière soulève aussi d’autres questions plus positives.
Par exemple, ce genre de partenariat pourrait-il susciter un désir à l’Université Laurentienne de conclure une entente de partage de cours avec l’UdeS. Après tout, ces deux institutions ont eu un parcours commun pendant plus de soixante ans. En fait, ceux qui connaissent l’histoire pourraient avancer que c’est l’UdeS qui a donné naissance à la Laurentienne.
Le développement le plus intéressant que cette entente pourrait susciter serait cependant une collaboration entre l’UdeS et nos deux universités de langue française, l’Université de l’Ontario français et l’Université de Hearst. Comme notre éditorial le proposait la semaine dernière, une telle collaboration pourrait même mener à la fusion des ces trois entités en une seule université franco-ontarienne avec plusieurs campus. C’est ce que demande la communauté depuis des décennies.