le Mercredi 23 avril 2025
le Lundi 10 mars 2025 9:00 Francophonie

Pour que vive le drapeau franco-ontarien !

 Claudette Gleeson lors de la cérémonie de distribution de drapeaux et de motifs pour les plaques d’immatriculation de voitures, le 16 septembre 2023, à Greenstone. 
 — Photo : Courtoisie
Claudette Gleeson lors de la cérémonie de distribution de drapeaux et de motifs pour les plaques d’immatriculation de voitures, le 16 septembre 2023, à Greenstone.
Photo : Courtoisie
Claudette Gleeson, présidente de l'Association des Francophones du Nord‑Ouest de l'Ontario (AFNOO), a joué un rôle important dans la mobilisation de la communauté francophone de Greenstone contre la décision de la municipalité, en février 2024, de retirer au drapeau franco-ontarien son statut permanent. Mais son engagement pour la francophonie remonte à plus loin. Portrait.
Pour que vive le drapeau franco-ontarien !
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Depuis environ trois ans, la présidente de l’AFNOO s’assure que les droits des francophones de l’ouest du nord ontarien sont respectés. 

«J’ai eu la chance, avec l’AFNOO, de me rendre à Greenstone pour défendre le drapeau franco-ontarien avec notre communauté», a-t-elle lancé. 

Après trois députations infructueuses menées devant le conseil municipal, l’AFNOO avait sorti les gros moyens, le 16 septembre 2023. 

Des drapeaux et des motifs pour les plaques d’immatriculation de voitures avaient été distribués, à l’occasion d’une cérémonie, à plusieurs membres de la communauté pour couvrir la ville de vert et blanc à partir de la journée du 25 septembre. 

«La salle était remplie de femmes, d’enfants et de leurs conjoints. C’était un moment extraordinaire. J’étais fière de voir des sourires sur leurs visages, de les voir encouragés», raconte-t-elle.

Cette action avait permis de rendre le drapeau franco-ontarien visible un peu partout dans la communauté. 

Aux origines de l’engagement

En 1988, alors jeune maman, Claudette Gleeson quitte North Bay, sa ville natale, pour s’installer avec sa petite famille à Thunder Bay. 

Pour elle, il était hors de question de s’installer n’importe où. Trouver une école francophone pour ses enfants était une priorité, parce que transmettre sa langue et sa culture, c’est quelque chose qui lui tenait à cœur déjà.

«À Thunder Bay, il y avait une école française, Franco-Supérieur. Je me suis établie là».  

À l’époque, la francophonie était peu développée dans la région.

«J’ai vite réalisé qu’il n’y avait pas beaucoup d’activités en francophonie», se souvient-elle.

Elle a donc commencé par animer un groupe de jeux pour mamans, avant d’en devenir la coordonnatrice. Avec le temps, elle s’est impliquée davantage pour devenir conseillère scolaire.

«Je suis fière de dire qu’aujourd’hui, je suis la présidente du Conseil scolaire de district catholique des Aurores boréales», souligne-t-elle.

Sur le plan communautaire, elle s’est investie dans plusieurs organismes. Elle est aussi présidente du Centre francophone de Thunder Bay et de l’Accueil francophone de Thunder Bay. Au niveau provincial, elle occupe depuis 2018 la vice-présidence de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO) et a été présidente du Conseil de la Coopération de l’Ontario (CCO) de 2016 à 2018.

«La francophonie est très importante pour moi, non seulement pour moi, mais aussi pour mes enfants et mes petits-enfants», affirme-t-elle.

Un soutien précieux 

Son mari, Daniel Gleeson, chiropraticien à North Bay, a toujours été un soutien essentiel pour elle.

«Mon mari est anglophone, mais il comprend l’importance de la langue française. Il est ouvert à la francophonie et m’a toujours soutenue», confie-t-elle.

Claudette Gleeson insiste sur le fait que son conjoint comprend l’importance qu’elle accorde à la défense des droits des francophones.

«Il sait que j’ai le droit de m’affirmer et de défendre les droits des autres. J’ai reçu un soutien inconditionnel de l’homme de ma vie. Pour lui, c’est important que je sois heureuse», ajoute-t-elle avec un sourire.

Pour elle, avoir des enfants parfaitement bilingues est essentiel, et même son mari en est fier.

«Si la francophonie me passionne, elle le passionne définitivement aussi», assure-t-elle.

Claudette estime qu’avoir un conjoint qui comprend ses engagements et qui l’encourage est une motivation qui pousse à aller toujours plus loin.

Pour l’inclusivité 

Claudette Gleeson est également engagée pour rendre la francophonie encore plus inclusive.

«Je suis fière d’être une femme, fière d’être une femme francophone, mais surtout fière de voir que notre communauté du Nord-Ouest est très inclusive», confie-t-elle.

Elle occupe également le poste de coordonnatrice du projet d’immigration chez Centr’Elles, un organisme à but non lucratif qui accompagne les femmes d’expression française du Nord-Ouest de l’Ontario dans leur lutte contre les violences.

«Nous travaillons actuellement avec des femmes immigrantes afin de mieux comprendre leurs besoins. C’est passionnant, car j’ai d’une part ma passion pour la francophonie, et d’autre part mon engagement envers les femmes », explique-t-elle.

«Nous consultons les femmes immigrantes qui ont élu domicile dans le Nord-Ouest de l’Ontario, afin de comprendre leurs parcours et leurs défis. En parallèle, nous organisons des activités sociales, ce qui est très enrichissant», ajoute-t-elle.

Pour Claudette Gleeson, son rôle est de permettre aux gens de se sentir écoutés et soutenus.

Un mot pour les femmes francophones

Claudette Gleeson encourage les jeunes francophones à persévérer et à poursuivre leurs efforts.

«Vous avez une bonne base : une école française et une communauté dynamique. Il est donc de votre responsabilité de continuer sur cette voie. Pour moi, c’est un parcours qui doit inclure vos enfants et vos petits-enfants», insiste-t-elle.

Selon elle, si l’on veut que la langue et la culture francophones perdurent pour les prochaines générations, chacun doit jouer son rôle, à sa manière et selon ses capacités. Elle précise qu’il n’est pas nécessaire de faire autant qu’elle, l’essentiel étant de contribuer, à son échelle, à la préservation de l’identité francophone.

«Je dis souvent aux jeunes francophones, hommes comme femmes, que nous avons une responsabilité. On sait qu’on a plus de travail qu’un anglophone, et c’est une réalité que nous devons accepter» conclut-t-elle.