le Mercredi 23 avril 2025
le Mardi 19 mai 2020 19:57 Santé

«La pandémie, c’est la mort des funérailles!»

— David Laplante, directeur général de la Coopérative funéraire de Sudbury
«La pandémie, c’est la mort des funérailles!»
00:00 00:00

Entre le 15 janvier et le 19 mai, l’Ontario a enregistré 22 384 cas de COVID-19, dont 1919 décès. Comment les entrepreneurs en pompes funèbres ou les thanatologues tirent-ils leur épingle du jeu en ces temps de pandémie? Des experts de l’Est, du Sud et du Nord de la province témoignent.

Toutes les entreprises funèbres de la province sont régies par l’Autorité des services funéraires et cimetières de l’Ontario et sont soumises à des protocoles sévères. Cet organisme dicte des règles très strictes à suivre en temps de pandémie.

Sudbury

David Laplante est directeur général de la Coopérative funéraire de Sudbury, avec des succursales à Hanmer et Chelmsford. Il explique que «le deuil a besoin de rassemblement, de caresses, de poignées de main. La pandémie, c’est la mort des funérailles!».

Le thanatologue ajoute que la distanciation physique et le contrôle chambardent les horaires, rendant le tout plus stressant pour les familles.

Il est possible de reporter les célébrations de vie, bien entendu, mais M. Laplante se demande même si elles auront lieu en 2020 ou 2021. «Le deuil ne sera plus le même, les gens se seront plus ou moins faits à l’idée de l’absence de leur être cher.»

Photo : Courtoisie

Casselman et Embrun

Le 1er mai 2020, Daniel Lafleur a vendu la Maison funéraire & Chapelle Lafleur, qui dessert Casselman, Embrun et Russell, après 45 ans comme thanatologue. Pour lui, il a toujours été très important d’encourager la famille et les amis à participer aux services funèbres d’un être cher.

«Ils sont non seulement invités à fournir des photos et vidéos pour la célébration de vie, mais aussi à participer au montage, à être porteurs du cercueil s’il y a lieu et même à coiffer la personne décédée lorsque le corps est exposé.»

Avant la pandémie, les salons funéraires situés à Casselman et Embrun pouvaient accueillir de 200 à 350 personnes durant les jours de visites. Aujourd’hui, COVID-19 oblige, «seulement quelques membres d’une même famille rapprochée peuvent entrer par une porte, se soumettre à un questionnaire, se désinfecter les mains, s’approcher du cercueil qui est derrière une barricade de deux mètres et sortir par une autre porte, note monsieur Lafleur. Lors de la cérémonie, les porteurs gardent la distance prescrite grâce à de longs bâtons qui soulèvent le cercueil.»

Photo : Courtoisie

Hawkesbury

La Maison funéraire Shields Berthiaume œuvre dans la région de La Petite-Nation, notamment à Hawkesbury et Saint-André-Avelin. Directrice d’une des succursales, Claudia Nolin souligne qu’il est plus difficile de reporter des funérailles en Ontario qu’au Québec. L’incinération est choisie dans 80 % des cas.

«À cause de la pandémie, des cérémonies virtuelles ont maintenant lieu, mais avec un maximum de 10 personnes présentes dans la chapelle, pour respecter la distanciation physique. Les autres gens intéressés peuvent suivre le rituel sur la plateforme Zoom.»

Windsor

Gabrielle Cloutier est directrice chez Janisse Funeral Home à Windsor, une maison fondée en 1895 par le pionnier canadien-français Climaque Janisse.

Elle souligne que, depuis le début de la pandémie, «les familles ont le choix d’avoir un service funéraire privé avec un maximum de dix personnes présentes sur place ou de reporter la cérémonie de célébration de la vie à une date ultérieure, postpandémie».

À Windsor, le nombre d’incinérations n’a pas vraiment augmenté depuis le début de la pandémie. «L’incinération n’exclut pas la possibilité d’enterrement, précise Gabrielle Cloutier. La majorité de nos clients choisissent le dépôt des cendres dans un cimetière plutôt que dans un columbarium.»

Chaque thanatologue insiste pour dire que, virus ou non, la priorité est de toujours offrir un rituel qui permette aux familles de vivre sereinement leur deuil, de tourner la page dignement.

Photo : Courtoisie