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le Mercredi 22 juin 2022 14:56 Santé

Manque criant d’inclusion et de services pour la communauté 2ELGBTQ+ de Timmins-Cochrane

Le dévoilement du passage arc-en-ciel par Fierté Timmins. — Photo : Courtoisie Lindsay Cooper
Le dévoilement du passage arc-en-ciel par Fierté Timmins.
Photo : Courtoisie Lindsay Cooper
Timmins-Cochrane — Le groupe Fierté Timmins a enfin les preuves nécessaires pour affirmer que les districts de Timmins et Cochrane manquent de services pour la communauté 2ELGBTQ+ et qu’ils ne s’y sentent pas toujours en sécurité. L’étude qu’ils ont menée devrait permettre d’instaurer de nouvelles stratégies et engager la mise en place de solutions avec l’aide des prestataires de services.
Manque criant d’inclusion et de services pour la communauté 2ELGBTQ+ de Timmins-Cochrane
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Le président de Fierté Timmins, Matthieu Villeneuve, n’a pas été surpris par les résultats et les conclusions de la recherche menée par la firme ATZ Equity consulting. Ils font échos à ce qu’il entendait et constatait sur le terrain. 

Fierté Timmins reçoit fréquemment des demandes pour offrir de la formation ou faire des conférences. Mais le petit groupe de bénévoles n’a ni le mandat, ni les ressources, ni la formation pour répondre à ces demandes. «On avait besoin d’un document qui nous disait exactement ce que la communauté voulait pour qu’on passe aux prochaines étapes»,explique M. Villeneuve.

La prochaine étape, ce sera la création d’un poste de coordination — le financement vient d’être confirmé — qui pourra faire le lien entre les organismes qui peuvent offrir des services et des membres de Fierté Timmins. «Nous créerons un groupe de bénévoles qui ont de la formation sur ces sujets.» Ils pourront aussi faire la liste des problèmes et choisir l’ordre des lequel les aborder.

L’objectif ultime est de créer un centre de service intersectionnel qui pourrait desservir toute la région entre Temiskaming Shores et Hearst.

«Quand on a présenté le document [en avril], on a eu beaucoup de bénévoles qui ont démontré leur volonté de nous aider à commencer le processus», souligne Matthieu Villeneuve.

Les besoins

La recherche a permis de recueillir l’avis de 84 répondants. Deux tiers d’entre elleux s’identifient comme membre de la communauté 2ELGBTQ+, 61 % parlent français et 2 % une langue autochtone en plus de l’anglais. La majorité, 72 %, réside à Timmins. Il y a 55 % des participants.es qui s’identifient comme femmes, 24 % comme hommes, 23 % comme trans ou non binaire ou fluide, 2 % comme 2 esprits, mais plusieurs s’attachent à plus d’une identité.

Le sentiment d’isolement est l’un des sentiments le plus communs; 82 % se sentent quelque peu à pas du tout connectés à leur communauté. 

«Dans les plus petites régions géographiques, ainsi que dans les régions nordiques et éloignées, les obstacles nuisant à la création des liens avec la collectivité sont, entre autres, le manque de diversité et d’éducation sur les concepts d’antioppression et l’accès aux technologies et aux services, ce qui peut augmenter les incidences directes d’homophobie, de transphobie, de biphobie, de sexisme et de racisme qui créent une exclusion sociale préjudiciable», peut-on lire dans le rapport.

Cette lacune de visibilité et d’inclusivité entraine aussi un manque de services. Une mère est citée dans le rapport disant : «C’est un droit, mais il n’y a pas de système de soutien ici pour mon enfant».

«Vivre dans un endroit qui est historiquement mal desservi, cela a des conséquences inattendues. Tu dois te battre contre toi-même pour aller vers les gens et tisser des liens avec la communauté. Tes craintes sont réelles», affirme un autre répondant.

Selon la recherche, seulement 22 % des organismes ont une politique de prestations de services dans la région, 18 % se croient capables de bien diriger les clients vers d’autres services et  60 % des participants.es ne connaissent pas de services affirmatifs et inclusifs.

«En raison des obstacles continus à la prestation de services dans la région, seulement 14 % des répondants.es 2ELGBTQ+ se déplacent dans la région pour obtenir certains services, 35 % n’ont accès aux services que dans une grande ville et 30 % n’ont accès qu’à des services à distance. Trente-cinq pour cent des participants.es doivent se déplacer 2 à 3 fois par année à l’extérieur de la région pour accéder à ces services, ce qui représente un cout annuel estimé à plus de 500 $ pour la majorité des voyageurs.»

Le troisième défi sera la création d’un milieu plus sécuritaire, car, comme l’écrit un répondant : «Ici, un garçon qui porte des mitaines roses n’est pas le bienvenu». Seulement 44 % disent se sentir en sécurité de contacter les services de police locaux.

Des changements de politiques et l’éducation sociale seront nécessaires pour créer cette sécurité, qui aurait par la suite un impact positif sur la santé mentale des membres «et réduirait le nombre de tentatives de suicides, surtout chez les personnes trans».

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Quelques percées dans la pénombre

Des lueurs d’espoir percent à travers le nuage dans l’étude. Une personne a mentionné que «le soutien tiède des institutions locales et des prestataires de services ne reflète pas l’appui important disponible au niveau individuel, social et populaire».

De petites initiatives créent des espaces plus accueillants, comme la création d’alliances gaie-hétérosexuelle dans les écoles. Le Nord-Est de l’Ontario est aussi perçu comme plus progressif «que les régions rurales du Sud de l’Ontario».

Fierté Timmins est mentionné plus d’une fois comme organisme exemplaire et réconfortant. Plus d’activités sont d’ailleurs demandées. 

«On vient d’avoir [cinq] nouveaux bénévoles à notre conseil d’administration», confie Matthieu Villeneuve. Ils sont donc passés de trois à huit membres, ce qui devrait permettre d’organiser des activités tout au long de l’année. 

Avec trois membres, ils ont dû reporter les célébrations du mois de la Fierté de juin à septembre. L’appel à l’engagement pour que la célébration se poursuive à Timmins a porté ses fruits.