Les clients de Desjardins, y compris des membres du Club d’âge d’or d’Azilda, ont exprimé leur «profonde déception» face à la fermeture imminente de la Caisse populaire, soulignant «l’impact négatif» sur la communauté, notamment pour les personnes aînées qui dépendent des services au guichet.
Marcel François Gélinas, un client de longue date et résident d’Azilda depuis 50 ans, exprime son inquiétude, en disant qu’il ne sait pas «comment les habitants, surtout les aînés, vont faire pour gérer leurs affaires bancaires une fois la fermeture effective, puisqu’ils devront se rendre à l’extérieur de la ville».

Stephan Plante
De son côté, Stéphan Plante, vice-président Ontario de la Caisse Desjardins, explique cette décision par le fait que «les comportements des clients ont radicalement changé ces dernières années».
«Depuis la pandémie, la façon dont nos membres interagissent avec nous a évolué. Aujourd’hui, 96 % des transactions sont faites en ligne ou par d’autres moyens automatisés. Seules 4 % des transactions restantes se font en personne, et à Azilda, seulement 1 % passent encore par le comptoir».
Mais pour certains résidents, l’argument de la transition numérique ne suffit pas à justifier cette fermeture.
«Population âgée, plusieurs ne conduisent plus et n’ont pas d’ordinateurs. Comment allons-nous payer nos factures ? Notre village grandit toujours et nous perdons tous nos services», martèle Anita Lafleur, membre du Club d’âge d’or d’Azilda
La Caisse Desjardins assure, cependant, que des solutions sont envisagées pour accompagner leurs clients, après la fermeture des locaux.
«Nous mettons en place des formations pour aider les membres à utiliser les outils numériques et nous étudions également des solutions de transport alternatif pour ceux qui ont des difficultés à se rendre à Chelmsford, où se trouve la caisse la plus proche», précise Stéphan Plante.
Pour les résidents d’Azilda, la Caisse populaire Desjardins est une institution importante, représentant des valeurs de solidarité transmises de génération en génération. Elle a joué un rôle essentiel pour la communauté.
Germaine Paquette, membre du Club d’Âge d’Or d’Azilda, explique : «Mon père m’avait transmis les valeurs de la Caisse, qui étaient de servir les petites communautés et de redonner à la communauté. Aujourd’hui, cela ne semble plus être le cas. Je me bats pour soutenir les institutions francophones, et j’ai l’impression qu’on nous laisse tomber. Après toutes ces années, j’ai demandé des informations sur l’utilisation de la Caisse à Azilda, mais personne n’a pu me répondre. J’ai appris la fermeture dans les médias, et cela m’a beaucoup déçue, car je suis membre depuis toujours. Il est important de soutenir nos institutions francophones, et notre club a toujours fait affaire avec la Caisse».
Dans le même esprit, Louise Rainville, ancienne trésorière du Club d’Âge d’Or d’Azilda, a exprimé sa surprise de n’avoir pas été informée officiellement de la fermeture de la Caisse. Elle a aussi affirmé que le Club mettait gracieusement ses salles de réunion à la disposition de la Caisse pour les réunions du Conseil d’administration.
Desjardins affirme toutefois qu’elle reste engagée envers la communauté d’Azilda, même si elle ne sera pas présente physiquement.
«Nous sommes présents en Ontario depuis 113 ans et nous continuerons à soutenir nos membres avec des projets structurants, des dons et des commandites», assure Stéphan Plante.
Cela étant dit, la Caisse a également décidé de fermer d’autres centres de services dans le nord de l’Ontario, soit ceux d’Espanola, à partir du 21 février prochain et de Hanmer à partir du 23 mai prochain.
Selon Stéphan Plante, les chiffres analysés par Desjardins montrent une diminution constante des transactions en personne. Entre 2019 et 2023, les opérations au comptoir ont chuté de 39 %, et celles aux guichets automatiques de 21 %. Selon les prévisions de Desjardins, cette tendance devrait s’accentuer au cours des cinq prochaines années.
Face à cette situation, l’institution soutient que «maintenir un centre de service avec si peu d’achalandage n’est plus viable».
Mais il reste difficile pour les résidents d’Azilda de l’envisager. «Mon mari était l’un des fondateurs de la Caisse. Ceci affecte notre petit village avec une population âgée», conclut Lovina Sivret.