le Mercredi 23 avril 2025
le Mardi 28 juillet 2020 17:26 Éditorial

L’AFO, raciste?

L’AGA de l’AFO à Sudbury en octobre 2019 — Photo : Archives
L’AGA de l’AFO à Sudbury en octobre 2019
Photo : Archives
Moins qu’on le dit, mais il y a toujours place à l’amélioration
L’AFO, raciste?
00:00 00:00

Un article de ONFR+ publié la semaine dernière en a fait sourciller plusieurs. L’article affirme que l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO) n’écoute pas les minorités raciales. Certains intervenants cités parlent même de blocage et de racisme. Nous savons que ça fait partie du travail des journalistes de brasser les choses — pour ne pas dire ça plus crument —, mais il est important de connaitre son sujet et parler aux bonnes personnes.

La première chose qu’il faut savoir, c’est que les minorités raciales et ethnoculturelles (MREF) ont une représentation et un poste de vice-présidence garantis au sein du conseil d’administration de l’AFO. De plus, au fil des ans, certains.es représentants.es régionaux ou de groupes identitaires (femmes, ainés.es, jeunes) au sein du conseil ont été comblés par des personnes issues de groupes racialisés. Depuis une dizaine d’années, il y a donc presque toujours eu de 3 à 5 personnes provenant des minorités raciales au CA. Cinq membres sur douze, ce n’est quand même pas rien. Cela sans compter plusieurs membres du personnel de l’AFO qui sont aussi issus de l’immigration.

Et c’est sans compter la plus récente initiative de l’AFO pour tenter de mieux rejoindre les minorités. Depuis près d’un an — la pandémie a évidemment tout ralenti — l’AFO a tenu quatre rencontres avec une trentaine de représentants de différents groupes multiethniques de partout en province afin d’arriver à un plan d’action. Le rapport de ce comité de travail est à l’étape de la rédaction et identifiera les actions qui sont du ressort de chacun — l’AFO n’est pas là pour dire aux minorités quoi faire —, mais aussi des pistes de collaboration. 

Il faut aussi ajouter le rôle politique de l’AFO, qui est souvent «allée au batte» pour des organismes multiculturels. Par exemple, il y a quelques années, c’est l’AFO qui a convaincu Patrimoine canadien de continuer à financer l’Union provinciale des minorités raciales et ethnoculturelles francophones (UP-MREF) et qui a hébergé gratuitement son employé. (L’UP-MREF n’existe plus aujourd’hui.) L’AFO a aussi réussi à convaincre le nouveau comité «Pour l’égalité des chances» du gouvernement Ford d’inclure des représentants des minorités ethniques francophones. On pourrait continuer.

L’histoire des séparations au sein des groupes multiethniques doit aussi être bien comprise. Plusieurs organismes d’immigrants sont cantonnés à l’origine nationale. Par exemple, il y a des associations de Camerounais, de Congolais ou d’Ivoiriens. Souvent, ces regroupements ne satisfont pas aux critères d’adhésion de l’AFO et il y a peu d’adhésions individuelles de la part de leurs membres. Or, quand on veut influencer une association comme l’AFO ou apporter des problèmes à son attention, il faut en faire partie. Il y a aussi des divisions entre les ressortissants de l’Afrique subsaharienne et ceux du Maghreb. L’AFO ne peut pas se mêler de ces malentendus.

Il est clair que l’AFO et la communauté franco-ontarienne dans son ensemble ont du chemin à faire pour vraiment bien intégrer et représenter les nouveaux Franco-Ontariens qui proviennent de partout dans le monde. Il en va de l’harmonie de notre communauté de plus en plus plurielle. Mais mettons dans nos poches les accusations de racisme — nous pourrons toujours les ressortir lors des vraies occasions de discrimination — et essayons de travailler ensemble.

NDLR : Réjean Grenier a fait partie du CA de l’AFO dans le passé.