le Mercredi 23 avril 2025
le Mercredi 11 octobre 2023 11:00 Éditorial

On récolte ce que l’on sème

  Photo : Shutterstock
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Éditorial — Voilà un titre qui serait approprié au lendemain de la fête de l’Action de grâce quand on remercie la vie et la nature pour ce qu’elles nous donnent. Mais disons que l’actualité des derniers jours donne une autre dimension à ce dicton. La flambée de violence entre le Hamas palestinien et l’État d’Israël en fin de semaine représente exactement le sens de cette citation.
On récolte ce que l’on sème
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Samedi dernier, des milliers de combattants palestiniens ont franchi les murs qui encerclent la Bande de Gaza et ont attaqué des villes à l’intérieur d’Israël. Ils ont tué ou pris en otages de nombreux civils et soldats israéliens. Prise par surprise, l’armée israélienne a finalement rétorqué en combattant avec les combattants encore sur son territoire et en bombardant plusieurs villes de la Bande de Gaza.

Ces canabatailles sont les plus meurtrières depuis longtemps, mais la tension qui sévit dans cette région persiste depuis la création d’Israël en 1947. Lors du décret de l’Organisation des Nations Unies créant Israël, le premier ministre britannique Winston Churchill aurait apparemment déclaré qu’il fallait appuyer cette décision, mais qu’elle serait cause de discorde pendant des années à venir. Nous n’avons pu trouver cette citation, mais, que Churchill l’ait prononcée ou non, elle demeure d’une grande perspicacité. 

Personne n’a été capable de régler le conflit que la création d’Israël a déclenché et, en fin de semaine, quelque 75 ans plus tard, Israël et la Palestine en récoltent encore une fois le fruit amer. En fait, le conflit dépasse les frontières de cette région puisque des Canadiens font partie des milliers de morts causées par cette dernière itération du conflit. 

Il faut dire que la solution est difficile et que l’histoire des 75 dernières années dans ce coin du monde ne laisse pas beaucoup d’espoir. Il y a bien eu les Accords d’Oslo il y a 30 ans qui entrevoyaient un semblant de solution. Ces Accords, négociés en secret pendant deux ans dans la capitale norvégienne et finalement signés à Washington en 1993, proposaient une autonomie temporaire de cinq ans pour les territoires palestiniens et posaient les bases pour des négociations de paix.

Malheureusement, les discussions de paix ont achoppé entre 1996 et 1999 sur les questions difficiles comme le statut de Jérusalem, le retour des milliers de réfugiés palestiniens et le redécoupage des territoires palestiniens. La seconde Intifada de 2000 sera le dernier clou dans le cercueil des négociations de paix.

Depuis, Israël a durci ses positions : murs autour des territoires palestiniens, contrôle des mouvements de leurs résidents, coupures régulières d’eau, d’électricité et du financement aux territoires occupés, appui aux colons israéliens qui s’installent sur les territoires palestiniens… la liste est longue.

Bezalel Smotrich, un des chefs de la droite orthodoxe juive maintenant au pouvoir dans la coalition gouvernementale du premier ministre Benyamin Netanyahou, va plus loin. Il parle ouvertement de la destruction de la Cisjordanie, un des deux territoires palestiniens.

Du côté palestinien, ce n’est pas mieux. Le Hamas de la Bande de Gaza et le Fatah en Cisjordanie semblent appuyer depuis des années les tirs de roquettes et les attentats meurtriers au cœur d’Israël. Avec l’attaque en fin de semaine, le Hamas donne encore plus de crédibilité à la droite israélienne. 

Les deux parties sèment encore une récolte empoisonnée.