Donald Trump a été plébiscité par la majorité du peuple américain. Et pour l’instant, les américains ne semblent pas être scandalisés par le traitement inamical, voire hostile réservé par leur président au Canada. Les temps changent.
Lorsque la Russie envahissait l’Ukraine en février 2022, le Canada entier s’était tourné vers ses frontières Nord, redoutant une menace future. Et face aux ambitions expansionnistes sino-russe en Arctique, les États Unis et le Canada devaient mieux coordonner leurs efforts pour sécuriser le territoire.
En ce temps-là, personne n’aurait soupçonné que, trois ans plus tard, la remise en cause des eaux territoriales du Canada viendrait plutôt de son allié et voisin immédiat. Et pas seulement, puisque en même temps que Donald Trump laissait entendre que l’Arctique devrait être une zone internationale, son cabinet ressassait devant les Premiers ministres canadiens l’énormité de faire de leur pays un 51e État.
Pendant ce temps, l’idée ne semble pas déplaire aux États Unis. On en fait des blagues, allant parfois jusqu’à des railleries déplacées sur les réseaux sociaux, signe qu’au-delà de la personne ubuesque de Donald Trump, le Canada n’a pas le pays voisin qu’il a toujours pensé avoir.
Car, à vrai dire, Donald Trump n’est que la partie émergente de l’iceberg. Les rétropédalages géopolitiques déroutants des États Unis ne peuvent pas émaner des seuls sauts d’humeur d’un Donald Trump et son retour à la Maison-Blanche.
La chute du régime de Bachar el-Assad en Syrie, avec le laisser-faire de la Russie, et la célérité avec laquelle le sort de l’Ukraine est en train d’être scellé sans l’Ukraine elle-même et l’Europe, laissent au moins penser qu’il y a eu du travail qui avait été fait en amont, en attendant le retour de celui qui a le dos large pour prendre sur lui l’infidélité que font les États Unis ouvertement à leurs alliés.
Et à ce niveau, les choses ne peuvent pas se faire sans l’implication des institutions névralgiques des États Unis. Entendre qu’un plan était sur la table pour un changement de cap qui pousse décidément jusqu’à renier les institutions internationales nées de l’après Deuxième guerre mondiale, et dans lesquelles les États Unis ont toujours joué un rôle central auprès des Alliés. Il convient de noter, que ceci advient au même moment où les BRICS, à leur tête la Chine et la Russie, travaillent pour un nouvel ordre mondial.
Il y a quelque chose de fondamental qui change et dans tout cela, le moment est peut-être venu pour le Canada d’envisager d’apprendre à voler de ses propres ailes, dans un monde qui plus ne lui est pas hostile. La grande sympathie dont jouit le Canada à l’échelle mondiale, notamment dans les pays du sud global, est une bonne base sur laquelle il convient de construire.