Sa victoire était presque assurée compte tenu du nombre écrasant d’appuis de la part de ministres du gouvernement et des député.e.s libéraux. Ce qui a causé la surprise, toutefois, fut la marge de sa victoire, soit 86 % des membres du parti qui ont voté. L’ancienne ministre des Finances et vice première-ministre, Chrystia Freeland, n’a récolté que huit pour cent des voix tandis que les deux autres candidats, Karina Gould et Frank Baylis, n’ont reçu que trois pour cent respectivement.
Cette victoire de M. Carney, ancien gouverneur de la Banque du Canada et de la Banque d’Angleterre, est aussi une victoire pour le Parti libéral qui sort de cette convention plus uni que jamais.
Ce fait est important compte tenu des menaces de tarifs douaniers et d’annexion du pays aux États-Unis proférés par le président américain Donald Trump au cours des dernières semaines.
Il permettra à M. Carney d’affronter notre voisin du Sud avec l’appui presque total de son parti et, s’il joue bien ses cartes, avec l‘appui unanime des premiers ministres provinciaux et territoriaux que M. Trudeau avait réussi à façonner depuis les dernières semaines.
Au niveau de la politique interne au Canada, cette victoire retentissante s’avère de bon augure pour les libéraux en vue des élections qui devraient avoir lieu prochainement. M. Carney pourra affronter le leader du Parti conservateur, M. Pierre Poilievre, à la tête d’un parti uni qui ne manifestera, du moins à la surface, aucune division interne.
De plus, le fait d’avoir gagné au premier tour du scrutin et sans réelle opposition donnera à M. Carney les coudées franches dans le choix des membres de son cabinet.
L’une des questions qui se pose toutefois est de savoir s’il a les instincts politiques nécessaires pour savoir et pouvoir faire face aux chefs des autres partis qui ont plusieurs années d’expérience dans l’arène politique. Son apprentissage devra être rapide et surtout efficace.
Il a certes des connaissances au niveau économique et ses années d’expérience en tant que gouverneur de deux banques centrales l’ont certes éduqué quant aux manœuvres d’arrière-scène qui se jouent en politique. Il devra savoir s’entourer rapidement de conseillères et de conseillers aguerris pour pouvoir naviguer les prochaines semaines avec aplomb face aux défis internes et externes qui l’attendent.
Il devra surtout exploiter avec compassion la forte vague de nationalisme qui déferle sur le Canada depuis l’arrivée au pouvoir de Donald Trump à la présidence des États-Unis. Il devra le faire avec conviction sans que cela ne soit perçu comme uniquement une stratégie politique, s’il veut conduire son parti à une victoire électorale. Bien que le Parti libéral ait gagné du terrain sur les conservateurs dans les récents sondages, ces derniers partent toujours avec une longueur d’avance pour former le prochain gouvernement. Ce qui ne les empêche pas de craindre M. Carney si l’on se fie à la publicité qu’ils ont déjà commencé à son égard.