le Mercredi 23 avril 2025
le Mercredi 19 mars 2025 11:00 Éditorial

La résignation inavouée de l’Europe

Contrairement à ce que peuvent laisser croire les apparences, l’Europe a pratiquement cédé sur l’essentiel des exigences de Donald Trump, à commencer par la revue à la hausse de son budget défense. Une bonne nouvelle pour l’industrie de l’armement aux États-Unis.
La résignation inavouée de l’Europe
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Avant même son retour à la Maison Blanche, Donald Trump martelait que les alliés de l’OTAN, à leur tête l’Europe, devraient investir au moins 5% de leur PIB (produit intérieur brut) dans l’acquisition davantage d’armement, contre 2% jusqu’alors. 

C’est désormais chose faite, puisque les 27 pays européens viennent de mettre 800 milliards d’euros sur la table pour leur défense, contre 326 millions d’euros en 2024. 

Au retour de sa visite à Washington, le président français, Emmanuel Macron, avait adressé un message à la nation, pour dire combien il était vital pour son pays d’augmenter son budget d’armement pour faire face au péril russe. Aussi, que la France était prête à déployer des soldats sur le sol ukrainien… le long du nouveau tracé frontalier qu’auront décidé les États Unis et la Russie! Et ceci, dans le cadre d’un accord scellé loin de l’Europe et sans l’Ukraine elle-même. 

Pourtant, Volodymyr Zelensky venait de passer un mauvais quart d’heure dans le bureau ovale, sous le regard du monde entier. 

Mais la résignation du président français était enrobée de mots de bravoure et autres diversions autour des ambitions expansionnistes de Vladimir Poutine.  

Il faut bien, après tout, justifier les mesures difficiles, et donc impopulaires, que le gouvernement français doit prendre sur le plan interne, notamment en matière de finances, pour mobiliser tant d’argent au service de l’industrie de l’armement. 

C’était à la veille de la réunion du Conseil européen extraordinaire du 6 mars à Bruxelles, où le budget de 800 milliards d’euros a été acté.   

Il est difficile de croire que tant d’argent servira à produire des munitions ou des chars sur le sol européen. L’industrie américaine de l’armement empochera la plus grande part. D’où les pressions préalables de Donald Trump. 

Pendant ce temps, un nouvel épisode semble se jouer en Ukraine. La capitulation de l’Ukraine ne semble plus suffir en tant que telle. Tout porte à croire que les choses évoluent vers un changement de régime. Volodymyr Zelensky n’étant dans les bonnes grâces ni de Donald Trump ni de Vladimir Poutine. 

L’Europe, n’ayant pas les capacités de faire barrage au diktat russo-américain, semble activer à minimiser les dégâts, du moins s’agissant du sort qui sera réservé à l’actuel président ukrainien. 

Pour la suite des choses, elle se contentera de la part de marché que lui cédera Donald Trump dans la reconstruction de l’Ukraine avec les richesses du sous-sol ukrainien.