Si les élections fédérales sont, par nature, une chose trop sérieuse, la conjoncture dans laquelle elles interviennent, cette fois-ci, exige la plus grande gravité.
La stratégie de campagne de Pierre Poilievre, qui consiste, décidément, en des attaques orientées vers la personne de Mark Carney, frôlant parfois les commérages des cours de récréation des écoles secondaires, risque de ne pas payer.
La raison est toute simple. Les Canadiennes et Canadiens sont trop préoccupés par les conséquences de la nouvelle politique américaine incarnée par Donald Trump, pour s’attarder ou motiver leur choix de vote par de mauvaises blagues sur l’accent ou la prononciation de Mark Carney.
Les Canadiennes et Canadiens se sentent d’abord menacés dans leur existence en tant que peuple souverain, évoluant sous l’emblème d’un pays indépendant. Ils se sentent ensuite menacés dans leur niveau de vie, en raison des tarifs douaniers qui sont graduellement mis en application par les États Unis.
Ce qu’ils veulent voir et entendre, ce sont des solutions, des mesures et des politiques capables, à la fois, de faire le poids face aux menaces de Donald Trump et de trouver de nouveaux partenariats stratégiques, tant économiques que sécuritaires, à l’international.
Et ce n’est certainement pas les squelettes que les conservateurs continueront à sortir de leur placard jusqu’au 28 avril qui risquent de faire barrage à Mark Carney.
C’est une question de bon sens : on ne fait pas bonne campagne en misant sur le dénigrement de son adversaire. Ceci est le propre des partis politiques qui n’ont pas de programme électoral sérieux à faire valoir.
On ne fait pas aussi bonne recette en tirant le niveau du débat politique vers le bas, comptant sur le soutien des milieux radicaux et populistes. C’est d’autant plus vrai en temps de crise, sachant que les Canadiennes et Canadiens ne prennent pas les menaces de Donald Trump pour une blague.
Au final, les électeurs retiendront des solutions sérieuses. Rien que des solutions sérieuses.