Leurs doléances ne sont pas nouvelles. En 2018, La Tribune publiait un article sur l’état lamentable de cette route. Les choses ne se sont pas améliorées depuis. À ce moment-là, le ministère des Transports avait promis de commencer à réparer la route en 2020.
«Le projet comprend la réfection des 36,5 km de la route 539 et l’amélioration de 5 km de la route 539A ainsi que des améliorations au drainage et aux éléments de sécurité. Les travaux pourraient s’étaler sur plusieurs années», avait alors indiqué l’agente de communication du ministère, Kristin Franks.
Mi-2022 et les organisateurs du festival de musique River & Sky préviennent les visiteurs de ne pas emprunter cette route. Le conseiller municipal Rolly Larabie dit que si la route n’est pas réparée bientôt, il y aura des conséquences sur l’économie de la région. Au printemps, la circulation est interdite aux camions à chargements lourds.
«Il faut que cette route soit construite à un niveau supérieur pour éliminer la nécessité de réduire les limites de chargement [au printemps]. Nous avons des lettres de compagnies comme New Age Metals, Inventus, des compagnies d’exploration minière, la carrière Coloured Aggregates et une autre compagnie juste au nord d’eux. Ils transportent de grosses pierres de River Valley le long de la route 17, jusqu’à Sundridge où ils les taillent pour faire des produits. À cause de toute cette circulation très lourde, la détérioration de la route s’est accélérée»,explique M. Larabie.

Le conseiller Rolly Larabie
Il ajoute que Miller Paving est venu faire du rapiéçage, «ce qui était bien», mais même les ouvriers lui ont dit que ça ne durerait pas compte tenu de la circulation accrue. «Coloured Aggregates veut doubler sa production. J’ai envoyé cette information au ministère. Leur réponse, c’est que la route 539 de River Valley à Warren aura un revêtement de gravier et goudron. Ça ne durera pas! Ils gaspillent de l’argent. Selon eux, nous n’avons pas la circulation, les nombres [pour justifier la reconstruction]. Mais ce que nous avons, c’est une circulation lourde, et ça devrait être pris en considération. Ces routes ne peuvent pas supporter ce genre de circulation, et nous voulons développer notre économie.»
M. Larabie ajoute que le nombre de campeurs est aussi en chute, alors que les autres régions profitent d’une croissance après la pandémie.
Demande d’explications
«On nous avait promis que la route serait faite au printemps de cette année», souligne M. Larabie. Il croit que la province a plutôt choisi de prioriser la route 11. Quant à l’argument d’une faible circulation, il fait remarquer que l’état de la route décourage justement les automobilistes à rouler dessus, ce qui contribue à diminuer la circulation.
Pendant la réunion du conseil municipal de Nipissing Ouest le 29 juin, M. Larabie a demandé que la municipalité rencontre la ministre des Transports, Caroline Mulroney, à la conférence de l’Association des municipalités de l’Ontario au mois d’aout. La mairesse Joanne Savage a reconnu que «cette route semble être dans le pire état qu’on ne l’ait vue jusqu’à présent». Or, elle a rappelé que le conseil avait approuvé le plan de réfection présenté par le ministère.
M. Larabie a précisé qu’il s’agissait de demander une explication quant au report des travaux prévus. Le conseiller Dan Roveda était d’accord. «[La ministre Mulroney] pourrait peut-être trouver une solution. Faisons une présentation pour renseigner Mme Mulroney sur l’état de la route et demander pourquoi les travaux ont été retardés.»
Un détour
Les résidents de River Valley attendront sans doute la réponse avec impatience. C’est le cas de Paulette Roy et Ron Eden, deux résidents de la route 539 qui en ont assez de faire réparer leur véhicule. «Chaque fois que je conduis, quelque chose tombe. Cette route n’est pas juste dangereuse, elle endommage les véhicules. Je viens de remplacer mes roulements de roue», déplore M. Eden. Il dit que la situation dure depuis 10 ans au moins, mais s’est empirée depuis 4 ans. Les deux résidents ont porté plainte au ministère, mais rien n’a été fait.
«Ils devaient le faire l’an dernier. J’en ai marre d’attendre. Qu’ils laissent ces gros camions tout détruire, je m’en fiche. On ne voit même plus de motos», dit M. Eden, qui fait maintenant un détour vers la route 64 lorsqu’il veut se rendre quelque part.