Cela remonte à il y a 37 ans qu’un ambassadeur de France au Canada était en visite officielle à Sudbury.
Contexte géopolitique oblige, Michel Miraillet a foulé le sol de la ville du nickel, dans la perspective de voir de plus près le potentiel sudburois en matière de minéraux critiques, des ressources qui se font de plus en plus rares dans le monde, étant donné leur apport essentiel et constitutif dans les nouvelles technologies et l’économie moderne.
La course effrénée et agressive lancée entre les États Unis et la Chine, mais aussi avec la Russie, autour du contrôle des terres rares, pousse l’Europe à porter son regard vers des horizons jusque-là modestement ou très peu explorés.
Raison pour laquelle l’ambassadeur de France pense que l’Europe doit, par exemple, importer du Canada plus de potasse, un des 34 minerais critiques (voir l’entretien avec M. Miraillet en page 3).

La cérémonie de lever du drapeau de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF).
Saisir le contexte géopolitique
Le maire du Grand Sudbury, Paul Lefebvre, qui en est conscient, veut saisir l’occasion pour poser sa ville sur la carte économique mondiale qui est en passe de se redessiner à force de rétropédalages géopolitiques.
«Je pense que les Européens regardent un peu autour du monde, un peu ce qui se passe, puis découvrent peut-être des centres intéressants qu’ils ne connaissaient pas avant. Ils découvrent qu’on a des racines francophones, qu’on parle en français et qu’on a une culture francophone, ici. On va échanger avec l’ambassadeur pour diversifier notre économie, rechercher des partenaires qui valorisent nos ententes et nos échanges commerciaux, et puis les respecter également», a-t-il déclaré au Voyageur.
Le Grand Sudbury a, certes, un grand bassin de ressources en la matière. Cependant, sur le plan de la transformation, mais aussi celui de la recherche universitaire, un segment essentiel pour le développement, la dynamique ne suit pas suffisamment (lire l’intervention du maire Lefebvre au Canadian Club Toronto en page 3).
Michel Miraillet, qui a eu, à l’occasion de sa visite, des rencontres avec les directions de l’Université de Sudbury et l’Université Laurentienne, y voit un potentiel de coopération universitaire.
«Je constate que nos grandes écoles, nos écoles d’ingénieurs spécialisées dans les mines qui existent depuis le 18e siècle, travaillent à fond avec l’Australie, avec l’Afrique du Sud,
les deux autres grands pays miniers, mais pas avec le Canada», a-t-il relevé.
Donc, a-t-il poursuivi, «je me suis dit que s’agissant de la capitale de la mine, qu’est Sudbury, l’essentiel était de voir de quelle façon on pouvait rapprocher, trouver des enseignements, rapprocher les formations avec l’École des mines de Nancy ou l’Université de Lorraine, qui ont de vraies capacités et qui ont toutes les deux des stands au PDAC, le grand salon mondial des mines qui se tient à Toronto».
Développer la recherche en français
Le maire Paul Lefebvre y voit, lui aussi, une opportunité pour le développement de la recherche, notamment en français : «Je pense qu’il y a un potentiel avec l’Université de Sudbury et l’Université Laurentienne, au niveau des minerais critiques et la recherche. Il y a beaucoup de choses qui se passent en France. Et au niveau francophone, on est peut-être un peu moins outillés, ici, dans notre région. On pourrait faire plus d’échanges. On va explorer les opportunités, puis je pense que ça va ouvrir des portes».
Le Consul honoraire de France à Sudbury et dans le Nord de l’Ontario, Federico Dudet-Bellanger, a souligné au Voyageur que «l’ambassadeur veut avoir une idée claire de la situation locale, pour ensuite mettre en liaison les bonnes personnes, au bon moment et avec les bons projets».
Pour Federico Dudet-Bellanger, cela «fait du sens» de «créer des liens avec des gens qui ont une culture similaire, qui parlent la même langue, qui ont des intérêts similaires et qui défendent les mêmes valeurs».
Se voulant plus explicite à l’endroit des États Unis, il a ajouté : «Les pays qui s’égarent, ça arrive très souvent dans l’histoire de l’humanité, mais c’est là où il faut solidifier nos valeurs, nos principes entre pays, entre gens, et si on parle en plus la même langue, comme dans ce cas le français, ça va être encore plus facile».