le Mercredi 23 avril 2025
le Vendredi 26 juin 2020 17:38 Politique

Traduction en temps de pandémie : pas une panacée en Ontario

Traduction des conférences de presse du premier ministre Doug Ford. — Crédit : © Imprimeur de la Reine pour l’Ontario, 2020.
Traduction des conférences de presse du premier ministre Doug Ford.
Crédit : © Imprimeur de la Reine pour l’Ontario, 2020.
Le volume de traduction au gouvernement de l’Ontario a augmenté de 20 %
Traduction en temps de pandémie : pas une panacée en Ontario
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Au Canada, une politique de bilinguisme n’est pas une garantie de services bilingues, comme on a pu le voir depuis la pandémie de COVID-19. Qu’en est-il dans une province unilingue anglaise comme l’Ontario?

Vingt-six régions sont désignées en vertu de la Loi sur les services en français de l’Ontario. En mars-avril-mai 2020, le volume de traduction au gouvernement de l’Ontario a augmenté de 20 % par rapport à la même période l’an passé.

Selon le directeur des communications stratégiques au ministère des Affaires francophones, Charles Jean Sucsan, «on peut présumer que la pandémie de COVID-19 et le volume de messages publiés sur les différentes plateformes du gouvernement afin d’informer la population en cette période de crise ont contribué à cette augmentation».

Ce volume de traduction ne tient pas compte des autres dispositions spécifiques mises en place pour communiquer avec les francophones durant la pandémie. Cela inclut la traduction simultanée (sous-titres et bande sonore) des conférences de presse du premier ministre et du médecin hygiéniste en chef de l’Ontario.

Caroline Mulroney

Dès la fin mars, la ministre des Affaires francophones, Caroline Mulroney, indiquait que son gouvernement se concentrait sur la crise de santé publique. «Nous regardons aussi, ajoutait-elle, les options pour améliorer la communication en français.»

Crédit : Courtoisie

Il a cependant fallu attendre deux mois avant que la ministre Mulroney ne soit invitée à une conférence de presse du premier ministre, au même titre que ses collègues de la Santé et des Soins de longue durée. Dès que Radio-Canada a entrepris de traduire des extraits des conférences de presse lors de ses bulletins de nouvelles, on n’a plus revu Mme Mulroney.

La ministre déclarait le 16 avril dernier que les points de presse seraient désormais traduits en français sur les chaines YouTube du gouvernement. «Notre gouvernement reconnait les besoins exprimés par les francophones et nous nous efforçons tous les jours pour veiller à ce que tous les Ontariennes et Ontariens aient l’information dont ils ont besoin dans la langue officielle de leur choix.»

Santé et Soins de longue durée

Le ministère de la Santé et plus particulièrement celui des Soins de longue font régulièrement appel à des traducteurs pigistes pour répondre à la demande. Le porte-parole auprès des médias pour le ministère des Soins de longue durée, Macey Aramburo, note que «les documents sont d’abord rédigés en anglais parce que c’est plus pratique». Elle ajoute tout de go qu’il ne s’agit cependant pas d’une politique.

Ironie du sort, au ministère de la Santé, il peut arriver qu’un journaliste se fasse demander de poser ses questions en anglais pour obtenir des réponses sur la traduction en français, et ce, en dépit des dispositions de la Loi sur les services en français.

Travailler en amont

Charles Jean Sucsan tient à souligner que la directive sur les communications en français du gouvernement de l’Ontario recommande des pratiques exemplaires aux ministères et organismes gouvernementaux. «Ils sont invités à considérer et à incorporer les besoins de la communauté francophone dans le développement de leurs stratégies de communication.»

Selon le ministère des Affaires francophones, il ne faut pas penser à la traduction vers le français une fois que le texte anglais a été rédigé et est prêt à être diffusé. La réalité franco-ontarienne doit être considérée en amont. Cela peut influer sur le contenu d’un communiqué, d’un document d’information ou d’une annonce.