le Mercredi 23 avril 2025
le Samedi 30 Décembre 2023 6:30 Environnement

Expérience avec la saumure pour réduire le cout du déneigement

  Photo  : Shutterstock
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Timmins — La Ville de Timmins a opté pour la saumure, une solution liquide, pour réduire les quantités de sel solide (chlorure de sodium) appliquées sur les routes à forte circulation durant l’hiver 2023-2024. La démarche vise aussi à réduire les risques de détérioration du sol lors du déneigement.
Expérience avec la saumure pour réduire le cout du déneigement
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Le directeur des travaux publics, Shane Skinner, assure que cette alternative réduira les dépenses en même temps qu’elle aura un meilleur impact sur l’environnement. 

Le service des travaux publics de la ville de Timmins a utilisé plus de 7537 tonnes de sel solide et plus de 13463 tonnes de sable durant la saison hivernale allant du 1er octobre 2022 au 30 avril 2023, selon le directeur Shane Skinner.

Ce qui a couté plus de 1,123 million $ en sel, puisque le cout de la tonne de sel solide se chiffrait à 149 $ en 2022-2023. 

Shane Skinner explique que le sel sec ne protège pas pour autant la chaussée au moment de briser son lien avec la glace. Ce qui engendre d’autres couts pour la réparation du revêtement bitumineux.

«La saumure est utilisée pour l’antigivrage. Lorsqu’elle est appliquée avant un évènement hivernal, elle empêche la neige et le verglas de former un lien avec la chaussée. Cela permet aux équipes routières d’effectuer leurs tournées de déneigement et de remettre les routes en état de manière plus efficace», indique-t-il. 

Processus 

La Ville de Timmins ne va cependant pas cesser d’utiliser le sel solide. Le principe est d’introduire la solution liquide pour rendre plus efficace une moindre quantité de sel. «La saumure donne un coup de pouce au sel en permettant à sa nature hygroscopique d’attirer l’humidité vers lui, ce qui permet à la saumure de se former plus rapidement sur la route. Elle diminue la quantité de déglaçant requis. De même qu’elle permet la fusion du sel à plus basse température», note-t-il.

Source : Le Guide des bonnes pratiques d’épandage du ministère des Transports du Québec (2019).

En effet, plus la température de la surface est basse, plus le chlorure de sodium agit lentement. Ce qui augmente le temps et les couts pour le déneigement. 

Selon Le Guide des bonnes pratiques d’épandage de 2019 du ministère des Transports du Québec, une température du sol plus basse que -7°C peut rendre l’action du sel moins efficace. Précisons  que la température du sol peut être plus basse que la température ambiante.   

«Plus la température [du sol] est proche de 0°C, plus la neige contient une grande proportion d’eau. La neige humide ou mouillée réagit très bien aux fondants, puisqu’elle contient une grande quantité d’eau et que les températures sont généralement favorables à la dissolution du sel. Toutefois, si cette neige n’est pas traitée, elle a tendance à se compacter et à glacer par l’action du trafic», souligne-t-on dans le guide. 

Des quantités variant entre 50 et 80 kilogrammes par kilomètre peuvent être appliquées au besoin, à des températures proches de 0°C. Entre -7 et – 12°C, les quantités de sel à répandre au kilomètre pour permettre un déneigement plus efficace peuvent s’élever à 180 kilogrammes (voir le tableau). 

Shane Skinner

Photo : LinkdIn, avec permission

Impact sur l’environnement 

Naturellement donc, plus les quantités de chlorure de sodium sont grandes, plus l’impact négatif sur l’environnement est important et que les risques de contamination des lacs et du milieu naturel augmentent. 

Une évaluation menée par Environnement Canada et Santé Canada en 2001, nommée Rapport d’évaluation pour les sels de voirie, explique le processus d’infiltration : «Tous les ions chlorure qui pénètrent dans le sol et les eaux souterraines atteindront éventuellement les eaux de surface : quelques années à quelques décennies ou plus peuvent être nécessaires pour que les concentrations dans les eaux souterraines atteignent l’état d’équilibre. Les préoccupations qui concernent les sels de voirie touchent tous les milieux environnementaux à cause de leur dispersion générale dans l’environnement.»

C’est la raison pour laquelle la Ville de Timmins plaide pour l’alternative que constitue la saumure. «La saumure est conforme aux paramètres de l’OPSS Muni 2501, selon lesquels le liquide doit avoir un PH compris entre 6 et 9, ce qui le rend proche de la neutralité. La quantité requise est plus faible que celle du sel, c’est pourquoi la saumure est moins corrosive et plus respectueuse de l’environnement», souligne Shane Skinner. 

Il ajoute que le liquide déversé sur les routes favorise une dispersion du sel moins importante, pour une meilleure concentration sur la chaussée. “Ce qui signifie moins de quantités utilisées et moins de risques de contamination hors site», relève-t-il. 

Estimation des épargnes

Shane Skinner n’a pas, pour l’instant, une estimation exacte des quantités de sels solides et des couts qui seront sauvés au cours de la saison 2023-2024.

«Cependant, des études récentes ont montré qu’il faut quatre fois moins de sel pour prévenir l’accumulation de glace que pour l’enlever une fois qu’elle s’est formée. Ces données proviennent d’une étude parrainée par le département des transports de l’État de New York», fait-il savoir. 

Selon un article du New York Times datant de janvier 2022 et citant le commissaire aux routes du comté de Jefferson, dans l’État du Wisconsin, le passage à une solution de saumure avait permis au comté de «réduire sa consommation de sel jusqu’à 60 % depuis 2018». En utilisant moins de sel, le comté a aussi «réduit de 20 % depuis 2018 ses couts globaux d’entretien hivernal des autoroutes nationales et départementales, économisant environ 1,6 million $». 

Pour l’heure, la Ville de Timmins compte faire un usage de la saumure selon les conditions météorologiques et la classification des routes. 

Un communiqué de la ville précise que le département des travaux publics continuera à utiliser du sel solide sur les routes secondaires, les routes résidentielles et les routes de campagne, qui connaissent une moindre circulation.