C’est le message que le maire de la ville, Paul Lefebvre, a livré lors d’une allocution prononcée au Canadian Club Toronto, le jeudi 27 mars, dans le cadre d’un panel intitulé «Mining in the New Political Era», composé, en plus de M. Lefebvre, des chefs de file de l’industrie Perry Dellelce, Heather Exner-Pirot ainsi que l’animateur Matthew Bondy.
«Le Grand Sudbury et ses partenaires dans l’ensemble de l’Ontario sont positionnés stratégiquement pour aider le Canada à mener sur les deux fronts tout en consolidant notre propre souveraineté économique», a-t-il d’emblée déclaré.
«Le Canada est reconnu mondialement à titre de puissance minière dont les activités dans le domaine sont plus viables et innovatrices que partout ailleurs. Il nous faut accélérer l’extraction et la transformation des ressources pour tirer profit de la pleine valeur des minéraux critiques».
M. Lefebvre a noté que le Grand Sudbury compte neuf mines de métaux communs, deux raffineries, deux fonderies et une mine de traitement en exploitation, ainsi que dix autres mines en développement. Le complexe minier intégré de la ville compte 19 500 travailleurs dans le secteur des mines, de la transformation et de l’approvisionnement.
De plus, la région a plus de 300 compagnies dans le domaine des services et de l’approvisionnement, contribuant ainsi grandement à l’économie canadienne sans mentionner les établissements de recherche et de formation que sont l’Université Laurentienne et les deux collèges communautaires Boréal et Cambrian.
Toutes ces composantes font de la ville un chef de file de l’Innovation durable. «Le Canada ne profite pas suffisamment de cet avantage stratégique pour contribuer à la croissance et la prospérité, ainsi que pour contrecarrer les menaces géopolitiques», a-t-il dit.
Réduire la dépendance
Il a mis l’emphase sur les partenariats avec les communautés autochtones, soit les Premières Nations Atikameksheng Anishnawbek et Wahnapitei, lesquelles contribuent à la réconciliation et au développement économique. Il a indiqué que ces communautés veulent mettre leurs connaissances et leur expertise au service des efforts d’expansion, créant ainsi un modèle pour le développement futur des ressources au Canada.
Le maire a mentionné la demande croissante pour des minéraux dans le secteur des semiconducteurs et des technologies de batteries, ainsi que la défense. «On évalue que la demande nord-américaine de minéraux dans le secteur augmentera de 500 % d’ici 2045. Le Canada et certainement l’Ontario ont un rôle à jouer en raison des régions stratégiques comme le Grand Sudbury», a-t-il poursuivi.
Afin de réduire la dépendance sur la Chine et d’atténuer les risques pour les chaînes d’approvisionnement de minéraux critiques, M. Lefebvre a insisté sur l’importance d’exploiter et de traiter les minéraux au Canada.
«Le Grand Sudbury n’est pas d’accord qu’on envoie les matières premières au sud du pays, sans valeur ajoutée ici chez nous, ce qui créerait des emplois, attirerait des investissements et raffirmerait la position du Canada sur la scène internationale», a-t-il dit.
Il a mentionné trois grandes étapes : l’accélération de l’exploration et du développement de nouveaux projets miniers, la mise en place d’une capacité d’affinage et de traitement et, enfin, l’établissement de partenariats stratégiques avec les investisseurs, les chefs de file de l’industrie, les communautés et les gouvernements.
« Nous avons les terres, le talent, les ressources et plus de 100 ans d’expérience dans le traitement des minerais, a-t-il déclaré. Les leaders de nos communautés autochtones locales répondent présents à conclure un partenariat avec le gouvernement du premier ministre Ford pour passer à l’action »
«Le monde veut les minéraux critiques du Canada»
Au cours du panel qui a suivi l’allocution du maire Lefebvre, M. Dellelce, avocat torontois originaire de Sudbury, s’est dit d’accord que la ville de Sudbury est très bien placée pour devenir un centre stratégique de minéraux critiques.
«Il y a plus de minerais dans le sous-sol du Bassin de Sudbury que le monde peut utiliser», a-t-il déclaré. Selon lui, le Grand Sudbury n’a jamais de problème pour attirer du financement pour l’exploration et le développement minier. C’est le domaine de la transformation qui fait défaut, a-t-il poursuivi.
Selon Heather Exner-Pirot, directrice des ressources naturelles, de l’énergie et de l’environnement à l’Institut Macdonald-Laurier, la réglementation fédérale empêche le Canada d’atteindre son plein potentiel. «Nous pourrions produire davantage», a-t-elle déclaré en mentionnant le rapport de l’Association minière du Canada, lequel a révélé que, depuis 2012, la production du nickel, du graphite et du magnésium est en baisse de 30 à 40 %.
Selon elle, une loi fédérale adoptée en 2019 est grandement responsable de cette baisse. Elle s’est dite d’accord avec M. Dellelce à l’effet que le Canada ne manque pas de minerais à exploiter; c’est l’aspect de la transformation qui doit être amélioré.
En conclusion, le maire Lefebvre a indiqué que le monde veut les minéraux critiques du Canada et que, par conséquent, le pays a l’occasion d’être un chef de file, d’innover et de raffermir son rôle dans les secteurs d’activités de l’avenir.
Il a aussi mentionné la façon dont la prochaine mission commerciale du Grand Sudbury en Corée du Sud et au Japon devrait contribuer à des partenariats stratégiques.