La réaction de la communauté francophone a été virulente. Ça aussi, je le comprends, je l’accepte et je compatis.
Parce que ma francophonie, moi aussi j’y tiens.
Et si je la vis avec fierté tous les jours, c’est en grande partie grâce à la Laurentienne.
Je n’ai jamais vraiment compris pourquoi on ne pouvait concilier la protection du français au choix d’étudier au sein d’une université bilingue.
Dans mon cas, venant d’un milieu modeste, la proximité et l’accessibilité de la Laurentienne étaient tout aussi importantes que le choix de la langue, mais je suis redevable d’avoir pu étudier en français et d’avoir connu une carrière bien remplie grâce à ma maitrise des deux langues.
Pour mes deux filles, la décision d’étudier à la Laurentienne était motivée par d’autres facteurs et elles ont pris des chemins différents, l’une ayant choisi d’étudier principalement en anglais et l’autre d’abord en français. Des choix pragmatiques liés aux exigences du marché du travail dans leurs disciplines respectives.
Après plus de 20 ans dans le domaine des ressources humaines, j’en ai vu des conflits et des crises. Parfois, on n’y peut rien. On sait que ça va faire mal et on ne peut que constater les dégâts. Et c’est à ce moment précis qu’une réflexion s’impose : on fait quoi maintenant?
En ce qui me concerne, une fois la tempête passée, on fait le tri de ce qu’on garde et de ce qu’on met de côté. On se retrousse les manches et on regarde en avant.
Il y a eu des choses difficiles à avaler et il est toujours plus simple d’essayer de trouver des coupables, de pointer quelqu’un ou quelque chose du doigt.
Avec le dépôt des deux rapports indépendants sur la gouvernance et les opérations à la Laurentienne, on a crevé l’abcès. Si nous n’avons pas su prévenir, le moment est venu de guérir.
Quand la vie nous donne la chance d’avoir un «reset», il faut en profiter.
Je ne prétends pas avoir le monopole de la vérité, ni de parler pour l’ensemble de la communauté francophone.
Je crois au principe de la coexistence et au respect des choix et des besoins de chacun. Il est grand temps qu’on cesse de s’entredéchirer quant à l’avenir de la Laurentienne.
J’ai confiance que nous arriverons à rebâtir quelque chose qui répondra mieux à la volonté des étudiants, aux besoins de la communauté et aux exigences du marché.
Pour que le «reset» fonctionne, il faut un changement de «mindset», mais ce principe peut s’avérer, en bout de ligne, l’obstacle le plus redoutable.
Depuis plus de 60 ans, la communauté francophone a réussi à faire sa place à la Laurentienne en raison de sa capacité d’adaptation et son souci de faire du vivre-ensemble une valeur fondamentale.
Cela demeure sans doute le plus bel héritage qu’on peut laisser aux générations qui suivront.
Carole Audet
Consultante en ressources humaines, fière diplômée de la Laurentienne avec un Baccalauréat spécialisé en commerce