En utilisant ce titre, loin de moi l’idée de concurrencer l’illustre Émile Zola qui a écrit plus de 400 pages sur le sujet. Mais en guise d’introduction, permettez-moi plutôt de citer un auteur contemporain, Dan Fesperman, qui dans son roman L’écrivain public — que je recommande chaudement — écrit : «[…] l’argent a ses lois et ses servitudes, plus importantes pour eux que le respect de leur pays». Quand il écrit «pour eux», Fesperman parle des banquiers. Nous reviendrons aux banquiers plus loin. Commençons plutôt par les fraudeurs.
Les journaux La Presse et le Globe and Mail nous apprenaient récemment que les gouvernements de l’Ontario et du Québec se sont presque fait flouer par des espèces de filous qui tentaient de se faire une piasse en profitant de la pandémie du coronavirus. L’Ontario s’en est sortie sans trop de problèmes, mais le Québec doit recourir aux tribunaux pour récupérer son argent.
L’histoire ontarienne commence à la fin mars, en pleine montée de la COVID-19. Les cas grimpent en flèche, quelques jours avant que le premier ministre Ford annonce que le stock de masques N95 ne durera pas plus d’une semaine. Le gouvernement ontarien, comme tous les gouvernements de la terre, tente désespérément de trouver des masques pour protéger les travailleurs du secteur médical. Il fait alors affaire avec une société de placements américaine pour acheter un million de masques.
Cette société affirme pouvoir en obtenir du plus important fabricant, 3M au Minnesota. Le 4 avril, le gouvernement émet une lettre de financement expliquant que la somme sera versée en fiducie dans deux jours. Le lendemain, l’entente tombe à l’eau quand 3M affirme ne pas connaitre et ne pas faire affaire avec cette société de placement. L’argent ne sera jamais déboursé.
Le Québec n’aura pas été aussi chanceux. Au début avril, un homme qui se présente comme un homme d’affaires québécois fait une offre des plus alléchantes au gouvernement québécois. Il affirme pouvoir mettre la main sur cinq-millions de masques N95.
Dans la quête de masques qui ressemble de plus en plus au Far West, le Centre hospitalier universitaire (CHU) de Québec, mandaté par la province pour acheter de l’équipement médical, passe une commande de plus de 45 millions de dollars pour ces masques.
La somme est versée à une compagnie de l’individu. L’argent ne sera finalement pas transféré lorsque la banque qui s’occupe de la transaction découvre plusieurs anomalies. De plus, la société 3M avise les autorités financières qu’il n’y a plus de masques et que quiconque prétend y avoir accès est suspect.
Mais à ce jour, l’argent est toujours dans le compte bancaire du filou qui a incorporé sa société en décembre 2019 et qui vit en appartement à Brossard. La province a obtenu qu’un juge ordonne la saisie des 45 millions $, mais la cause est toujours devant les tribunaux.
Ces deux cas relèvent évidemment de l’arnaque, mais il y a une panoplie de profiteurs qui tentent de tirer profit de la pandémie actuelle. La Société des loteries et des jeux de l’Ontario par exemple, qui dans des messages publicitaires incite les gens à acheter ses billets en ligne en omettant de mentionner qu’il y a des frais supplémentaires sur les achats par cartes de crédit.
Comme Bell aussi, qui augmente ses frais d’internet alors que ce service est de plus en plus essentiel pour ceux qui doivent faire du télétravail.
Comme nos banques qui annoncent que leurs clients qui éprouvent des difficultés financières dues à la pandémie peuvent sauter leurs paiements, mais sans dévoiler que les intérêts continueront à courir et donc à augmenter. Et je ne parle même pas des taux d’intérêt usuraires des cartes de crédit.
Le coronavirus nous aura fait découvrir de véritables héros, mais il aura aussi mis à jour la cupidité sans bornes de certains. Ah, l’argent!