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L’Ontario compte 46 établissements postsecondaires : 24 collèges et 22 universités. Pour les représentantes de l’Acfas-Nouvel-Ontario et de l’Acfas-Toronto, rassembler les chercheuses et les chercheurs d’expression française constitue un défi de taille.
«En 2021, quand je suis arrivée à l’Université de l’Ontario français, une des premières choses à laquelle j’ai participé, c’est créer une section Toronto de l’Acfas [au Centre-Sud-Ouest] pour fédérer les chercheurs», explique Linda Cardinal.
La vice-rectrice adjointe à la recherche à l’Université de l’Ontario français et présidente de l’Acfas-Toronto se fait une mission de mobiliser les scientifiques francophones dans le Centre-Sud-Ouest de la province qui se trouvent souvent dans des établissements anglophones.
«Ça prend énormément de volonté parce qu’ils sont cachés. On les découvre quand ils deviennent membres de l’Acfas», précise-t-elle.
Dans cette quête d’élargir la communauté francophone de la recherche, les Acfas régionales de l’Ontario accueillent des scientifiques des collèges communautaires de la province où sont menés de nombreux projets de recherche appliquée.
«Il y a un grand brassage en ce moment dans le milieu scientifique sur les nouvelles formes de recherche, sur la reconnaissance des formes de recherche. En milieu francophone, on a intérêt à être inclusifs. Il y a une demande de recherche de la part de nos milieux et c’est une façon de mieux comprendre son environnement», explique Linda Cardinal.
L’Acfas-Nouvel-Ontario, qui accueille depuis quelques années des chercheuses et des chercheurs du collégial parmi ses membres, tiendra cette année sa 31e Journée des sciences et savoirs (JSS) au Collège Boréal de Sudbury.
Pour la présidente de la section régionale, Valérie Gauthier-Fortin, il s’agit d’un pas dans la bonne direction pour encourager les membres de la communauté étudiante du collège à présenter leurs recherches.
«Ils sont souvent oubliés, mais leurs recherches sont importantes pour contribuer à la relève, pour contribuer aux recherches qui nous représentent, qui nous parlent, qui portent sur notre communauté», explique-t-elle.
Le savoir et le dire : itinéraires de la recherche en français
L’Acfas et ses six sections régionales présentent le balado Le savoir et le dire : itinéraires de la recherche en français. La série propose un voyage d’ouest en est en six épisodes pour explorer les défis, les avancées et les espoirs de la communauté scientifique francophone au pays.
Tous les épisodes se trouvent sur acfas.ca et sur votre plateforme de baladodiffusion préférée.
L’importance de valoriser la recherche en français
«Le métier de chercheuse et de chercheur, ça s’apprend comme n’importe quel autre métier, soutient Christiane Bernier, professeure émérite de sociologie à l’Université Laurentienne de Sudbury qui a présidé l’Acfas-Sudbury de 2004 à 2006, avant que cette antenne ne devienne l’Acfas-Nouvel-Ontario, en 2023.
Selon elle, l’accueil de chercheuses et de chercheurs de la relève doit se faire dans certaines conditions pour favoriser leur succès. Parmi celles-ci, elle note la présence d’une communauté scientifique à laquelle ils peuvent se joindre, l’appui de membres du corps professoral et des pairs ainsi que l’accès à des moyens de diffusion des résultats.
«La JSS est souvent une première expérience de congrès pour des nouveaux chercheurs, pour des jeunes chercheurs débutants qui présentent [leurs travaux] avec des chercheurs plus aguerris», expose Valérie Gauthier-Fortin
Depuis de nombreuses années, l’Acfas-Nouvel-Ontario publie les actes de colloques des JSS. Un outil déterminant de l’intégration de la relève au milieu de la recherche selon Christiane Bernier.
«[Les actes], c’est souvent leur première publication et c’est très important. Non seulement pour ce que ça donne au niveau de la recherche, mais pour la fierté même de la chercheuse ou du chercheur qui se voit à ce moment-là comme participant à un groupe plus large», explique-t-elle.
Mieux financer pour assurer la pérennité
La recherche en français en contexte minoritaire est essentielle pour comprendre et faire avancer son milieu selon Linda Cardinal.
«On est dans un espace qui est l’Ontario français, la francophonie canadienne, où, comme jamais auparavant, on nous demande de travailler à l’avancement du milieu avec la recherche. Si les gens qui travaillent dans des milieux – que ce soit l’immigration, la santé – et ne s’appuient pas sur des données scientifiques, ils n’ont aucune crédibilité», insiste la chercheuse.
Dans son plus récent Plan d’action pour les langues officielles, le gouvernement fédéral a affecté 8,5 millions de dollars sur cinq ans à la recherche scientifique en français.
«Ce n’est pas beaucoup, déplore Linda Cardinal, mais c’est au moins un pas de plus. Il faut voir le verre à moitié plein.»
Le financement, qui est non seulement nécessaire à la réalisation de projets de recherche, assure la constance de la diffusion des résultats, notamment dans les revues scientifiques comme Enjeux et société et la Revue du Nouvel-Ontario. Un point essentiel selon Christiane Bernier.
«[Le financement permet de] continuer aussi dans le souci d’innovation pour la diffusion des résultats […] La recherche en français en Ontario va se poursuivre certainement, poursuit Christiane Bernier, mais on doit lui donner les moyens.»
La valeur essentielle de la recherche en français en Ontario n’est plus à prouver. Sa pérennité et son dynamisme dépendent toutefois du maintien de conditions gagnantes dont l’engagement des chercheuses et des chercheurs, la diffusion des résultats à grande échelle et la stabilité du financement.