Au cours des cinq années où elle a enseigné aux élèves de 5e et 6e année, Mme Quesnelle a organisé toutes sortes d’activités et a utilisé plusieurs techniques d’enseignement pour partager avec les élèves sa passion pour la démocratie.

Ses efforts vont au-delà du vote étudiant — ce qu’elle a fait pendant les élections municipales, provinciale et fédérale. Elle a aussi fait venir des candidats locaux dans sa classe. Pendant la campagne fédérale de 2019 par exemple, tous les candidats de Nickel Belt sont passés dans sa classe. 

Elle a encouragé des élèves à se présenter à des assemblées publiques municipales (townhall) à Azilda. «Il y a rarement des jeunes dans ces rencontres-là», dit-elle. 

Quand il y a des élections, les élèves ont comme devoir d’en parler avec leurs parents. «Ils n’ont pas besoin d’être d’accord ou pas d’accord avec leurs parents!»

Pour ces activités, elle s’inspire beaucoup du matériel non partisan produit par CIVIX, un organisme canadien créé en Ontario 2003 pour promouvoir la démocratie et l’engagement civique. Ils fournissent entre autres les outils pour tenir des votes étudiants lors d’élections municipales, provinciales et fédérales et d’autres ressources pour les enseignants.

À lire : Anne Quesnelle a participé activement au projet La Ruchée de la Fédération culturelle canadienne-française.

Travail d’équipe

«Je ne travaille jamais seule, j’ai toujours d’autres enseignantes qui m’appuient», lance Mme Quesnelle pour souligner que ce prix ne lui appartient pas entièrement. Elle a effectivement eu l’aide d’une autre enseignante, celle qui a soumis sa candidature d’ailleurs. Anne Quesnelle dit surtout être celle qui aime prendre la tête des projets et qui n’hésite pas à être la porte-parole pour ceux-ci.

Une candidature n’était par contre pas suffisante pour être choisie. Mme Quesnelle a aussi dû passer une entrevue de près de deux heures avec l’équipe de CIVIX.

En plus d’utiliser le matériel de CIVIX, Mme Quesnelle a participé à deux camps de démocratie organisés par l’organisme. Les participants y rencontrent des politiciens et des journalistes, ils ont des discussions sur les institutions démocratiques.

«Au-delà des quatre murs»

Si elle s’engage autant, c’est parce qu’elle croit que l’enseignement va «au-delà des quatre murs» de la classe.

À l’intérieur de ces murs, elle fait preuve d’ingéniosité pour inclure des éléments de démocratie dans l’enseignement du curriculum. Par exemple, lorsque vient le temps d’apprendre à écrire des lettres, pourquoi ne pas écrire une lettre à un conseiller municipal.

«Il y a deux ans, on s’est prononcé sur les pistes cyclables à Azilda et les élèves ont été motivés. Ils m’ont demandé : “Madame, est-ce qu’on peut écrire des lettres à la Ville”.» Une campagne qui leur a permis de rencontrer le conseiller du Quartier 4 de l’époque, Geoff McCausland.

La même campagne a permis de convaincre 80 % des élèves de l’école d’utiliser leur vélo pendant tout le mois de juin 2022. L’école a remporté un prix de sensibilisation environnementale nationale pour cette réalisation. 

«Tout est relié. Pour moi, c’est par cet enseignement démocratique que l’élève doit comprendre qu’il est important, dit Mme Quesnelle. En mettant le monde réel dans la vie de tous les jours d’un élève, ça prend toute une autre importance, ce n’est pas juste une tâche. Ça devient une plateforme pour se faire entendre. Et je pense que les élèves ont besoin de ça.»

Si elle y met autant d’efforts, c’est parce qu’elle veut créer une société qui partage des valeurs communes. Elle veut que lorsque ses élèves auront entre 18 et 25 ans — le groupe d’âge qui vote le moins —, ils aillent voter. Ils auront vu et compris que ce n’est pas compliqué.

«C’est le temps de leur vie où ils sont en train de décider de leurs études, de leurs futures carrières. C’est donc important qu’on les entende, mais s’ils ne se prononcent pas», on ne les entendra pas.