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le Mardi 4 octobre 2022 23:22 Francophonie

À la croisée des arts et de l’ingénierie, vous trouverez Alain Richard

Nous avons discuté avec le président de la Place des Arts, Alain Richard, le 30 septembre. — Photo : Julien Cayouette
Nous avons discuté avec le président de la Place des Arts, Alain Richard, le 30 septembre.
Photo : Julien Cayouette
Hearst-Sudbury — Alain Richard est passé d’inconnu à Sudbury à président du conseil d’administration du grand projet commun des organismes culturels francophones en une dizaine d’années. Une passion qui peut surprendre lorsqu’on apprend qu’il est ingénieur. Il vient de tirer sa révérence au CA du Centre franco-ontarien de folklore après y avoir consacré beaucoup d’heures au cours de la dernière décennie.
À la croisée des arts et de l’ingénierie, vous trouverez Alain Richard
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Notre entrevue avec le président de la Place des Arts ne s’est pas déroulée à la Place des Arts, mais dans les bureaux de son employeur, Bestech. Un peu une façon de rappeler qu’il a bel et bien plus d’une passion. 

Alain Richard a grandi à Hearst et est diplômé de l’École secondaire catholique de Hearst. Il a obtenu un baccalauréat en technologie à Toronto. En grimpant les échelons lors de son emploi d’étudiant chez UPS, il en a eu l’occasion de superviser une équipe d’une quinzaine d’employés. Une expérience qu’il a appréciée et qui l’a encouragée à faire sa maitrise en ingénierie à Thunder Bay. 

Après un emploi qui ne lui plaisait pas trop dans le Temiskaming, il a finalement obtenu un poste de consultant chez Bestech en 2011. Il a été coordonnateur pour divers projets, gestionnaire et a fait des études de faisabilité. Depuis un an, il est chef de projet pour l’électricité dans le projet de raffinerie de cobalt, à Cobalt. 

Et les arts dans tout ça?

Cette partie professionnelle de la vie d’Alain Richard camoufle son intérêt pour les arts, dont il est depuis longtemps un consommateur. «Pendant mon baccalauréat à Toronto, j’allais au [Théâtre français de Toronto].» Assister à une activité culturelle ou un spectacle lui permet de «recharger sa batterie». 

Il a d’ailleurs trouvé difficiles les confinements dus à la pandémie. «En tant que bénévole, tu as besoin de quelque chose qui te nourrit. Plus d’évènements, plus de shows, plus de choses pour lesquels tu travailles… ça c’était difficile sur le moral.» 

À Sudbury, ses premiers contacts avec le milieu culturel se sont faits à travers le Centre franco-ontarien de folklore (CFOF), qui était à l’époque dirigé par Danielle Blais, qui a fréquenté la même école secondaire à Hearst. Il a assisté à des soirées de contes, à la Ste-Catherine, parfois en entrainant des collègues de travail. «Finalement, elle m’a convaincu d’embarquer sur le CA. En même temps, je voulais rencontrer du monde à l’extérieur du travail… sans courir les bars», lance-t-il à la blague. 

Il est arrivé sans trop connaitre la façon de fonctionner d’un conseil d’administration. Il a rapidement appris et a entre autres été trésorier — son rôle lors de l’embauche de l’actuel directeur, Patrick Breton.

Il a quitté le CFOF en septembre, après 10 ans de loyaux services. L’assemblée générale annuelle a été sa dernière réunion. Un départ qui est en lente préparation depuis quelque temps. Tour du destin, c’est Danielle Blais qui l’a remplacé à la trésorerie du CFOF. 

C’est à travers son rôle au conseil d’administration du CFOF qu’il s’est impliqué dans celui de la Place des Arts..

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Nous avons discuté avec le président de la Place des Arts, Alain Richard, le 30 septembre. 

Photo : Julien Cayouette

Un rôle important pendant la construction

«Je suis sur le CA de la Place des Arts depuis le début. J’ai embarqué en novembre 2015 en tant que représentant pour le CFOF. C’était quand personne ne me connaissait.» Il est pourtant devenu vice-président dès 2016 et est président depuis 2021. 

En 2016, il était tout de même encore un «inconnu». «Le type de projet que je faisais [chez Bestch], s’arrimait très bien avec le travail de faisabilité que la Place des Arts faisait. Je commençais à challenger Paulette [Gagnon] sur différents sujets par rapport au budget de construction. C’était un peu comique parce que tout le monde dans la salle se demandait “c’est qui lui?”.»

Ils se sont cependant rapidement rendu compte que le quatuor original formé par Paulette Gagnon, Stéphane Gauthier (président), Martin Lajeunesse (trésorier) et lui était parfaitement équilibré pour affronter les défis à venir. Les compétences et connaissances de chacun étaient complémentaires. 

Peut-être — probablement — en raison de ses compétences d’ingénieurs, Alain est devenu le président du comité de chantier pour la construction de la Place des Arts «qui regroupait quelques professionnels francophones à la retraite du secteur de la construction».

Ça ne veut pas dire que l’expérience n’a pas été enrichissante. Chez Bestech, il est du côté consultant, «mais là j’étais du côté clients», ce qui lui donnait une perspective unique sur la façon d’aborder les besoins de l’un et les contraintes de l’autre. Sans compter ce qu’il a appris des autres membres du comité, puisqu’il n’avait pas d’expérience sur les chantiers de construction.

Il restera au moins une autre année en tant que président sortant de la Place des Arts, mais prendra ensuite une pause, car des changements importants sont sur le point de survenir dans sa vie; sa conjointe et lui attendent un enfant l’an prochain. 

Une place pour grandir

Alain Richard dit avoir beaucoup appris grâce à son engagement dans ces deux CA. Entre autres comment toujours planifier pour le pire. «On entend souvent l’expression “se faire fesser par un autobus”, et quand ça nous est arrivé le 11 octobre 2017, quand Paulette est décédée subitement, on l’a vécu… assez différemment.» Surtout la gestion de la situation après l’annonce du financement du fédéral, deux jours plus tard.

À ses débuts au CA de la Place des Arts, il était bien heureux de rester plus dans l’ombre. «C’était parfait comme ça, je ne me sentais pas confortable pour plus. Mais à force d’apprendre de voir [les autres] en action, petit à petit j’ai pris de plus gros rôles. C’était un peu un investissement dans moi-même et un investissement que tout ce monde-là a fait en moi aussi.» Il reconnait que c’est ce désir de s’impliquer qui lui a permis de côtoyer et d’apprendre de ces gens qui ont eu le courage de mener le projet de la Place des Arts. 

Il retiendra également que les projets d’envergure peuvent seulement réussir avec une équipe de taille adéquate pour la taille du projet et par une bonne communication. Il faut toujours s’assurer que les attentes et la réalité soient parfaitement alignées. 

En même temps, il faut aussi être prêt à y mettre le temps. Alain Richard estime qu’il a consacré près de 3000 heures de sa vie en sept ans à la mise place de la Place des Arts seulement. «Je le referais sans hésiter.»

Il remercie d’ailleurs son employeur, qui lui a permis d’avoir un horaire flexible.