«Faire affaire avec une avocate qui a le français comme langue première permet de mieux cibler les attentes particulières du client et d’apporter des solutions individuelles. Ici, les gens sont traités avec empathie. J’aime les gens», explique Danielle Bélanger Corbin.
La nouvelle propriétaire qualifie l’accueil que lui a fait la population de «phénoménal». Après tout, elle est la seule femme francophone à avoir été formée académiquement en Common Law dans la région. «Je peux répondre à toutes les exigences juridiques de documents en français et ce ne sont pas des traductions. Une des raisons pour m’installer ici, c’est qu’il y a un besoin criant dans la région», indique-t-elle.
«J’ai l’avantage d’avoir 35 ans d’expérience de vie. J’ai vécu les situations de certains de mes clients. La maturité, c’est un atout. Puis ma formation est récente : je l’ai suivie à la fine pointe de la technologie.»
«Mon étude est une entreprise gérée par des femmes. On ne s’occupe pas juste de vos besoins juridiques, on s’occupe de vous. Ici, pas de gros regards méchants d’avocats aux bras croisés. Notre approche unique est centrée sur les personnes», insiste-t-elle.
Un détour par les Forces armées
La vie de jeune adulte de Mme Bélanger Corbin s’est passée loin du monde du droit. À 18 ans, elle a rejoint les Forces armées canadiennes; une décision prise à la suite d’une visite au Collège militaire. Son père lui avait alors dit : «Pourquoi faire ordinaire quand tu peux faire extraordinaire!»
Dans l’armée, on la destine à devenir navigatrice aérienne. Ça ne convient pas tout à fait. Elle finira plutôt sa carrière militaire comme officier en logistique pour l’armée de terre après 12 ans de service.
Après avoir été affectée à plusieurs bases militaires dans l’est du pays, Danielle Bélanger Corbin se fait proposer d’aller en mission en Bosnie. «J’ai alors deux enfants. Je choisis de quitter les Forces et d’être une bonne maman», ironise-t-elle.
Adopter la région
En 2000, son conjoint, Jean Corbin, qui vient de terminer sa formation comme médecin, se fait offrir une bourse pour aller pratiquer dans le Nord de l’Ontario. «On a regardé la carte et Hearst était trop loin. Pourquoi ne pas s’installer dans le Témiskaming? Mon oncle Pierre Charbonneau vivait là. On devait rester deux ans et ça fait 23 ans qu’on vit ici», raconte-t-elle.
Les premières années, Danielle est une maman à la maison. Rapidement, elle s’implique dans sa communauté : Festival des Folies FrancoFun, conseil de parents à l’école, festival Le nord en fût de Haileybury, etc.
Puis on l’invite à siéger au conseil d’administration du Réseau local d’intégration des services de santé (RLISS). Danielle le fera pendant six ans et en assurera éventuellement la présidence. Après, elle s’implique au conseil de l’École de médecine du Nord de l’Ontario où elle a travaillé à sa transformation en Université de l’École de médecine du Nord de l’Ontario.
La piqure du droit
Mais c’est quand elle a siégé à la Commission ontarienne d’examen — une commission qui étudie les droits à restreindre pour une personne jugée non criminellement responsable d’un crime — que tout change. «C’est là que j’ai eu la piqure. J’aime vraiment le droit», déclare l’avocate.
Ainsi à 50 ans, Danielle Bélanger Corbin s’inscrit en Common Law à l’Université d’Ottawa. En 2022, elle fait une cléricature auprès du juge Richard Bell de la Cour d’appel martial du Canada.
Le 3 octobre 2023, Danielle Bélanger Corbin devient propriétaire du bureau de Ken Doupe, récemment décédé. Avec ses trois auxiliaires juridiques, son cabinet fait de la pratique générale : droit immobilier, testaments et successions, droit pénal et droit de la famille. «J’aime la variété», souligne l’avocate.
Beaucoup de francophones de la région qui la connaissaient ne s’étaient pas rendu compte de l’absence de quatre ans de Mme Bélanger Corbin. Elle se fait souvent demander : «Es-tu vraiment avocate?»
En bonne avocate, elle invite les gens à penser à leur avenir et par la bande à celui de leurs porches. Il est important de planifier la mort. «Personne n’aime parler de ce moment. Il faut avoir ces conversations-là : faire un testament, prévoir la succession.»