le Mercredi 13 novembre 2024
le Vendredi 9 février 2024 11:00 Francophonie

Le français prend sa place à la Ville de Sault-Ste-Marie

Le conseil municipal lors du vote pour le nouveau règlement de services en français à la Ville de Sault-Ste-Marie. —  Photos : Ines Bouguerra.
Le conseil municipal lors du vote pour le nouveau règlement de services en français à la Ville de Sault-Ste-Marie.
Photos : Ines Bouguerra.
L’adoption d’une résolution pour que la Ville de Sault-Ste-Marie offre officiellement des services en français est accueillie avec émotions par ses résidents francophones. Le nouveau règlement adopté à l’unanimité le 29 janvier permet également aux dirigeants de corriger des erreurs du passé.
Le français prend sa place à la Ville de Sault-Ste-Marie
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«C’était dû depuis longtemps parce que, évidemment, la municipalité n’a pas une histoire très agréable avec la communauté francophone depuis les 34 derniers ans», évoque le maire bilingue, Matthew Shoemaker.

La Ville de Sault-Ste-Marie a déjà du personnel bilingue. Environ une dizaine d’employés municipaux peuvent servir le public dans la langue officielle de leur choix. Lorsqu’un francophone demandera des services en français, un de ces employés sera disponible pour les aider.

De plus, lorsque la ville embauchera de nouveaux travailleurs, elle mettra l’accent sur les candidats bilingues. Certaines affiches à l’hôtel de ville ont déjà été traduites dans les deux langues officielles.

«Je voulais m’assurer que les francophones se sentent comme membres égaux de la ville, d’être capable d’offrir les services et de les aider à naviguer les services municipaux en français… même lorsque je ne suis plus ici comme maire», note le maire Shoemaker.

Un acte de bonne volonté 

Le Centre francophone de Sault-Ste-Marie voit d’un bon œil la résolution des services en français. «C’est un pas vers la bonne direction et ça nous permet de nous sentir inclus», dit la présidente sortante, Jessica Torrance.

«Ils vont être capables d’aller de l’avant et d’offrir les services qu’ils peuvent. Des fois, il y a des journées où c’est plus difficile, mais c’est pas mal assuré qu’ils vont être capables de nous l’offrir tous les jours».

Elle tient surtout à remercier le maire et les conseillers municipaux de ne pas avoir fait de politique avec le dossier, puisque la résolution a été adoptée à l’unanimité. «On est très content.»

L’artiste visuelle locale et franco-ontarienne d’adoption, Isabelle Michaud, croit que la ville est sincère dans son engagement d’offrir des services dans la langue de la minorité. «J’étais vraiment très touchée. C’était la nouvelle qu’on attendait.»

«De faire ce pas, c’est gigantesque comme geste, et enfin d’avoir cette nouvelle du conseil municipal, c’était quelque chose qui m’a vraiment touché. J’ai un peu pleuré même. C’est aller droit au cœur», raconte-t-elle.

 

Le district d’Algoma, y compris la Ville de Sault-Ste-Marie, est une des régions désignées en vertu de la Loi sur les services en français de l’Ontario et au niveau de la Fonction publique du Canada.

Réparer une erreur

En 1990, les élus de Sault-Ste-Marie ont adopté un règlement pour que la ville soit unilingue anglaise. LA résolution est une protestation contre la loi 178 du Québec qui prône l’unilinguisme français à l’extérieur en ayant recours à la fameuse clause nonobstant. À l’époque, la Cour suprême du Canada avait émis un jugement contre certains articles de la loi 101, dont celui sur l’affichage.

Même si la résolution a été annulée par la Cour de l’Ontario en 1994 et que l’ancien maire, John Rowswell, s’est excusé au nom de la ville en 2010, les relations entre la municipalité et ses résidents francophones n’ont pas toujours été harmonieuses.