Une partie du problème. Nous, la francophonie canadienne.
Confrontés à la résistance et aux réfutations dans les médias francophones du Canada, les dirigeants du gouvernement de l’Ontario ont néanmoins repris ces manchettes quelques jours plus tard, ignorant commodément que les parents francophones ont également le droit de comprendre les exigences relatives à la posologie et à la sécurité pour protéger leurs enfants.
«Yes. Blame the French», a tweeté Philippe Orfali, ancien journaliste et influenceur franco-ontarien. «Bon 4e anniversaire du Jeudi noir, btw.»
Ce fut un témoignage du genre d’année qu’ont connu les francophones de l’Ontario et du Canada.
Une année qui a commencé avec l’aveu impérieux du PDG d’Air Canada, Michael Rousseau, qu’il avait réussi à vivre 14 ans à Montréal sans apprendre la langue française.
Qui s’est poursuivi avec la nomination de la juge franco-ontarienne et abénaquise Michelle O’Bonsawin à la Cour suprême du Canada, un triomphe accompagné par des attaques contre le bilinguisme comme «énorme obstacle institutionnel» pour les «minorités», ignorant que la francophonie canadienne est elle-même multiraciale, multiculturel et multiconfessionnel et lié aux Premières Nations, aux Inuit et aux Métis.
Où nous avons été témoins d’un épanouissement de la francophobie lors de Commission sur l’état d’urgence. Et le français marginal qui a été parlé à la commission a été accueilli avec indignation et considéré comme un autre mépris et une moquerie flagrante pour les Canadiens non francophones.
L’année s’est terminée en sachant que nous ne pouvions même pas mourir paisiblement en français et on nous a demandé de «please speak English» dans nos derniers jours.
Parallèlement, l’année a marqué l’adoption du projet de loi 96 du Québec, une loi controversée et digne d’indignation qui limite l’usage de l’anglais dans les tribunaux, les soins de santé et les autres services publics. La loi, qui bafoue la Charte canadienne des droits et libertés, a été accueillie avec une immense colère de la part du Canada anglais. À juste titre. La loi fait reculer les réfugiés et les demandeurs d’asile et annule la réconciliation avec les communautés autochtones.
Pourtant, les cruelles réalités auxquelles fait face la francophonie canadienne ont été accueillies par le silence.
En Alberta et en Ontario, par exemple, la question de l’enseignement universitaire en français demeure sans réponse. Ibid l’avenir d’une Loi sur les langues officielles languissante.
Au Nouveau-Brunswick, la seule province bilingue du Canada, le premier ministre Blaine Higgs a «brulé des ponts» avec les Acadiens, nommant un francophobe notoire à un comité chargé d’examiner la Loi sur les langues officielles de la province et immolant l’enseignement en immersion française.
Et partout au Canada, le déclin de la langue française a été précipité par une politique et une pratique d’immigration racistes et francophobes pour laquelle nos institutions culturelles ont exigé des cibles de réparation et la résolution de la question des visas d’étudiants africains.
Mais yes, blâmons les Francos. Parce que c’est nous le problème.
À la veille d’une nouvelle année, le Canada anglais doit affronter les héritages coloniaux et impériaux qui ont enraciné l’anglonormativité dans la conscience nationale et de prendre la protection du français en milieu minoritaire avec un grand sérieux.
Nous sommes toujours là. Toujours un problème. Toujours aussi fiers, féroces et francos.
Toujours digne de la protection du Canada.