Je me suis entretenu avec deux femmes installées à Sudbury depuis trois ans. Elles travaillent, vivent ici et comptent y rester. Mais tout n’a pas été facile pour elles. Les entretiens seront présentés séparément.
Elles disent tout sur leurs expériences dans cette ville qui voit le nombre de nouveaux arrivants croitre d’année en année. C’est sans oublier que le Grand Sudbury a connu la plus forte augmentation de nouveaux arrivants dans le Nord ontarien de 2016 à 2021, accueillant 635 personnes.
Commençons avec Rosemonde Katché, originaire de la Côte d’Ivoire
Qui es-tu?
Rosemonde Katché : Je suis Rosemonde Katché, originaire de la Côte d’Ivoire. Je suis maman de deux enfants et je viens d’une famille de sept enfants. Avant de penser à immigrer au Canada, je vivais dans la capitale économique (Abidjan) et je travaillais dans une grande entreprise en tant que gestionnaire des ressources humaines. J’ai décidé de me reconvertir dans le domaine de l’éducation. Donc aujourd’hui, je suis travailleuse d’établissement dans les écoles (TÉÉ) au service d’immigration du Centre de santé communautaire du Grand Sudbury.
En quoi consiste ton poste ?
Rosemonde Katché : Mon poste consiste à aider les nouveaux arrivants parents et les élèves à naviguer dans le système scolaire, donc les aider à leur intégration scolaire.
Parle-nous de ton parcours d’immigration jusqu’à ton arrivée à Sudbury.
Rosemonde Katché : J’ai commencé mon immigration en janvier 2019 et j’ai fait le programme, entrée express, travailleur qualifié. J’ai eu mon visa de résident permanent le 31 juillet 2019 et je suis arrivée au Canada le 12 septembre 2019.
Quels étaient les défis rencontrés avant ton arrivée à Sudbury ?
Rosemonde Katché : C’est un stress déjà de faire l’immigration, surtout avec le temps que les agents d’immigration mettent pour répondre. À part ça, c’est beaucoup de paperasses. Ce n’était pas aussi facile de retrouver les formulaires sur le site d’IRCC. C’était un peu compliqué parce que c’était moi-même qui faisais ma procédure d’immigration.
Quels étaient les défis rencontrés à ton arrivée à Sudbury ?
Rosemonde Katché : Au début, j’ai vécu à Saint-Hyacinthe pendant 9 mois. J’ai déménagé à Sudbury en aout 2020 pour les études à l’Université Laurentienne et j’ai eu de gros défis de langue. Je n’avais pas beaucoup de service en français et je me forçais à parler l’anglais, le peu que je comprenais. Il y avait aussi le défi du transport et celui du logement. Malgré ça, j’ai essayé d’être positive tout en sachant que mes enfants comptaient sur moi.
As-tu des conseils à donner aux nouveaux arrivants dans la ville du Grand Sudbury pour une installation réussie ?
Rosemonde Katché : Je ne dirai pas à quelqu’un de venir à Sudbury s’il n’a pas l’intention d’aller à l’école ou s’il n’a pas d’emploi à l’avance parce que Sudbury est une ville estudiantine. Quand j’ai fini mon baccalauréat en éducation, il n’y avait rien qui me permettait de rester à Sudbury. Par chance, j’ai eu de l’emploi au Centre de santé et je me suis installée.
Selon toi, peut-on vivre en français à Sudbury ?
Rosemonde Katché : Selon moi, on ne peut pas vivre totalement en français, mais on le peut à 30 % parce que Sudbury est une ville bilingue, majoritairement anglophone. Malgré le fait que nous accueillons beaucoup de francophones, nous avons de la difficulté à trouver des services en français. Si l’on pouvait avoir au moins des personnes bilingues dans la plupart des services, ce serait l’idéal.
Est-ce que tu arrives à t’épanouir dans la ville ?
Rosemonde Katché : Oui, parce que je vois une grosse différence de 2020 à 2022. J’étais très casanière et je ne connaissais pas de monde. C’est quand j’ai commencé à travailler en septembre 2022 que j’ai rencontré des personnes qui m’ont fait connaitre la ville. Avec le Centre de santé et son service en immigration, on commence à avoir des activités pour les nouveaux arrivants afin de les impliquer dans la vie sudburoise. Je me sens épanouie dans la ville.
Quelles sont les choses à améliorer dans cette ville pour mieux accueillir les nouveaux arrivants et pour qu’elle soit plus attractive ?
Rosemonde Katché : Je pense que c’est de créer les emplois. Il faudrait créer des emplois en fonction des formations les plus en demande. Sinon, Sudbury est une très belle ville, paisible, où l’on peut construire une famille.
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Ce que je retiens de cette entrevues, c’est qu’en abordant le sujet de l’immigration francophone en milieu minoritaire, il ne faut en aucun cas faire l’apologie de ses avantages sans mentionner sincèrement les barrières qu’elle contient. Ce qu’il faut chercher à éviter le plus pour les nouveaux arrivants, c’est la désillusion.
Nous devons tout dire pour pouvoir corriger ce qu’il y a de mal et améliorer ce qu’il y a de bien. Il faut tout dire pour pouvoir aviser ceux qui ont pour projet, l’immigration au Canada, dans le Nord de l’Ontario, ou plus précisément à Sudbury.
Nous devons lutter pour une immigration avertie et éclairée.