Il est indéniable que l’immigration francophone en milieu minoritaire au Canada renferme plusieurs obstacles, mais reste tout de même un vecteur d’histoires à succès. Ici, dans le Nord de l’Ontario, à Sudbury, il n’y a pas d’exception à cette règle.
Je me suis entretenu avec deux femmes installées à Sudbury depuis trois ans. Elles travaillent, vivent ici et comptent y rester. Mais tout n’a pas été facile pour elles. Les entretiens seront présentés séparément.
Elles disent tout sur leurs expériences dans cette ville qui voit le nombre de nouveaux arrivants croitre d’année en année. C’est sans oublier que le Grand Sudbury a connu la plus forte augmentation de nouveaux arrivants dans le Nord ontarien de 2016 à 2021, accueillant 635 personnes.
Cette semaine, c’est au tour de Marie Le Floch, originaire de la France.
Qui es-tu?
Marie Le Floch : Je m’appelle Marie Le Floch, originaire de France, j’ai grandi en Bretagne avec ma famille et mes quatre frères et sœurs. Avant d’immigrer au Canada, je vivais avec mon conjoint à Orléans. J’étais à ce moment-là responsable de deux microcrèches. Actuellement, je suis superviseure du centre d’apprentissage artistique de la petite enfance situé dans la Place des Arts et maman d’un petit garçon.
Qui es-tu?
Marie Le Floch : Je m’appelle Marie Le Floch, originaire de France, j’ai grandi en Bretagne avec ma famille et mes quatre frères et sœurs. Avant d’immigrer au Canada, je vivais avec mon conjoint à Orléans. J’étais à ce moment-là responsable de deux microcrèches. Actuellement, je suis superviseure du centre d’apprentissage artistique de la petite enfance situé dans la Place des Arts et maman d’un petit garçon.
En quoi consiste ton poste ?
Marie Le Floch : Être superviseure d’un Centre de la Petite Enfance, c’est accompagner au quotidien les enfants et leurs familles. C’est aussi accompagner et travailler en collaboration avec mon équipe afin d’aider les enfants à grandir de la meilleure des façons, tout en prenant en compte les besoins singuliers de chacun (enfants comme adultes).
Parle-nous de ton parcours d’immigration jusqu’à ton arrivée à Sudbury.
Marie Le Floch : Pour nous, tout a commencé en 2019. A l’époque, mon conjoint terminait son doctorat et, très rapidement, nous avons évoqué le fait de venir au Canada. Quelques mois plus tard, il a reçu une offre d’emploi ici, à Sudbury. Nous sommes donc arrivés avec un permis de travail chacun le 30 avril 2019. J’ai dû retourner en France quelques mois pour le travail et je suis arrivée définitivement en aout 2019 où j’ai commencé à travailler avec le Carrefour Francophone quatre jours seulement après mon arrivée. Nous avons ensuite lancé la demande de résidence permanente que nous avons obtenue en avril 2022.
Quels étaient les défis rencontrés avant ton arrivée à Sudbury ?
Marie Le Floch : Avant l’arrivée, nous avons eu beaucoup de questionnements. Nous nous demandions si c’était le bon choix, la bonne décision à prendre. Ce n’est pas facile de changer de pays, de quitter nos familles et de repartir de zéro dans un pays que nous ne connaissons pas du tout! Pour nous préparer, nous avons beaucoup échangé avec des personnes qui avaient vécu ce même processus d’immigration. Et puis, une fois que les papiers étaient lancés, il fallait suivre. La partie administrative était intense et stressante, mais nous avons réussi !
Quels étaient les défis rencontrés à ton arrivée à Sudbury ?
Marie Le Floch : Nous avons eu beaucoup de défis logistiques : trouver un logement; acheter des meubles et le nécessaire pour vivre, mais sans avoir de véhicule pour aller faire nos achats ou sans pouvoir en louer, car nous n’avions pas encore de carte de crédit; nous avons dû ouvrir un compte en banque dans une autre langue que la nôtre, ce qui est aussi un peu stressant. Nous ne connaissions personne ici et donc nous ne savions pas vraiment où demander de l’aide. Nous avons eu beaucoup de chance, car une personne qui travaillait au Carrefour Francophone à l’époque s’est portée volontaire pour nous aider avec nos achats par exemple. Car oui, nous devions repartir de zéro et tout racheter !
As-tu des conseils à donner aux nouveaux arrivants dans la ville du Grand Sudbury pour une installation réussie ?
Marie Le Floch : Je pense qu’il est important de bien se préparer en amont. Se renseigner, chercher des informations, essayer de prévoir des choses en avance si l’on peut. Par exemple trouver un emploi ou essayer d’avoir une piste pour un logement. Tout ce que l’on peut anticiper va faciliter l’installation. Aussi, je dirais qu’il ne faut pas hésiter à demander de l’aide et à aller chercher de l’aide, parce qu’ici, les gens sont très ouverts et ils sont toujours prêts à aider.
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Le Voyageur offre une vue d’ensemble de la francophonie et de la vie dans le Nord-Est de l’Ontario.
Selon toi, peut-on vivre en français à Sudbury ?
Marie Le Floch : Oui, je pense qu’il est possible de vivre en français à Sudbury. Les services sont proposés dans les deux langues et travaillant dans un organisme francophone, je ne me sens pas perdu. Dans la vie de tous les jours, je dois souvent parler en anglais, mais je ne le vois pas comme un frein. C’est plutôt pour moi une opportunité d’apprendre une nouvelle langue. De plus, je suis toujours agréablement surprise de la patience et de la sympathie des gens à mon égard même si mon anglais n’est pas bon ou parfait. Très souvent, les gens devinent que je suis française et donc changent de langue pour m’aider.
Est-ce que tu arrives à t’épanouir dans la ville ?
Marie Le Floch : Oui, définitivement. Lorsque nous parlions du Canada, je rêvais d’espaces verts et de lacs, alors ici c’est parfait ! Nous pouvons passer beaucoup de temps en extérieur, voir de superbes paysages sans aller trop loin! Nous avons chacun un travail qui nous plait et où nous nous sentons épanouis. Depuis le 30 juin 2021, nous avons un petit garçon qui est né à Sudbury. Nous avons toutes les commodités nécessaires à nos besoins, nous sommes heureux ici. Et nous sommes toujours surpris de la gentillesse naturelle des Sudburois !
Quelles sont les choses à améliorer dans cette ville pour mieux accueillir les nouveaux arrivants et pour qu’elle soit plus attractive ?
Marie Le Floch : À notre arrivée, nous aurions aimé trouver un petit guide du nouvel arrivant. Un document qui expliquerait de nombreuses choses du quotidien qui peuvent être différentes en fonction des pays d’où nous arrivons. Par exemple, comment marchent les institutions financières? Comment fait-on les inscriptions à l’école, à la garderie? Et bien d’autres points encore. Aussi, nous aurions aimé avoir une petite visite de Sudbury pour en apprendre davantage sur la ville et son histoire. Au bout de quelques années, nous avons découvert les balades littéraires de Sudbury par exemple, mais à notre arrivée nous ne savions pas que ça existait. Il faudrait réussir à toucher les nouveaux arrivants dès le début.
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Ce que je retiens de cette entrevues, c’est qu’en abordant le sujet de l’immigration francophone en milieu minoritaire, il ne faut en aucun cas faire l’apologie de ses avantages sans mentionner sincèrement les barrières qu’elle contient. Ce qu’il faut chercher à éviter le plus pour les nouveaux arrivants, c’est la désillusion.
Nous devons tout dire pour pouvoir corriger ce qu’il y a de mal et améliorer ce qu’il y a de bien. Il faut tout dire pour pouvoir aviser ceux qui ont pour projet, l’immigration au Canada, dans le Nord de l’Ontario, ou plus précisément à Sudbury.
Nous devons lutter pour une immigration avertie et éclairée.