le Lundi 13 janvier 2025
le Jeudi 1 juin 2023 9:25 Chroniques et blogues

Les sentinelles de l’information locale

  Photo : Mélanie Tremblay - Francopresse
Photo : Mélanie Tremblay - Francopresse
Chronique — Vous trouvez-vous dans un désert médiatique ou dans une zone de pauvreté de nouvelles? Possiblement, si vous vivez à l’extérieur d’un grand centre ou simplement si vous êtes francophone en contexte linguistique minoritaire. L’effritement du journalisme local a des incidences directes sur la vie quotidienne des citoyens.
Les sentinelles de l’information locale
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La pauvreté d’information et le désert médiatique se définissent par l’absence de médias qui couvrent les institutions communautaires ou la faible couverture journalistique des divers enjeux qui touchent une communauté ou une région.

Les institutions communautaires renvoient notamment aux conseils municipaux, aux conseils scolaires, aux établissements d’enseignement ou aux associations qui représentent divers intérêts pour les collectivités. 

Les médias locaux rapportent bien sûr les changements d’horaire de la collecte des ordures, l’augmentation des impôts fonciers ou le changement de nom d’une école. Ce sont là des informations d’intérêt public qui ont une incidence directe sur le quotidien d’une collectivité.

Mais les médias locaux ont aussi un important rôle de chien de garde, un rôle trop souvent mésestimé. Ils surveillent les décisions et actions des institutions de proximité pour veiller à ce qu’elles s’acquittent en bonne et due forme de leur devoir de transparence et de leur obligation de rendre des comptes aux citoyens ou aux administrations gouvernementales.

C’est souvent grâce au travail de journalistes locaux que la population découvre, par exemple, que la personne à la tête de la municipalité a accordé un contrat faramineux à un membre de sa famille.

Sans la présence de journalistes sur le terrain, ce genre de situation peut passer sous silence et laisser une trop grande liberté d’action aux élus. 

Moins de médias, moins de couverture journalistique

En tant que francophones vivant en contexte minoritaire, nous nous retrouvons souvent dans une zone de pauvreté de nouvelles ou dans un désert médiatique.

Pourquoi? Les médias francophones en milieu minoritaire sont moins nombreux que leurs contreparties anglophones. Aussi, ils ont souvent moins de ressources; c’est une réalité avec laquelle même Radio-Canada doit composer.

Et, c’est un secret de Polichinelle que le francophone en contexte minoritaire est généralement bilingue et s’abreuve aussi d’informations en anglais.

La couverture des institutions locales est d’ailleurs souvent assurée par les médias anglophones, vu qu’ils sont plus nombreux. En revanche, la perspective journalistique francophone risque de passer sous le tapis. 

Par exemple, s’il est question d’octroyer des fonds municipaux à une activité destinée aux francophones, il est probable que le journaliste d’un média anglophone ne traite pas de la nouvelle parce qu’elle ne s’adresse pas à la majorité de son lectorat. Voilà à quoi peut ressembler la pauvreté de nouvelles.

Comprenons-nous bien, ce n’est pas par manque de volonté de la part de votre journal ou de votre radio s’il y a des zones ou des thèmes qui ne sont pas couverts. Tout est une question de ressources humaines et financières.

Les journalistes locaux sont souvent des hommes-orchestres et des femmes-orchestres. En plus de produire des textes journalistiques — ce qui n’est déjà pas une mince affaire  —, ils doivent souvent assumer d’autres tâches, comme la mise en ligne des articles, les publications dans les médias sociaux et la parution de l’infolettre.

Pour accomplir toutes ces tâches, les journalistes doivent parfois sacrifier la couverture de certains évènements. Après tout, il n’y a que 24 heures dans une journée… même pour les journalistes les plus dévoués.

Les citoyens font partie de la solution 

L’une des clés du succès en journalisme est d’avoir un réseau de contacts. Ces personnes-ressources jouent souvent un rôle officiel auprès d’une institution. Elles permettent au journaliste de confirmer des informations ou de faire le point sur divers dossiers.

Cependant, dans le respect de leurs compétences, ces personnes livrent rarement des informations en dehors du discours officiel de l’institution qu’elles représentent. 

C’est ici que la population entre en jeu. L’information ne se fait pas à sens unique, c’est-à-dire du média vers le citoyen. Le citoyen est un observateur important de l’actualité locale et prête mainforte aux journalistes. 

Vous l’ignorez peut-être, mais vous êtes sans doute déjà une sentinelle de l’information locale.

Les journalistes n’ont souvent pas la possibilité de sillonner continuellement toute la région à laquelle ils s’adressent — surtout s’il s’agit d’une province ou d’un territoire en entier — et d’entretenir constamment leurs réseaux de contacts.

Parfois, ils doivent se rabattre sur les réseaux sociaux, comme les divers groupes Facebook, pour savoir ce qui se passe en dehors de leur zone de mobilité. 

Il s’agit d’une façon de développer un réseau de contacts et de profiter de vos yeux et de vos oreilles pour savoir ce qui se passe dans votre coin du monde. 

Mais l’engagement citoyen dans le monde de l’information peut aller encore plus loin. Vous pouvez prendre le téléphone, envoyer un courriel et communiquer directement avec les journalistes. 

Étant des bêtes de nature curieuse, ils vont porter attention à ce que vous avez à raconter. Ils iront enquêter, poser des questions et finiront peut-être par écrire un article. Par un simple geste, vous aurez, à votre façon, participé à la vitalité de l’information locale.

Finalement, vous faites partie de la solution pour assurer la couverture journalistique en français.