Il est indéniable que l’immigration francophone en milieu minoritaire au Canada renferme plusieurs obstacles, mais reste tout de même un vecteur d’histoires à succès. Ici, dans le Nord de l’Ontario, à Sudbury, il n’y a pas d’exception à cette règle.
Je me suis entretenu avec Aline Fablet, originaire de la France et installée à Sudbury depuis plus d’une année. Elle travaille, vit ici et s’y plait bien.
Elle nous parle de ses expériences dans cette ville qui voit le nombre de nouveaux arrivants croitre d’année en année. Sans oublier que le Grand Sudbury a connu la plus forte augmentation de nouveaux arrivants dans le Nord ontarien de 2016 à 2021, accueillant 635 personnes.
Qui es-tu?
Je suis née en France et je suis au Canada depuis avril 2022. Le Canada n’est pas ma première expatriation, mais ma troisième. Je suis partie 6 mois en Angleterre, à Londres, puis 2 ans et demi en Australie où j’ai parcouru 30 000 km en 4×4 et en sac à dos. Je suis actuellement adjointe au markéting et aux communications au Carrefour francophone de Sudbury.
En quoi consiste ton poste?
Je travaille au pôle communications et markéting pour les centres de la petite enfance du Carrefour francophone et également pour notre diffuseur, La Slague. J’accompagne ma collègue en coordination, en parallèle, je suis chargée de la mise en forme et mise à jour des plateformes médiatiques et de plusieurs communications de nos services à l’interne et à l’externe.
Parle-nous de ton parcours d’immigration jusqu’à ton arrivée à Sudbury.
En début 2021, je suis retournée en France, car mon visa australien se terminait. Je savais à ce moment-là que je souhaitais repartir à l’étranger et le Canada me faisait rêver depuis longtemps. En 2021, j’ai donc commencé mes recherches. Un retour aux études me trottait dans la tête…
J’ai donc choisi d’envoyer mon dossier au collège Cambrian pour étudier en gestion de projet. Me voilà à Sudbury, en avril 2022, avec un permis étudiant. J’ai commencé mes études en mai 2022 puis, en décembre 2022, j’ai obtenu mon diplôme avec les honneurs et, par conséquent, un permis de travail ouvert. Je travaille au Carrefour francophone depuis janvier 2023.
Je suis actuellement en processus de demande de résidence permanente. Le Canada et les Canadiens m’ont séduite!
Quels étaient les défis rencontrés avant ton arrivée à Sudbury?
Quand on change de pays, il y a toujours beaucoup de questions. Je savais que le Canada était ma prochaine destination, mais il y a toujours des questions pratiques ou techniques. J’ai toujours été adaptable et je ne craignais pas de m’installer ici, mais c’est tout de même un stress, car tout est nouveau et je repartais une nouvelle fois de zéro.
Quels étaient les défis rencontrés à ton arrivée à Sudbury?
Pour moi, c’était de me diriger aux bonnes adresses et de me trouver un logement à Sudbury. Aujourd’hui grâce à internet, on trouve énormément d’informations, mais on souhaite tout de même savoir où (donc quels endroits) et comment (selon sa situation) obtenir les premiers documents, les papiers et, surtout, le bon logement à un tarif abordable. En étant étudiant international, le gouvernement met une limite de 20 heures de travail par semaine, ce qui, par conséquent, nous limite rapidement. De plus, sans voiture et sans emploi les premiers jours, le quotidien peut être perçu rapidement comme un défi, jusqu’à ce que tout soit plus clair et organisé.
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Le Voyageur offre une vue d’ensemble de la francophonie et de la vie dans le Nord-Est de l’Ontario.
As-tu des conseils à donner aux nouveaux arrivants dans la ville du Grand Sudbury pour une installation réussie ?
Je pense que de se renseigner et prendre un maximum d’informations au préalable est nécessaire. De plus, j’ajouterais qu’il ne faut pas hésiter à poser des questions autour de soi et rencontrer du monde. Je sais que ce n’est pas toujours évident selon les personnalités, mais c’est le moyen le plus efficace pour découvrir la ville, obtenir les meilleurs conseils et se faire des amis.
Selon toi, peut-on vivre en français à Sudbury?
Je pense effectivement que c’est possible. Énormément de services sont proposés en français et en anglais. Je ne cherche pas particulièrement à vivre uniquement en français, je suis satisfaite de vivre ma vie dans les deux langues, mais depuis que je suis ici, je m’aperçois du nombre d’aides et de services disponibles en français.
Est-ce que tu arrives à t’épanouir dans la ville?
Oui, tout à fait, je me plais à Sudbury! J’aime les grands espaces et j’aime l’accessibilité aux lacs et aux parcs. Je vis très proche de mon travail donc je suis en mesure de courir le matin pour y aller. De plus, les Sudburois sont très accueillants et n’hésitent pas à me donner un coup de main si je rencontre des difficultés.
Quelles sont les choses à améliorer dans cette ville pour mieux accueillir les nouveaux arrivants et pour qu’elle soit plus attractive?
Je sais qu’à ce jour il existe certains guides d’accueil, cependant à mon arrivée, je n’étais pas consciente de l’existence de ce type de documents. Peut-être en le rendant disponible au transit du bus, dans le centre commercial du nouveau Sudbury ou les banques j’y aurais eu accès?
J’avais beaucoup de questions à l’arrivée, car tout est nouveau et/ou différent et il est parfois difficile de comprendre le fonctionnement de certaines choses, qui n’existent pas dans d’autres pays.
Comment fonctionne le système bancaire? Quelles banques choisir? Comment fonctionnent les impôts, le T4? Comment chercher un logement, sur quelle plateforme?
On trouve toutes ses réponses en cherchant, mais je pense que si j’avais eu un guide ou un accueil quelconque j’aurais probablement eu moins de stress et j’aurais obtenu certaines informations plus rapidement pour me diriger au bon endroit.
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Ce que nous pouvons retenir de cette entrevue, c’est qu’en abordant le sujet de l’immigration francophone en milieu minoritaire, il ne faut en aucun cas faire l’apologie de ses avantages sans mentionner les défis qu’elle peut contenir.
Nous devons tout dire pour pouvoir corriger ce qu’il y a de mal et améliorer ce qu’il y a de bien. Il faut tout dire pour pouvoir aviser ceux qui ont pour projet, l’immigration au Canada, dans le Nord de l’Ontario, ou plus précisément à Sudbury.