Le mois de juin est arrivé. Ce mois nous amène de la joie et du plaisir avec ses journées chaudes et le chant des oiseaux qui caresse nos oreilles. Il va sans dire que ce mois a aussi une grande signification pour les pères, les hommes. En effet, avec la célébration de la fête des Pères, nous sommes amenés à réfléchir davantage sur l’importance de leur rôle au sein de leurs familles, auprès des enfants, mais aussi dans notre société en général.
Depuis quelques mois, nous participons à une étude du livre Dégenrer, ça vous dérange?. Ce livre traite de diversité, d’inclusion et de stéréotypes en petite enfance. Lors des réflexions, les sujets traités, dont celui de la place des hommes en petite enfance, ont généré de longues discussions toutes aussi enrichissantes les unes que les autres.
Lors d’une session, la présence de Laurent Ouairy (facilitateur pédagogique à l’AFÉSEO) nous a fait comprendre à quel point il est difficile pour un homme de faire sa place dans ce domaine qui, pourtant, est en pleine pénurie. Est-ce intimidant, pour un homme, d’entrer dans un domaine où le personnel éducateur est composé majoritairement de femmes? Pourquoi un homme parmi tant de femmes? «Un homme qui change des couches? Bien voyons donc!» Pourquoi ressentons-nous ce malaise?
Traditionnellement, les hommes ont été associés au modèle familial fort, sévère, dur et qui pourvoyait aux besoins de la famille, alors que les femmes s’occupaient des enfants et de la maison. À cause de leur travail, les pères étaient souvent plus absents. Est-ce pour ces raisons qu’ils sont mal perçus ou non reconnus pour leur travail en petite enfance? Ont-ils les compétences affectives pour travailler auprès des enfants? Heureusement, les temps ont bien changé.
En effet, de nos jours, les papas sont de plus en plus présents pour leur partenaire et leur progéniture et ils parlent beaucoup plus ouvertement de leurs émotions; ils n’ont plus peur du jugement. Cependant, certaines questions demeurent. Comment pourrions-nous rendre nos milieux éducatifs plus chaleureux et accueillants pour les hommes qui souhaitent y faire carrière et y développer un sentiment d’appartenance?
Commençons dès maintenant à parler de personnel éducateur au lieu de toujours utiliser le mot «éducatrices». Quelle place proposons-nous aux hommes? Est-ce que nous faisons en sorte qu’ils soient inclus dans nos programmes? Est-ce que nous avons une réticence à accepter l’homme dans un domaine qui été principalement dominé par la femme? Est-ce que nous avons une peur inconsciente de partager nos espaces avec les hommes?
Il est temps d’éliminer les préjugés véhiculés depuis des années dans notre société. Comment pourrions-nous mieux sensibiliser? Nous vivons dans un monde où la diversité et l’inclusion sont priorisées. Plusieurs recherches ont prouvé les bienfaits de la diversité dans le développement des jeunes enfants. Ainsi, le modèle masculin est tout aussi important que le modèle féminin pour les tout-petits. Il permet d’enrichir davantage l’environnement des centres éducatifs. Les hommes apportent différentes perspectives auprès des enfants, auprès des familles et parmi les collègues. De plus, on indique que les hommes seraient plus enclins à laisser les enfants explorer et à prendre des risques, ce qui pourrait mener à une plus grande résilience.
Et si les hommes en petite enfance venaient enrichir l’équité, la diversité et l’inclusion? S’ils pouvaient contribuer au bon fonctionnement d’une routine en milieu éducatif? Selon le site Actu.fr, cela permettrait certainement de déconstruire la division sexuelle des tâches et des activités.
Lors des discussions liées à l’étude de livre, nous écoutions avec intérêt les commentaires des éducatrices et nous avons découvert leurs perspectives au sujet de la présence de l’homme dans le domaine de la jeune enfance. Voici ce qu’elles nous ont communiqué :
- L’homme apporte un jeu différent, il a moins de peurs et ne pense pas automatiquement à toutes les conséquences sécuritaires. Tandis que nous, les femmes, nous avons l’instinct protecteur de maman ourse;
- Avoir des hommes dans le secteur encourage l’inclusivité et la diversité;
- L’homme est un grand enfant avec les enfants;
- Avoir des hommes dans les centres de la petite enfance démontre aux petits garçons que ce n’est pas juste un domaine de femmes et qu’ils peuvent, eux aussi, travailler en petite enfance.
Comment permettre aux hommes de développer leur sens d’appartenance au secteur de la petite enfance? Comment leur créer une place? C’est à nous, familles, collègues et communautés, de leur ouvrir la porte.
Comment pouvons-nous appuyer le personnel éducateur féminin à reconnaitre les bienfaits de la présence des hommes en petite enfance?
Comme les femmes ne sont pas des gardiennes, les hommes ne sont pas des gardiens; ils sont, eux aussi, des pédagogues du développement de l’enfant. Ils permettent de représenter la «vraie vie» et fournissent des modèles masculins aux tout-petits. Ils permettent ainsi de présenter une différente perspective du monde.
Et vous, que feriez-vous si votre centre éducatif accueillait un éducateur?
Pour mieux connaitre la perspective de divers éducateurs masculins dans les quatre coins du Canada : https://mixite-hommes.ca/film/