Voilà des questions difficiles posées par les enfants; mais quoi leur répondre?
Je suis parent, éducatrice en petite enfance, éducatrice spécialisée, tante, marraine, grande sœur et grande cousine. J’ai souvent dû répondre à des questions difficiles posées par de jeunes enfants. Mais voilà, j’ai une bonne nouvelle : j’ai finalement trouvé la réponse universelle qui fonctionne toutes les fois. Roulement de tambour…
«Que penses-tu?»
Comment penses-tu que le bébé est sorti? Comment penses-tu que les dinosaures sont disparus? Pourquoi penses-tu que tu as un nombril? Que penses-tu qui aiderait quand tu te sens gêné?
J’ai l’impression que nous, les adultes, nous compliquons les choses. Nous avons l’impression que la question difficile requiert une réponse compliquée, mais ce n’est pas le cas. En retournant la question à l’enfant, nous créons l’opportunité de rejoindre l’enfant dans ses pensées, ses connaissances, ses curiosités et où il est rendu dans son développement.
Par exemple, alors que mon fils avait 3 ans, il m’a demandé comment le bébé sortirait de la bedaine de sa tante. Je me préparais à une conversation sur l’anatomie de la femme lorsque je lui ai demandé : «Comment penses-tu que le bébé va sortir?»
Tout simplement, il m’a expliqué que le docteur allait faire une petite coupure dans la bedaine pour faire sortir le petit bébé. J’ai répondu : «Il y a d’autres façons, mais tu as raison, c’est une des façons que les professionnels sortent un bébé du ventre de la mère.»
Le questionnement était fini et la leçon d’anatomie n’était vraiment pas nécessaire. Quand on pose des questions ouvertes de ce genre, on laisse de la place à l’enfant pour qu’il puisse nous dire ce qu’il est prêt à entendre et ce qu’est sa compréhension du monde qui l’entoure. Ceci peut éviter d’explorer des concepts au-delà de ses capacités ou de présenter des sujets qui pourraient lui faire peur ou causer de l’anxiété chez l’enfant.
Cette approche contribue également à la création de relations bienveillantes et attentives. La question ouverte offre un espace d’échange entre l’adulte et l’enfant, sans jugement. L’enfant est beaucoup plus apte à revenir poser des questions et à échanger au sujet de ses curiosités quand l’adulte est réceptif, ouvert d’esprit et intéressé à ce que l’enfant lui partage.
Avec l’accès incontournable à la technologie, nous avons aussi une responsabilité comme parents et éducateurs d’encourager la réflexion et l’exploration dès qu’un sujet intéresse l’enfant. Ce serait beaucoup plus facile de faire appel à Google et de trouver toutes les réponses. Il est important de ne pas devenir le Google des enfants. Encourageons plutôt la réflexion et la conversation au lieu de lui fournir une réponse toute faite.
Vous vous demandez peut-être quoi faire si l’enfant pousse plus loin ses questions, si l’enfant ne nous dit pas ce qu’il pense et qu’il nous pousse à répondre. Dans de telles circonstances, les faits deviennent importants. Fournissez l’information un peu à la fois, aussi précisément que possible, avec des faits concrets tout en évaluant la réaction de l’enfant après chaque fait présenté.
Les conversations et le questionnement ouvert sont une forme d’art à développer. Au début, il peut sembler bizarre de répondre à une question par une question. Cependant, plus on le fait, meilleur on devient. Les enfants développeront ainsi leurs capacités de réflexion et de questionnement.
Donc qu’en pensez-vous? Pourriez-vous répondre à une question par une question?