C’est le temps des Fêtes. Je m’installe avec mes fils pour leur lire une histoire de Noël. À la troisième page, il est écrit que Josée désire une poupée et que Mathieu voudrait un camion. Mais, pourquoi c’est Mathieu qui demande un camion et que c’est Josée qui veut une poupée? Pourquoi Mathieu ne demanderait pas une poupée et Josée un camion? À mes côtés, sont assis mes garçons qui jouent avec des poupées et des camions. Leur genre n’a jamais déterminé quels jouets étaient mis à leur disposition.
Mon fils, le plus jeune, joue très souvent avec une poupée qu’il nomme «Bébé». Nous lui avons offert «Bébé» comme cadeau de Noël quand il avait deux ans. Il a maintenant cinq ans. Bébé n’est pas aussi populaire que dans les premiers temps, mais il le sort quand même régulièrement pour lui faire vivre toutes sortes d’aventures. Il y a quelques semaines, Bébé était emmitouflé dans un manteau avec une belle grosse couverture dans sa poussette pour aller à une parade du père Noël. Mon fils joue bien le rôle de papa dévoué : il lui lit régulièrement des histoires et lui prépare de belles collations.
Voici ce que je vois quand mon fils joue avec Bébé. Je vois, dans ses actions et dans son jeu de rôle, une grande valorisation du rôle de père et une exploration de ses intérêts. Depuis un très jeune âge, il démontre un intérêt pour s’occuper des autres. Il imite souvent des scénarios de familles et il fait avec «Bébé» des choses que Papa fait avec lui.
Nous serons bientôt en 2024 et, dans un monde qui encourage la diversité, l’inclusion et l’exploration de toutes sortes, il semble toujours y avoir un malaise chez plusieurs quand quelqu’un offre en cadeau une poupée à un garçon. Mais pourquoi donc? Sommes-nous des êtres encore aussi résistants à l’évolution? Avons-nous peur que l’enfant se fasse taquiner s’il joue avec des jouets qui se cadrent à l’extérieur des genres typiques?
Avec une perspective d’éducatrice en petite enfance, en analysant son jeu, je peux faire des liens concrets avec le Cadre d’apprentissage pour les milieux de la petite enfance de l’Ontario. Dans la section qui traite du développement socioaffectif, je reconnais certains éléments de son jeu qui sont liés au développement.
Par exemple :
- Exprime des émotions au moyen du langage et du jeu d’imagination;
- Observe et imite ses pairs;
- Développe de l’empathie, montre qu’il se préoccupe des autres en ayant un comportement attentionné;
- Démontre une autonomie et développe son indépendance et sa confiance en soi.
Vous êtes surement passés dans certains magasins pour remarquer le beau rayon rose et le rayon bleu. Une division claire et précise des attentes de la société. Ça, pour les gars et ça, pour les filles.
Mais pourquoi donc?
En Californie, dès 2024, une loi obligera les grands magasins de jouets à installer des rayons de jouets non genrés. Je rêve d’un monde où mon garçon pourra aller magasiner pour de beaux vêtements pour sa poupée sans que ceux-ci soient tous de couleur rose. Que ma nièce puisse aller choisir son superhéros préféré sans avoir l’impression qu’elle magasine dans le rayon des garçons.
Comment, en tant qu’adulte référent, puis-je être un modèle d’ouverture d’esprit? Comment être plus ouverte aux possibilités, comment voir que chaque enfant est unique, compétent, capable et intéressé à toutes sortes de choses?
Sortons des messages véhiculés par les grandes compagnies de markéting. Prenons le temps de connaitre les intérêts de l’enfant et de voir chaque enfant comme une personne à part entière. Nous pourrions être surpris d’apprendre que ce que l’enfant désire ne s’achète pas dans un rayon de jouets.