Hanmer, dimanche 24 décembre 2023. Au seuil de la porte des D’Aoust-Messier, Rose-Lyne affiche son gros sourire qui ne la quitte presque jamais : «Bienvenu chez nous». Jean-Marie, qui a le génie de garder la mine grave même lorsqu’il fait la blague la plus hilarante, a l’air très concentré. Il teste la cuisson de son poulet à la Ricardo avec un machin qui n’a rien à envier à un appareil médical. Il ne lui manque plus que la blouse blanche du docteur!
Au moment de mettre son plat dans le four, je cours le rattraper pour retirer un fil qui semble coller à son gant de cuisine. Je croyais qu’il avait entrainé par inadvertance le fil de son chargeur de téléphone. Nous n’avions pourtant encore rien bu! Je découvrais pour la première fois un testeur de cuisson! Des éclats de rire. La soirée s’annonce drôle.
Tartelettes Rose-Lyne
Rose-Lyne sort son pinceau culinaire et dresse sur la table une toile faite de fromage, de betteraves issues de son potager, de noix, d’abricots secs, de sauce canneberge et de tartelettes dont elle a inventé la recette pour l’occasion. Droits culinaires réservés, les tartelettes sont faites de prosciutto roulé avec à l’intérieur des champignons café, émincés de poireaux et d’ail, un fond de veau, le tout rehaussé avec du vin de Madère. Ça fond dans la bouche!

Rose-Lyne D’Aoust-Messier et Jean-Marie Messier
Après délibérations avec Jean-Marie, il a été convenu de donner aux tartelettes le nom de Rose-Lyne. Un peu comme l’illustre cuisinier français Auguste Escoffier (1844-1923) avait donné le nom de la tragédienne parisienne Sarah Bernhardt à son fameux dessert fait de fruits macérés au curaçao et fine champagne, dressés sur glace ananas et nappés de mousse à la fraise.
Jean-Marie est à sa troisième ou quatrième tartelette lorsqu’il se remémore qu’il y a urgence de jeter un coup d’œil sur la cuisson des deux tourtières placées depuis déjà un moment dans le four. Tout est correct, fort heureusement. J’aurais été malheureux de ne pas pouvoir y gouter. Moi qui en avait seulement entendu chanter au spectacle des Troubadours, fin novembre, à la Place des Arts du Grand Sudbury : «À part la patate, la patate à porc, le ragout des pattes, la soupe au pois, Qu’est-ce qu’on dévore? Mais la tour, tour, tour, la tourtière…».
Avec un pinot grigio frais et sec, les assiettes généreuses ont été bien honorées. Reste la buche au chocolat faite maison qui sera servie avec une liqueur à la camerise, produite par Rose-Lyne elle-même. Il y a toujours de la place pour pareille surprise. Après tout, Noël, ce n’est pas tous les jours!
Sur un air de méditerranée

Le souper chez les Pelletier-Bagaoui représentait plusieurs régions entourant la Méditerranée. — Photo : Mehdi Mehenni
Centre-ville de Sudbury, lundi 25 décembre 2023. Chez Christian Pelletier et Sophia Bagaoui, l’atmosphère est faite d’une belle rencontre entre le Canada français et le Maroc.
Christian Pelletier y a ajouté une touche italienne, histoire d’apporter un peu de chaleur méditerranéenne : pâtes bolognaises au menu. Avec du cabernet sauvignon californien, la soirée est bien lancée.
Le couple reçoit Rachid Bagaoui, le papa de Sophia, et son épouse Sophie Laurence, en provenance de France, ainsi que leur jeune fille Nora. La sœur cadette, Inès Bagaoui, est venue de Montréal spécialement pour les fêtes, avec son copain québécois, d’origine palestinienne, Fady Toban.

Le multiculturalisme bat son plein à table, avec leur invité en provenance d’Algérie, débarqué à Sudbury depuis à peine trois mois.
Christian Pelletier possède une impressionnante collection de disques vinyle. Ce qui fait sa spécificité, c’est que la collection comprend des vedettes aussi bien de la chanson soudanaise, marocaine, malienne, que de la chanson occidentale dans toute sa diversité.
Pour faire sudburois, il sort un disque de Ricki Lamoureux où il interprète en français la chanson de Noël Little Skidoo. Oui, la chanson existe bel et bien en français. Elle s’appelle Petit Skidoo. Elle a été endisquée en 1982. Christian Pelletier a été le premier à la publier sur YouTube, en 2019.
Suivra un véritable trip musical en Afrique du Nord, avec pour première escale le Maroc. Christian Pelletier se remémore son premier voyage au Maroc et raconte comment il a fait connaissance avec les incontournables groupes locaux des années 1970, Nass El Ghiwan, Lemchaheb et Jil Jilala, trois formations musicales combinant styles traditionnels et occidentaux, et qui ont marqué toute la région.
La deuxième escale porte le nom du groupe Tinariwen, au nord du Mali, à la frontière avec l’Algérie, où les tribus nomades appelées les Touaregs se côtoient et jouent un blues du désert. C’est ensorcelant.
La troisième escale est une échappée belle dans l’ouest de l’Algérie, avec le groupe Raina Raï qui a électrifié la chanson rurale. Ensuite au Nord de l’Algérie, avec le chanteur-musicien Idir, la voix douce et poétique de la Kabylie.
Pendant ce temps, le reste de la famille était autour d’un feu de camp, dans le jardin. À leur retour, nous accueillons Fady avec la chanson Bint El Shalabya de la diva libanaise Fayrouz. Il affiche un gros sourire.
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Chez Julien et Marie-Josée
Nouveau Sudbury, samedi 30 décembre 2023. Au journal comme à la maison, Julien Cayouette est toujours à la tâche. Il a troqué son ordinateur pour un chaudron et une poêle qu’il surveille sur le feu. Travailleur jusqu’au bout, il a opté pour une destination asiatique : le sauté asiatique.
Pendant ce temps, Marie-Josée Charrier, avec son air jovial et sa sympathie entrainante, installe et fait la conversation aux invités : Micheline Rioux-Tellier, Karine Tellier et Eric Lapalme.
Maxime Cayouette et sa copine Abi Hintika nous rejoignent quand le repas est bientôt servi, suivis de Liam Cayouette.
Autour d’un vin Gewurztraminer aux notes florales très prononcées, sorti de la cave à vin de Micheline, l’assortiment est impeccable.

Les fête chez Marie-Josée Charrier et Julien Cayouette. Les jeux de société les plus simple sont souvent les plus amusants pour des grands groupes.
Les conversations et les blagues s’enchainent, s’entremêlent et bientôt le repas est digéré. Sophie, la chatte adorée de la famille, saute sur les genoux des uns et des autres, ne se décidant toujours pas où elle compte finalement s’installer. Elle finit par bouder tout le monde et d’aller s’endormir sur un fauteuil.
Place aux jeux de société. Karine sort un de ses jeux favoris, Dixit, où chaque joueur est conteur à tour de rôle, choisissant une carte de sa main et donnant un indice qui peut être un mot, une phrase, une chanson ou autre. Aux autres joueurs de deviner. Suivant les réponses si elles sont bonnes ou mauvaises, les pions des joueurs avancent sur un circuit où le gagnant est celui qui atteint le premier le point final.
Pour quelqu’un qui joue pour la première fois à Dixit, je suis, mine de rien, arrivé le premier. Mais j’avoue que ma chevauchée sur le circuit n’aurait pas été imbattable sans le soutien de Julien, comme nous jouions en équipe… au grand damne de mes chers collègues Karine et Eric qui, en plus d’avoir un esprit très compétitif, n’aiment pas du tout perdre au jeu. Même si Eric n’a pas pu s’empêcher de me fixer des yeux, pour presque me souffler que par The dark side of the moon lui et Karine faisaient bel et bien référence au mythique album de Pink Floyd. Eric sait combien j’idéalise ce groupe. Ce qui m’a aidé à trouver la bonne carte. Karine a soupçonné quelque chose, avant d’abandonner l’idée.
La soirée a failli ne jamais prendre fin, comme tout le monde s’est oublié. Et quand il fallait quitter, d’autres sujets de conversation ont surgi au seuil de la porte… (NDLR : Une tradition francophone s’il est en une.)
Un sacré festin pour le Nouvel An!

Les assiettes étaient très bien remplies chez Diane Labelle.
Retour à Hanmer, dimanche 31 décembre 2023. Diane Labelle est habitée par un bon stress. Celui d’exceller. L’esprit vif et le regard alerte, elle bondit toutes les deux minutes de sa chaise pour servir ses convives.
Le contraste est saisissant avec son époux, Daniel Pilon, plutôt calme et peu loquace. Mais Daniel s’avère, par moments, un bon farceur. La complémentarité entre les deux personnages dégage un équilibre joyeux. Il faut dire que tous les deux sont aux petits soins avec leurs invités : Rose-Lyne D’Aoust Messier, Jean-Marie Messier, Joanne Carrière, Micheline Rioux-Tellier, Karine Tellier et Eric Lapalme.
Le buffet est particulièrement généreux. Diane est aux fourneaux depuis la veille : trempette, tortillas avec du levain fait maison, fromages, salade de kale aux tiges de betteraves, purée de houmous à la betterave et du prosciutto fait maison, pour ne citer que ceux-là. Un sacré festin. Rose-Lyne a apporté des rouleaux printaniers thaïs et Joanne des œufs durs à la crème moutarde qui ont eu un grand succès.
Daniel s’est occupé du chili à la viande de bœuf et de haricots en sauce relevée au cidre. Des lasagnes, aussi. Un délice.
Pour le dessert, Diane a prévu des biscuits faits à la purée de courge, avec des graines de citrouille et un gâteau au fromage avec une sauce aux fraises récoltées dans le jardin de la maison. Micheline a apporté un gâteau au chocolat qui se mariait bien avec le gâteau au fromage. Il aurait fallu le concours de tous les habitants du quartier pour achever le festin. Mais les Ceasars cocktails au gin et au clamato version érable fumée et végane, préparés par Karine et Eric, semblaient aider.
Pour ne pas déroger à la règle, place encore une fois aux jeux de société. Mais cette fois-ci, mon équipe et moi avons perdu au Double Série. Heureusement que du champagne est arrivé à temps : du Veuve Clicquot Ponsardin Brut. C’est minuit et ce sont les vœux de santé, de joie, de bonheur, de paix intérieure…
Avant de se quitter, Diane fait un dernier tour de table et chacun évoque un objectif qu’il souhaite réaliser en 2024. Arrivé le tour de Rose-Lyne, c’est Jean-Marie qui, contre toute attente, prend la parole pour taquiner son épouse : «encore plus de recettes santé en 2024!». On se laisse dans la joie et la bonne humeur.
Bonne année agréable gens de Sudbury.
* Référence à la chanson C’était le temps des fleurs de Dalida