Michel Ouellette promet beaucoup d’humour et de jeux de mots dans un univers un peu surréaliste. Dillon Orr, à la mise en scène, promet beaucoup de bouffonneries et la déconstruction des conventions théâtrales.
«L’intention première était d’écrire un texte léger, humoristique qui fait réfléchir un peu sur ce qui se passe dans le monde en ce moment», décrit Michel Ouellette. Il avait aussi déjà en tête de créer une pièce qui pourrait être utilisée pour du théâtre communautaire. Ceci lui offre plus de liberté, comme un plus grand nombre de personnages sur scène.
Lorsque M. Orr est arrivé au TNO en 2020, le texte de Michel Ouellette l’attendait sur son bureau. Il avait une autre forme à l’époque, mais après échanges et laboratoires, le texte est devenu La terre est gronde.
Dans la pièce, un couple qui a faim attend la fin dans un chalet isolé sur une ile. Arrivent un couple, riches propriétaires de l’ile et un joueur de golf. Ils ont fui les crises économiques, environnementales et sanitaires. Plus tard, ils recevront la visite d’autres personnages bizarres qui creusent le mystère du trou…
Les pièces communautaires ont presque toujours été des comédies. Dillon Orr croit que cet aspect reste important. «Surtout pour un show avant Noël. Surtout par les temps qui courent. Pour programmer un show communautaire tragique, il faudrait qu’on soit en top santé, nous, les citoyens de Sudbury.»
Réappropriation communautaire
Le choix de Dillon Orr de se tourner vers un texte original était délibéré. «On est une compagnie qui défend un mandat franco-ontarien. On a une opportunité ici de se réapproprier ce mandat et de le twister comme on veut.»
Le texte est loin d’être un texte amateur. Dillon Orr voit la production d’une version communautaire comme une étape dans le développement du texte.
Comme dans des productions passées, plusieurs autres membres de la communauté sont mis à profit. Mentionnons entre autres Dan Bédard pour l’environnement sonore et la chorale Les Troubadours pour des voix et sons de l’environnement sonore.
Un auteur plus drôle qu’on pense
Les textes sérieux de Michel Ouellette sont les plus connus, mais ils sont loin d’être le seul style qu’il pratique. «Michel n’est pas connu pour son écriture humoristique, mais notre collaboration a un peu forcé ça», fait remarquer Dillon Orr.
«Il y a toujours eu des pièces plus drôles, mais on dirait que les compagnies de théâtre sont plus intéressées aux textes sérieux que les plus légers», dit le principal intéressé. Ceci a aussi eu l’effet de lui donner l’étiquette de dramaturge sérieux. Il espère donc que ce texte aidera à faire connaitre son côté plus léger.
La production mettra en relief la dramaturgie précise, la «logique scientifique» de Michel Ouellette à l’esthétique scénique très déjantée de Dillon Orr. «Je joue énormément sur le gros et le bouffon. Ensemble, on a vu que ça donnait un mélange le fun», dit le metteur en scène.
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Réfléchir au théâtre
Pour Dillon Orr, le texte met de l’avant «un grand commentaire sur la pertinence du théâtre». Il veut évidemment défendre que le fait de se raconter des histoires à travers le théâtre reste un exercice utile et essentiel pour une société.
«Il y a une grande volonté de toute l’équipe de remettre le théâtre en avant pour que la salle au complet puisse y réfléchir», dit-il.
Le décor restera relativement minimaliste. Il sera surtout décrit par Michel Ouellette en voix hors champ. «Par exemple, il décrit un grand chalet luxueux. Finalement, ce qu’il y aura sur scène, ce sera une petite maison en carton où ce sera écrit : “Chalet luxueux”.» Ce sera le cas pour d’autres éléments du décor, qui seront plus mentionnés que montré.
Le décor réduit permet de faire davantage attention au message et de réfléchir sur ce qu’on est en train de consommer comme art, dit Dillon Orr.
Retour au sources
Même s’il est connu pour ses textes de pièces de théâtre qui ont remporté des prix prestigieux, Michel Ouellette est toujours resté proche du théâtre communautaire. Il a écrit des pièces pour des écoles secondaires de Sudbury et d’Ottawa au fil des ans.
Lorsqu’il écrit ce genre de pièce, certaines barrières tombent. Il devient possible, par exemple, d’avoir plus de comédiens sur scène, de jouer avec certaines thématiques et de jouer davantage avec la langue. Les comédies sont aussi plus associées au théâtre communautaire.
La première collaboration de M. Ouellette avec le TNO remonte à la fin des années 1980 avec la pièce Les ordres du jour. Il en était à ses tous débuts en écriture et était auteur en résidence au théâtre de Sudbury. La mise en lecture de son texte à Ottawa a été son «premier contact avec le milieu professionnel et ma première pièce écrite de façon professionnelle, dans le sens où c’est la première fois que je prenais ça au sérieux», lance-t-il en riant.
La pièce communautaire de la saison 2023-2024 du TNO sera présentée à quatre reprises du 14 au 16 décembre. Pour réserver vos places, visitez https://letno.ca/.