le Mercredi 13 novembre 2024
le Mardi 30 janvier 2024 16:49 Arts et culture

Une écriture intimiste sous l’œil du public

Caroline Raynaud, Mariana Lafrance et France Huot — Photo : Courtoisie et Archives
Caroline Raynaud, Mariana Lafrance et France Huot
Photo : Courtoisie et Archives
Grand Sudbury — Trois artistes d’horizons divers — Caroline Raynaud, Mariana Lafrance et France Huot* — ont décidé de partager avec le public des textes intimistes, qui ont pour point commun des thèmes féministes. Ce nouveau concept, mis en place par le Théâtre du Nouvel-Ontario, s’appelle le Cabaret de la Cellule d’écritures. La présentation de la première saison aura lieu les 2 et 3 février à la Place des Arts du Grand Sudbury.
Une écriture intimiste sous l’œil du public
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Caroline Raynaud est une actrice française qui s’est installée au Canada il y a quatre ans. Très jeune, elle noircissait des journaux intimes. Mais ces carnets sont restés dans des tiroirs, puis se sont retrouvés dans des boites. L’actrice, qui a partagé l’écran avec Marion Cotillard dans La vie en Rose, se suffisait, jusqu’à il y a deux années, du rôle d’interprète. 

Devenue maman, un besoin de création, d’aller plus loin s’est fait sentir. Les petits mots couchés sur du papier et enfouis depuis lors dans l’Inconscient de l’enfance sont remontés à la surface. 

«Je me suis rendue compte que j’avais beaucoup d’opinions, beaucoup de choses à dire. Qu’il y avait des choses que j’avais aussi envie de sortir de moi. Le projet d’écriture a pour point de départ mon histoire personnelle. Je m’en sers comme base pour pouvoir exprimer ce qui me tient à cœur et ensuite emmener le spectateur dans une aventure…» 

Téton tardif 

Son texte a pour titre Téton tardif et le personnage créé par Caroline Raynaud est en quête des seins, d’une poitrine qu’il n’a pas. Un élément qui devient une obsession pour lui, avec ce que la télévision, les revues et la société véhiculent et imposent comme modèles de féminité.  

Entamé il y a deux années, le projet d’écriture a pris plutôt son envol il y a un an, lorsque Caroline Raynaud a rejoint la cellule d’écriture, où elle bénéficie du soutien et de l’encadrement du Théâtre du Nouvel-Ontario (TNO. 

«Le fait de savoir que le texte sera mis en scène m’encourage à mettre les bouchées doubles. Je suis curieuse de voir quel va être le premier retour du public», dit-elle. 

Pour la directrice artistique du TNO, Marie-Pierre Proulx, c’est là «une façon de créer une rencontre entre le public et les artistes».

Elle élabore : «Souvent, nous assistons aux spectacles, mais sans forcément avoir une idée du processus d’accomplissement, des heures et des heures de travail qu’il y a derrière. C’est donc une occasion aussi pour le public de venir découvrir un projet  en chantier et assister à son développement». 

Entre le caillot menstruel et la quête du sombre 

La deuxième autrice est France Huot. Elle est diplômée de l’Université Laurentienne en Arts d’expression. Appelé Ragtime Gal, son projet d’écriture théâtrale comico-clownesque «met en lumière les tensions entre le burn-out et les menstruations par l’entremise d’un duo : Gisèle, une gestionnaire en burn-out, et Janine, son caillot menstruel, qui ne la quitte jamais», selon les informations du TNO.

Le troisième projet d’écriture est mené par l’artiste interdisciplinaire Mariana Lafrance. De la photographie aux textiles en passant par une murale, l’artiste, qui se définit comme Franco-Ontarienne rurale ayant grandi depuis son enfance en territoire Anichinabé, développe un texte qui a pour nom La quête du sombre

«J’ai été sans le vouloir, plusieurs printemps passés, témoin de la mort d’une chauvesouris. Ça s’est passé sur la galerie de la cabane champêtre qui m’avait hébergée tout au long de l’hiver, lors des débuts de mon rétablissement d’un burn-out subi dans les bureaux d’un musée d’histoire naturelle…», souligne-t-elle sur le site web du TNO. 

Ce dernier évoque «un récit allégorique sur la soif pour un deuil partagé et moins lourd… un deuil pour l’érosion de la sensualité et sensibilité humaine en lien avec le monde naturel». 

Marie-Pierre Proux fait savoir qu’après les séances de lecture des 2 et  3 février, le TNO souhaite solliciter le retour d’un conseiller dramaturgique notamment, pour voir quelles seront les prochaines étapes à suivre pour les trois projets. 

«Peut-être qu’à la fin de cette année, il y aura une première lecture complète. Ou peut-être qu’il y aura d’autres étapes de développement à imaginer. Ce sera une formule sur mesure selon les besoins de chaque projet», souligne-t-elle. 

Contrairement aux autres présentations du TNO, le Cabaret de la Cellule d’écritures sera présenté dans le Studio Desjardins. Les deux présentations seront suivies d’une discussion avec les artistes. Pour vous procurer vos billets, visitez http://letno.ca.

* France Huot et Mariana Lafrance n’étaient pas disponibles pour des entrevues, dans les délais imposés par le bouclage du journal de cette semaine.